Nous ne sommes pas encore en fin de saison, mais bon nombre de nos équipes détiennent un triste record: celui des changements d'entraîneurs. Il y a même ceux qui affichent un rythme difficilement égalable; et qui tourne autour d'un entraîneur tous les quatre matches. Il y a certes des contraintes et des problèmes spécifiques que seuls les dirigeants connaissent et il est de leurs attributions et prérogatives d'intervenir à chaque fois qu'ils sentent que le groupe est mal pris en main ou encadré. Le football, la pratique sportive d'une façon générale, est une activité qui est loin d'être gérée par le seul empirisme des uns et des autres. Dans une préparation, il y a des cycles, des périodes de forme, de stabilisation de cette forme, de récupération des passages à vide que l'on calcule, aussi bien pour chaque membre de l'équipe que pour tout l'effectif, et que l'on essaie de prévenir par un travail approprié. Ces "courbes", sans cesse perturbées par les trêves et les arrêts de la compétition, sont scientifiquement prouvées et traitées. C'est la raison pour laquelle le préparateur physique, base de tout travail réellement scientifique, est devenu une personne incontournable. On ne trouve jamais des équipes en superforme tout au long de l'année. Le seul moyen de s'en tirer avec le moins de dégâts possible est bien de disposer d'un effectif homogène, à l'effet d'y puiser sans trop toucher au rendement collectif de l'ensemble. En effet, comme chaque joueur est un cas, et que les périodes de forme varient en fonction du travail spécifique individuel puis collectif, de la manière dont chaque joueur encaisse la charge de travail, du comportement de chaque élément de l'équipe en dehors du terrain, de son hygiène de vie et de son sérieux, il devient difficile de coordonner toutes ces données. On sait par exemple que si certains joueurs ne sont pas "séquestrés" à temps dans un hôtel bien sous la surveillance de leur entraîneur, il n'y a rien à en tirer. Ne parlons pas de ces comportement repréhensibles que l'on ne sanctionne pas par crainte des repercussions diverses et qui sont du ressort du manque de professionnalisme des joueurs. Presque, sinon tous les techniciens actuellement en service ont été formés dans les écoles de cadres tunisiens ou étrangers et savent donc ce qu'est un travail de fond, une courbe de forme. Il est évident que ces considérations ne signifient rien pour le commun des mortels. De cette absence de communication, seule l'équipe en pâtit. Les changements fréquents bloquent toute évolution régulière et normale. S'engager à œuvrer dans la continuité, l'annoncer publiquement et l'expliquer en toute franchise aux supporters favoriserait l'ambiance et permettra à tout le staff de travailler en toute quiétude.