Dans un contexte difficile, Hend Chaouch, l'une des pionnières des sports mécaniques en Tunisie, sera sur la ligne de départ Hend Chaouch est depuis quelque seize ans sur les pistes du Rallye de Tunisie. Un rallye en souffrance depuis quelques années, bien que ce sport ait vu défiler des champions, tels que feu Latif Chedly, Hatem Achour et Alexis Sanzo. Lors de sa conférence de presse, relative à sa participation à cette trentième édition, elle a affirmé que, depuis toujours, il y a des difficultés financières, encore plus cette année. «Ça n'a pas été évident de trouver des sponsors vu la situation que vit notre pays», souligne-t-elle. «C'est pour ça que je remercie tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à ce que je sois présente, même en me fournissant des biens en nature seulement. Il faut dire que les pilotes tunisiens se débrouillent au petit bonheur la chance pour parvenir à joindre les deux bouts! A titre d'exemple, j'ai un sponsor (Toyota) qui fournit les pièces de rechange de ma Toyota HDJ 80. Il me manque tout de même des pièces, à l'instar d'un turbo que je cherche depuis quatre ans et qui coûte la bagatelle de 7 mille dinars ! Franchement, sur le plan de la compétition, nous n'avons pas les moyens des compétiteurs européens qui ont des écuries derrière eux… C'est bien beau de vouloir se classer dans le groupe de tête mais sans les moyens d'y parvenir, c'est quasi impossible. C'est loin d'être raisonnable d'aller se battre contre le buggy de Schlesser, qui a 450 cv sous le capot et qui pèse à peine une tonne, alors que ma voiture pèse deux tonnes et demie. Notre objectif cette année est de montrer que la Tunisie va bien. Je lance un appel à tous les Tunisiens pour assurer un bon déroulement de cette manifestation, ce qui peut rejaillir sur notre tourisme», enchaîne Hend. Hend Chaouch a aussi tenu à remercier Stéphane Clair, l'organisateur, qui, selon elle, a fourni un effort exceptionnel cette année, en dépit des difficultés financières. En effet, il a permis à tous les Tunisiens, en autos et en motos, de participer gratuitement, sans payer les frais d'inscription. «C'est un geste de solidarité pour que les Tunisiens soient présents et je pense que ça a donné ses fruits. Aussi, je rends hommage à tous ceux qui ont rendu le rallye Oilybia de Tunisie possible. Aujourd'hui, plus qu'hier. Je cite les militaires, la garde nationale, la police et la douane tunisiennes. Ils contribuent depuis des dizaines d'années au bon déroulement de l'épreuve, notamment en matière de sécurité et facilitent les tâches administratives pour les organisateurs avec l'aide, bien sûr, du National Automobile Club et la fédération tunisienne de moto». Pour une fédération des sports mécaniques Volet organisation, Hend Chaouach propose qu'on révise un peu plus les accréditations, les conditions des concurrents tunisiens ainsi que certains détails concernant le travail des médias tunisiens sur le rallye. «Il y a plein de choses à revoir mais il faut le faire de manière civilisée et cartésienne après le déroulement des rallyes. Je crois que l'organisateur a fait des efforts cette année. Il ne faut pas trop lui en vouloir. Tout le monde a été pris au dépourvu et repenser le rallye sera fait incessamment. C'est tout un système à revoir. En effet, les sports individuels, les sports féminins, les handisports et autres disciplines sont encore à la traîne par rapport aux sports collectifs, tels que le football et le handball. Il faut que ça change puisque toutes les médailles glanées (lors des compétitions internationales) ont été remportées par les sports individuels. Les sports mécaniques sont une grande vitrine médiatique. Organiser plusieurs rallyes pourra impulser la roue économique du pays. Il faut croire en ce sport. Il faut créer une fédération et aider les sportifs de cette discipline», remarque Hend. D'ailleurs, concernant l'éventuelle constitution d'une fédération des sports mécaniques en Tunisie, Chaouch affirme qu'aucune réponse n'a été donnée suite à une demande déposée depuis quelque temps par six clubs… Par ailleurs et lors de la dernière période, le côté sécuritaire a été tant de fois évoqué par les magazines spécialisés dans les sports mécaniques ainsi que par les blogs des amateurs, dont un bon nombre avait quitté le rallye de Tunisie à cause des règlementations strictes de la FIA. Plusieurs désistements ont été enregistrés lors des derniers mois, ce qui a réduit le nombre des participants à cette trentième édition. «Il y a des gens qui parlent des problèmes sur les routes dont celles de Gafsa et de Ben Guerdane. Le côté sécuritaire a ainsi été évoqué. Certaines personnes ont eu peur. Mais moi je dis que pour soutenir notre révolution, il faut être courageux. Il ne faut pas oublier que plusieurs Tunisiens du sud vivent directement ou indirectement du tourisme saharien», ajoute Hend Chaouch.Par ailleurs, le copilote de Hend Chaouch, Ghassen Chaâri, affirme que le parcours est très sablonneux, surtout lors des trois premières journées. «On a su remplacer l'étape d'El Borma par une boucle dans la région de Ksar Ghilane», affirme-t-il. Pour ajouter : «Je connais le désert tunisien de par les raids que je fais depuis des années. Les endroits par lesquels nous allons passer ne me sont pas inconnus, ce qui nous aidera à ne pas nous perdre. D'autant plus que les voitures rapides ne vont pas pouvoir s'exprimer à fond dans les premières étapes. Nous allons devoir prendre de l'avance pour pouvoir gérer le reste de la course». Ghassen reste optimiste quant au bon déroulement du rallye et des conditions de sécurité. Bonne chance à nos équipages tunisiens.