S'interroger sur la qualité de l'enseignement supérieur dans les universités tunisiennes suppose un volet d'investigation et de recherche qui puise son origine en l'enseignant. Ce dernier joue un rôle très important dans la détermination de réalités parfois complexes sur la vision que l'on peut avoir sur la qualité. Plusieurs définitions ont été attribuées à la notion de la qualité et même s'il y a quelques divergences sur certaines spécificités, toutes mettent en évidence le rôle primordial de l'usager ou le client qui, lui, présente l'axe autour duquel tourne l'appréciation de la qualité. Dans ce contexte, il est difficile d'allier qualité et enseignement et ceci revient à plusieurs constatations pour le moins troublantes et à un phénomène de dégradation qui touche l'enseignement dans la plupart des universités en Tunisie. En effet, nos universités et surtout la plupart de nos étudiants vivent un problème majeur, celui de l'incompétence de certains enseignants… Il est même devenu courant d'avoir à faire à un enseignant incapable de s'exprimer en français sachant que c'est la langue avec laquelle il est supposé exposer son cours; un enseignant qui ne maîtrise pas le contenu de sa matière et n'a pas de démarche pédagogique; un enseignant incapable d'expliquer son cours et se contente de le dicter de façon machinale; un enseignant incapable de répondre aux questions de ses étudiants. Et les exemples ne manquent pas à ce sujet. Tout cela ne laisse certainement pas indifférents plusieurs acteurs dans le domaine de l'enseignement supérieur qui connaissent pertinemment ces défaillances mais malheureusement ne font rien pour les corriger et c'est là où naît le paradoxe de la qualité de l'enseignement supérieur. Cette problématique s'enracine surtout dans les mentalités qui, dans la plupart des cas, ne maîtrisent pas parfaitement la notion de la performance et privilégient plutôt la quantité au détriment de la qualité. Malheureusement, en Tunisie, ce phénomène se propage de manière inquiétante et envahit plusieurs universités avec le nombre d'enseignants qui ne cesse d'augmenter chaque année sans qu'il y ait en amont une bonne formation et une bonne base pédagogique pour l'exercice de cette profession. Cette situation alarmante a causé l'appauvrissement du niveau de la formation des enseignants et des étudiants dans plusieurs organisations institutionnelles tunisiennes. En effet, avec l'absence de toute mesure d'évaluation et de contrôle des enseignants, il est tout à fait légitime d'arriver à ce stade d'insouciance de la qualité par les enseignants voire par les étudiants. Attribuer un poste d'enseignant sur la base d'un concours sur dossier ou un entretien de quelques minutes et donner le caractère «intouchable» aux enseignants est une démarche à critiquer voire à accuser car la règle fait qu'on est tous à la recherche de la qualité dans toutes les spécialités et le domaine de l'enseignement supérieur ne doit en aucun cas faire exception à ce principe et par voie de conséquence, il est très urgent de réviser ces critères de sélection et de recrutement sans oublier le contrôle continu. Donc parler de la qualité de l'enseignement supérieur implique obligatoirement la mise en place d'un système de contrôle et d'évaluation qui aura pour but de détecter et de remédier à ces déficiences qui prennent de plus en plus de l'ampleur ces derniers temps. En d'autres termes, ce système de suivi et de surveillance va permettre de dégager des problèmes que rencontrent certains enseignants et qui se résument en deux catégories: soit le manque de connaissances et dans ce cas il faut leur organiser des formations pour renforcer leurs connaissances en la matière ou bien la démotivation, et là on peut recenser plusieurs facteurs de démotivation chez quelques enseignants qui sont en réalité très performants et ont un très bon niveau intellectuel mais qui sont devenus démobilisés au fil du temps.