Par Dr Hichem Ben Nasr MOATEMRI J'ai peur que les contestations incessantes, les revendications violentes, les grèves, les sit-in, le désordre et l'indiscipline empêchent le processus de la construction et nous fassent perdre encore des postes de travail au lieu d'en créer. J'ai peur que l'ordre et la sécurité ne se rétablissent pas rapidement et aient des effets néfastes sur l'économie, en particulier le tourisme et les investissements étrangers. J'ai peur du fait que l'attention de l'armée nationale ne soit pas exclusivement fixée sur les frontières et les dangers extérieurs et que les agents de la sûreté nationale n'acquièrent pas la confiance du citoyen en assumant leur nouveau rôle de le protéger. J'ai peur que les partis favorisent leurs intérêts étroits au profit de celui suprême de la nation, que les élections ne soient pas libres et transparentes et n'assurent pas la transition démocratique. J'ai peur de la montée de l'extrémisme, de l'obscurantisme et de l'infiltration des terroristes dans notre pays et de l'éclosion de nouveaux opportunistes, milices et mafieux. J'ai peur que la corruption s'éternise et la dictature change de camp. J'ai peur que la révolution n'aboutisse pas à ses objectifs. J'ai peur que le train de la révolution déraille. Toutefois, ma confiance dans le peuple tunisien, qui a étonné le monde, me rassure et me persuade: — Qu'il ne se laissera pas faire et saura rebondir au bon moment — Et que n'ayant pas fêté la révolution, nous fêterons inchallah ses acquis Mais j'ai peur de continuer à avoir peur.