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Pour une commission nationale pour l'emploi
Appel à Monsieur le ministre du Travail
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 03 - 2011

Nul ne doutait qu'au nom de la sécurité, le régime de Ben Ali avait réussi à instaurer un climat de peur et de suspicion généralisé . On avait le sentiment qu'une crise de confiance régnait à tous les niveaux. Les rapports des citoyens entre eux ou avec les rouages de l'Etat étaient crispés, la peur était le maître mot. Le pouvoir faisait prévaloir la sécurité avant tout, sur tout et partout.
Nul ne contestait le fait que la sécurité est un élément important pour la stabilité politique et économique d'un pays, mais bien sûr avec la coexistence des autres fondamentaux de la République, tels que l'ordre, la liberté et la justice.
La suprématie de cette sécurité faisait penser à bon nombre de Tunisiens que ces trois composantes de l'emblème étaient presque devenues sécurité, sécurité, sécurité.
A peine notre peuple a-t-il commencé à savourer sa révolution et respirer l'air de sa liberté retrouvée, que plusieurs évènements déstabilisateurs et perturbateurs sont malheureusement survenus sur la scène publique : casses, incendies et pillages de biens publics et d'entreprises nationales et privées et ont réinstallé chez les citoyens ce sentiment de peur et de crainte pour leur avenir. Nous avons alors assisté à une pause de l'activité économique et de vacances forcées pour nos jeunes écoliers et universitaires. Le spectre d'une grave crise économique commençait à se dessiner et le grand fardeau du chômage commençait à peser très lourdement sur l'économie nationale.
Oui, le chômage, nous disait-on avant cette révolution, représentait environ 14% de la population active et 50% parmi les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur alors qu'on nous cachait de l'autre côté le grand nombre d'emplois perdus ces dernières années du fait de la crise économique et financière internationale.
Oui, si on ajoute aussi à tout cela la nouvelle arrivée rapide d'un autre chômage provoqué depuis le 14 janvier suite aux dommages subis par les entreprises saccagées, brûlées, pillées et vandalisées ou par celles qui ont cessé leur activité d'une manière provisoire ou définitive dans tous les secteurs : tourisme, industrie, commerce, etc. Si on ajoute aussi les dizaines de milliers des concitoyens fuyant la terreur du tyran libyen pour rentrer d'urgence au cher pays. Le compte de toute cette masse de chômeurs devient alors inimaginable, incroyable et grave, nous pouvons alors parler vraiment d'une inflation du chômage.
Monsieur le Ministre,
Ces concitoyens qui sont très proches de nous tous socialement, par la famille, l'amitié ou le voisinage, ou patriotiquement par le rouge de notre drapeau (le sang) et le blanc (la paix)ou même religieusement par son croissant et son étoile (tous des musulmans), il est donc inconcevable de ne pas nous atteler tous à combattre ensemble ce fléau social qui a très vite gagné du terrain pour devenir au fil du temps l'ennemi public numéro 1 de notre pays.
De ma position de père de famille, de chef d'entreprise ou de simple citoyen, j'ai observé avec beaucoup d'émotion et de tristesse comme tous les Tunisiens la paralysie de nos écoles, universités, administrations et surtout les dégâts économiques et financiers subis par nos entreprises à la suite de l'insécurité, de la gabegie, du vandalisme et toute sorte de pillage et d' incendies survenus juste après la chute de l'ancien régime.
Ce chaos a provoqué un sentiment de déception et de ralentissement, l'arrêt pur et simple de l'activité de certaines entreprises voire certaines administrations : un climat de peur et de non-travail généralisé!
Ces entreprises, faute d'activité normale et d'affaiblissement économique et financier, sont devenues en si peu de temps incapables d'honorer leurs engagements financiers, de produire, donc d'encaisser et ne pas pouvoir payer à leur tour leurs fournisseurs, car leurs clients, pour les mêmes causes, sont devenus, eux aussi, défaillants et personne n'est devenu en mesure de faire face ni aux charges d'exploitation, ni aux sociales, ni aux impôts et ni surtout aux salaires des employés.
Nous revoilà alors gagnés de nouveau par la peur du quotidien et de l'avenir parce que le spectre du chômage commençait à planer et agir sur le moral des citoyens. En économie, l'effet domino est malheureusement toujours de règle.
Monsieur le Ministre,
Il y a un mois, Monsieur le gouverneur de notre Banque centrale s'était montré rassurant en déclarant que le coût de la révolution n'était que de quelques milliards de dinars, donc supportable, par contre ses déclarations récentes de la semaine passée à propos de l'état actuel de l'économie nationale semblaient moins rassurantes et même préoccupantes et ne présagent pas apparemment d'un avenir à court terme meilleur. La situation pourrait donc s'aggraver si on n'agit pas rapidement pour contenir les dangers d'une crise, voire une récession économique touchant tous les secteurs, spécialement ceux du tourisme et l'industrie, et, à un degré moindre, le commerce et les services, etc.
Oui, nous partageons l'avis que les trous d'air politiques, postrévolutionnaires qui ont donné lieu à des turbulences économiques et sociales, ne permettaient pas ces dernières semaines le retour normal de la sécurité et du travail et ne plaidaient pas non plus pour un climat serein pour le gouvernement pour qu' il puisse traiter rapidement tous les dossiers urgents, expédier les affaires courantes et apporter toutes les solutions et mesures convenables pour toutes ces innombrables protestations et demandes sociales, économiques et politiques qui ont aussitôt explosé de manière organisée ou spontanée dès que le couvercle de la marmite bouillonnante sous l'ancien régime est levé depuis ce jour historique de la révolution du 14 janvier 2011.
Aujourd'hui, que cette zone de turbulence " espérons-le " est derrière nous, que les nuages et les brouillards provoqués par les derniers événements d'insécurité se sont " espérons-le aussi " dissipés, que la feuille de route politique commence à se dessiner clairement, que des élections de l'assemblée constituante aura lieu, qu'un nouveau gouvernement de transition et de consensus national est en train de se mettre sur pied, donc que le prestige et l'autorité de l'Etat sont de retour et que ses institutions vont fonctionner et permettre la remise en marche du pays, nous n'avons alors plus le droit, Monsieur le Ministre, de perdre du temps, pas un jour, pas une heure, pas une minute pour se remettre immédiatement aujourd'hui avant demain à travailler avec toutes les composantes de la société civile sur ce grand dossier épineux que l'on peut appeler sans équivoque, sans crainte l'inflation DU CHOMAGE.
Oui, pour ne pas dire qu'il y a péril en la demeure en la matière, il y a au moins urgence et le devoir national de tous les Tunisiens nous interpelle tous pour faire de ce dossier du chômage la priorité des priorités. A notre humble avis et à l'instar des commissions nationales mises en œuvre pour faire la lumière sur plusieurs sujets comme celle responsable des enquêtes sur la malversation et la corruption, une commission nationale pour l'emploi pourrait voir le jour, si la loi le permet ,afin d'étudier et décider rapidement des solutions de création du travail pour tous. Celle-ci pourrait se composer de plusieurs membres représentatifs de l'Etat, des organisations nationales et de plusieurs membres de la société civile comme par exemple :
* Des ministères : du Travail, des Affaires sociales, des Finances, de l'Industrie, du Commerce, de l'Agriculture
* Des organisations nationales : l'Utica, l'Ugtt, l'organisation de l'agriculture et de la pêche
* Du secteur bancaire et du marché financier
* Des gouverneurs et représentants régionaux
* Des universitaires, économistes, juristes et autres experts du travail
* Des hommes de terrain : agriculteurs, industriels, commerçants, prestataires de services, professions libérales, etc. pour ne pas oublier d'autres personnes d'expérience en la matière.
Lutter contre le chômage c'est aussi veiller au maintien des emplois existants par le soutien des entreprises et spécialement celles qui passent par des difficultés. Un consensus national doit se faire autour de nos entreprises de tous les secteurs pour les réhabiliter elles-mêmes ainsi que leurs dirigeants, les soutenir par tous les moyens possibles pour qu'elles puissent perdurer et créer davantage d'emplois.
A l'instar des pays émergents comme la Corée du Sud ou le Brésil par exemple, où la réussite économique et le progrès social ne sont un secret pour personne, nous tous Tunisiens : du gouvernement et de l'administration en passant par les banques jusqu'aux travailleurs, producteurs ou consommateurs, nous tous devons être unis autour de ce consensus qui est l'entreprise.
Les banques, en particulier pendant cette période exceptionnelle et difficile que traverse notre pays, sont appelées à jouer un rôle majeur pour soutenir nos PME. Elles doivent raccourcir les délais de traitement des dossiers, assouplir leurs conditions de financements et de garanties, accélérer la mise en place des crédits déjà accordés, les orienter beaucoup plus vers les secteurs productifs et créateurs de richesses et d'emplois plutôt que les accorder à des fins de consommation généralement de produits importés.
L'Etat doit coopérer avec ces banques pour les aider si possible à alléger les difficultés actuelles des entreprises ou en cours de l'être suite à la situation présente très difficile. Pourquoi ne pas faire des réductions, voire des abandons des intérêts de retard et conventionnels que ces entreprises ont supportés ou susceptibles de supporter, ce qui leur permettrait l'allégement de leur trésorerie et une réactivité plus facile avec moins de charges possibles et de meilleures conditions de production et d'embauche.
En coopérant avec les banques, l'Etat pourrait prendre part à l'initiative d'aider ces banques à renoncer à une partie des créances classées et provisionnées, cela leur permettra aussi de sauvegarder leurs emplois et se repositionner avec le moins de charges possibles.
De même, une amnistie fiscale pourrait décrisper les esprits et remonter le moral des entrepreneurs pour relancer l'investissement national. Améliorer aussi les incitations à l'adresse des investissements directs étrangers sont autant de décisions à entreprendre pour créer encore plus d'emplois. La démocratie qui va régner dans notre pays sera le meilleur gage et rendra certainement le climat des affaires plus clair, plus transparent et donc plus incitatif.
Parler de révolution c'est parler de la fin d'un régime, d'une situation révolue, c'est tourner une page de l'histoire, c'est un passage d'une dictature vers une démocratie synonyme de liberté, de citoyenneté et de responsabilité. Donc, la nouvelle ère qui s'ouvre ne peut s'épanouir que dans un esprit de concorde nationale. Notre gouvernement a commencé par une amnistie politique, pourquoi pas une amnistie économique comme celle par exemple qui pourrait être accordée au profit des condamnés du délit d'émission de chèques sans provisions ou des infractions douanières ou autres pénalités de ce genre. Cela permettra à bon nombre de personnes de recouvrer leurs droits pour reprendre leurs affaires et rebondir et pourquoi pas créer de l'emploi, ils pourront alors s'acquitter de leurs dettes civilement et non pénalement car il y va de l'intérêt de tous. Nous pensons à ceux qui ont quitté le pays pour échapper à la peine et qui pourront rentrer sans risque de Libye par la force des choses. Le chèque impayé n'est plus aujourd'hui du ressort du pénal dans la plupart des pays de nos partenaires économiques.
Monsieur le Ministre,
Si aujourd'hui notre peuple a gagné la révolution, il doit se débarrasser de la peur et l'Etat doit l'aider en veillant sur sa sécurité pour lui permettre la paix et le pain, c'est-à-dire sa sécurité et son travail, c'est un minimum suffisant à cette étape de la révolution.
Restons unis et confiants, notre pays est riche par la compétence de son capital humain. Il a réussi à entrer par l'intelligence de sa jeunesse dès le 14 janvier 2011 dans l'histoire universelle par cette glorieuse révolution de la dignité qui a ébloui tout le monde et est devenue rapidement un exemple et un modèle à suivre par tant de pays en passant des peuples du monde arabe pour aller faire sentir aujourd'hui aussi bien aux Chinois qu' aux Coréens du Nord, paraît-il, l'odeur du jasmin pour lequel nous autres Tunisiens lui avons préféré plutôt le nom de la dignité pour l'attacher définitivement à notre révolution.
Bon vent à cette révolution, bonne chance à notre peuple. Vive notre Tunisie libre.
Que Dieu bénisse et accorde Sa Miséricorde à tous les martyrs qui ont payé de leur sang cette glorieuse révolution.


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