Le 18 mai de chaque année, la Tunisie célèbre, au même titre que les pays du monde, la Journée internationale des musées. Cette journée doit ponctuer un effort continu afin que les musées aient la place qu'ils méritent dans la vie sociale, culturelle et touristique du pays. Nul ne doute de leur rôle dans la sauvegarde de la mémoire et la préservation de l'identité. Dans ce cadre, le musée du Bardo vit, depuis le printemps 2009, au rythme d'un grand projet de rénovation, en voie d'achèvement. Conçu par les architectes muséographes Pierre-François Codou et Frank Hindley, ce projet a permis de doubler la surface muséale avec un total de 23.000 m2. Il donne surtout à l'ancienne demeure des Beys une allure contemporaine et des critères qui n'ont rien à envier aux plus importants musées du monde. L'ouverture des nouveaux espaces du musée est annoncée pour fin 2011 et le lieu vaut largement le détour. La visite organisée sur place, par le ministre de la Culture, le 18 mai, a permis de constater l'avancement des travaux. A cette occasion, M. Azedine Beshaouech, ministre de la Culture, a donné un discours dans lequel il a insisté sur l'importance du patrimoine qui se trouve menacé et qu'il faut préserver du pillage et de la dégradation. Le gouvernement transitoire actuel a d'ailleurs annulé, en mars dernier, les nombreuses autorisations de construction sur des sites archéologiques, notamment à Carthage, classée pourtant patrimoine mondial par l'Unesco. Des représentants de cette institution étaient présents au musée du Bardo mercredi dernier, en plus de ceux de l'Alesco, du Comité tunisien des musées (Icom) et du Comité tunisien des sites et des momuments (Icomos). Fut également convié à cette cérémonie, M. Taïeb Baccouche, ministre de l'Education au sein du gouvernement de transition et président du Comité culturel national. Il a annoncé le lancement, dès que l'état sécuritaire du pays l'aura permis, d'un projet de visite des élèves aux musées du pays, des visites qui feront désormais partie du programme annuel. Avant de quitter le musée du Bardo, M. Azedine Beshaouech a annoncé la création de l'association internationale des amis du Bardo, à la tête de laquelle à été nommé le banquier et mécène d'origine tunisienne, Christian Giacomotto. La visite du musée national du Bardo fait, quant à elle, partie de tout un programme à l'occasion de la Journée internationale des musées, célébrée, rappelons-le, le 18 mai de chaque année. Tout au long de la journée, une conférence sur le thème «Trafic illicite des biens culturels en Tunisie: identification et lutte» a eu lieu dans un hôtel de la place, à Tunis, en présence de spécialistes en la matière. Dans la matinée de la même journée, la ville de Sfax, plus particulièrement sa Médina, a reçu la visite du ministre de la Culture afin de faire un état des lieux et de sensibiliser à la situation de ce grand monument qui ne figure pas encore dans le patrimoine mondial. A voir le nombre des monuments qui y sont plantés, comme le musée Dar Jellouli, Foundok El Haddadine, la grande mosquée, le musée de la Kasbah et celui de la municipalité, il y a de quoi lancer le tourisme culturel dans la ville, qu'il soit intérieur ou extérieur. Seulement, les institutions de tutelle de la région, comme l'Institut du patrimoine et l'Association de sauvegarde de la Médina sont en manque de moyens, en plus de la précarité des postes de leurs employés. La beauté des ruelles de la Médina est altérée par l'étal anarchique et le manque d'entretien. Des efforts sont tout de même fournis pour sauver l'âme et le squelette de la Médina. Un projet de rénovation a permis de rendre à Foundok El Haddadine, un ancien relais pour les caravanes, exploité ensuite par les forgerons, son allure d'antan. L'association qui a financé le projet a tout de même imposé que le lieu ne soit pas exploité à des fins lucratives. D'où l'idée de le transformer en maison des associations culturelles. Cette idée, et beaucoup d'autres, ont été proposées à M. Azedine Beshaouech pendant la journée d'avant, qu'il a consacrée à une rencontre avec les gens de la culture de Sfax, intitulée «Réalité et perspectives de l'activité culturelle dans le gouvernorat de Sfax», en présence de Mme Lilia Labidi, ministre des Affaires de la femme dans le gouvernement provisoire. La ville de Sfax est associée dans les esprits à un endroit prosère. Ce n'est pas l'impression qu'en donnent les intervenants. Ces derniers n'ont pas mâché leurs mots en revendiquant plus d'intérêt à la région, qui a une longue histoire dans le domaine culturel. Le festival international de Sfax aurait besoin de plus de moyens et d'un soutien plus accru de la part du ministère de la Culture. Outre le manque de moyens, les villes de l'intérieur de Sfax souffrent du manque d'espaces culturels aménagés. D'où la proposition d'exploiter, entre autres, les anciens locaux du RCD. La décentralisation de la culture et des événements culturels a été maintes fois citée. Les présents ont sollicité le ministre pour œuvrer à l'assainissement de l'administration des figures de l'ancien régime. Sans oublier le problème du chômage. L'un des intervenants a proposé d'y remédier en employant des jeunes diplômés pour l'entretien des musées et sites archéologiques. Cette rencontre a été l'occasion d'une prise de parole apparemment tant attendue par les artistes et intellectuels sfaxiens. Une prise de parole qui n'a pu échapper à un manque d'organisation, marquée de surcroît par beaucoup de revendications très personnelles. Mais c'est sans doute un phénomène compréhensible, quand on sait que la parole a été, à Sfax comme ailleurs, longtemps interdite.