Le bureau exécutif de l'Association des magistrats tunisiens (AMT) a appelé le gouvernement provisoire à suspendre les procédures visant à lever l'immunité judiciaire du juge Farhat Rajhi et à revenir sur son intention de le poursuivre pénalement, l'objectif étant d'éviter la dégradation de la situation judiciaire et de la conjoncture générale dans le pays. Dans un communiqué rendu public, hier, l'AMT fait part de son soutien à Farhat Rajhi et regrette le démenti donné par le Premier ministre du gouvernement provisoire au sujet des déclarations du juge concernant des questions politiques qui, estime-t-il, «n'expliquent aucunement les qualificatifs les plus sordides qu'il lui a adressés et les actes qui lui ont été imputés, actes qui compromettent son honneur, son prestige et sa dignité en tant que juge». D'autre part, le bureau exécutif se dit étonné de «l'empressement du gouvernement provisoire à poursuivre ce juge contre une lenteur des procédures de jugement des criminels de l'ancien régime et des symboles de la corruption». A cet égard, il met en garde contre les conséquences de l'implication de la magistrature dans des différends liés à la liberté d'expression. Par ailleurs, il souligne que la réunion du Conseil supérieur de la magistrature dans sa composition post- révolutionnaire «n'a aucune légitimité vu sa dissolution» et plus particulièrement après l'annulation partielle des élections de ce conseil par le tribunal administratif. «Le déficit de légitimité annule toutes les garanties nécessaires pour la levée de l'immunité judiciaire», estime-t-il. Selon le même communiqué, le bureau exécutif de l'AMT a rencontré, hier matin, de hauts responsables judiciaires pour leur expliquer la position de l'Association envers les procédures engagées contre Farhat Rajhi, alors que des membres du bureau administratif ont transmis cette position à leurs confrères qui ont été convoqués à la réunion du Conseil supérieur de la magistrature qui a eu lieu hier après-midi.