«L'art est une maîtrise de la douleur par la beauté», a-t-on dit un jour. A Dhehiba, ce coin doux où il faisait bon vivre il n'y a pas longtemps, l'agitation et la terreur gagnent du terrain sur le calme et la paix. Là-bas, les hommes sombrent dans la panade. Mais ils ne sont pas livrés à eux-mêmes. Le message est venu hier de l'Acropolium de Carthage qui a abrité le concert «Hiba à Dhehiba», musique de M. Jalloul Ayed, ministre des Finances et talentueux mélomane, jouée par le pianiste Belguentech Gueldyev, à l'occasion de la Journée mondiale du Croissant-Rouge et de la Croix-Rouge. En présence de M. Ezzedine Bach Chaouech, ministre de la Culture, et de certaines figures du monde de la culture, le concert a démarré vers 18h00. Pendant une heure, le pianiste a interprété plusieurs morceaux composés par le ministre mélomane, ou encore le compositeur de «Hannibal barca» et de «Mogador», invitant le public à un voyage hors pair. Un voyage où l'on se rend compte que la musique pourrait, à bien des égards, servir des causes humanitaires, dénoncer toutes formes de misanthropie et appeler à la philanthropie. Manifestement impressionné par la sensibilité artistique du compositeur et l'adresse du pianiste, le public a versé dans un silence fort révélateur de sens. C'est que les morceaux choisis ont épousé la douleur de tant d'hommes pour susciter la compassion et la solidarité de ceux qui sont sensibles au malheur d'autrui. Maniant à merveille son instrument, le pianiste n'a pas omis d'allier la délicatesse du geste à la finesse des mélodies, pour donner à voir un spectacle où seule la musique peut dire tout sur tout. Des moments où l'âme humaine s'élève aux grandes choses et se penche sur tant de causes. Force est de constater par ailleurs que les revenus de ce récital de piano seront offerts aux habitants de Dhehiba dans le cadre d'une aide et d'un soutien spontanés. Une initiative aussi significative que salutaire de la part d'un ministre mélomane alliant deux passions, la musique et la finance, dont la première inspire sa façon de gérer la seconde.