Le Mouvement réformiste tunisien (MRT), que préside M. Omar S'habou, ancien directeur du célèbre magazine politique Le Maghreb, a organisé hier à El Teatro à Tunis sa première conférence de presse. Dans un dépliant distribué à l'entrée de la salle, il est loisible de prendre connaissance du sigle de ce parti qui vient d'être légalisé, il y a deux semaines à peine, des grandes lignes de sa plateforme politique et de la composition de son bureau fondateur de 22 membres, dont neuf dames, dont les photos en couleur apparaissent en page de couverture. M. Omar S'habou, qui s'est exprimé au nom de tous les fondateurs, a mis en exergue la philosophie qui sous-tend ce parti centriste qui «entend prolonger l'action du mouvement réformiste historique tunisien», de Kheïreddine à Tahar Haddad, puis Farhat Hached et Habib Bourguiba. Le président du MRT a expliqué à l'assistance et aux journalistes, qu'au yeux de son parti, le président Bourguiba qui a, le premier, réussi à mettre en application les principes et les valeurs du réformisme, a toutefois tourné le dos aux impératifs de démocratisation du pays, préférant le pouvoir personnel. Le MRT entend ainsi contribuer à réhabiliter la pensée bourguibienne et à poursuivre l'œuvre réformatrice moderniste en la couronnant en une démocratie républicaine rayonnante qui sache renouer avec le projet initial du Mouvement national tunisien sous la conduite du Néo-Destour et le triomphe de la souveraineté populaire. S'agissant des choix économiques, M. S'habou a indiqué que le MRT considère l'économie de marché et la libre entreprise comme le modèle le plus performant au niveau des résultats, à la condition qu'il s'en tienne à de strictes conditions de moralité, de régularité et d'équité qui sachent donner à chaque Tunisien ses chances et qui s'appliquent à garantir un développement harmonieux de l'ensemble du pays et une accélération rapide de la croissance dans les régions défavorisées, à même de réduire substantiellement le chômage et de favoriser l'épanouissement et la qualité de la vie dans chaque ville et village de l'intérieur. A propos de la question des rapports de la politique et de la religion, le MRT refuse tout débat sur la laïcité qu'il considère comme un concept importé qui n'a aucun droit de cité dans notre pays. Le mouvement se prononce, en la matière, pour un Etat civil qui protège l'Islam et garantit la liberté de conscience et de culte à tous les citoyens, dans une neutralité active conforme à l'Islam dans sa lettre et à l'Islam tunisien dans sa praxis séculaire. Interrogé sur la question de la date du 24 juillet comme rendez-vous pour élire les membres de l'Assemblée constituante, M. Omar S'habou a expliqué que plusieurs tâches encore non accomplies sur la voie du respect de cette échéance donnent à penser qu'il sera peut-être difficile d'être parfaitement prêt à cette date. C'est ainsi que des centaines de milliers de citoyens n'ont pas de cartes d'identité, que la mise en place des bureaux de vote et l'organisation matérielle des élections exigent beaucoup de temps et d'énergie… Bef, le MRT se dit prêt à agir dans le sens du respect de ce rendez-vous historique s'il se confirme comme pouvant être assuré dans les faits. Car il s'agit là d'agir conformément à l'intérêt national. Enfin, le MRT salue la prise de conscience populaire qui a su renverser un régime despotique et notamment celle des jeunes qui ont pris une part active, à travers Facebook, à la révolution de la liberté et de la dignité.