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Les Etats-Unis face au défi du printemps arabe
La lettre du jeudi
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 05 - 2011


Par Pr Khalifa Chater
La communauté internationale a été appelée à prendre acte de la nouvelle donne que représente le printemps arabe, initié par la révolution de Tunisie et dont les effets du choc se poursuivent et se développent. Un vrai événement-repère qui annonce l'entrée dans une nouvelle phase de l'histoire du Moyen-Orient et du Maghreb. Il détermine, comme conséquences, un changement de contexte des relations internationales comme la chute du mur de Berlin, le 11 septembre ou la guerre contre l'Irak. Dans l'aire arabe, que le président Obama a eu la prudence diplomatique de ne plus l'appeler "le grand Moyen-Orient", l'Establishment international tirait les conséquences de la nouvelle situation, modifiant nécessairement son approche et ses modes d'action. Le "modèle de stabilité autoritaire" et la "diplomatie de connivence" mise en œuvre, ne répondent plus aux enjeux, vu l'émergence de nouveaux acteurs, qui délégitiment l'ordre arabe traditionnel et mettent à l'ordre du jour une révision de la carte géopolitique.
Le discours du président Obama (Washington, 19 mai) s'inscrit dans ce nouveau contexte. "L'hyperpuissance" — nous adoptons l'expression de Hubert Védrine — réagit et met ses pendules à l'heure. Elle se rallie, sinon récupère ce mouvement démocratique révolutionnaire, qu'elle n'a pas pu anticiper. Fut-il en période préélectorale, peu propice pour se référer au Moyen-Orient et mécontenter certains lobbies, mobilisés pour la circonstance, le président Obama a eu le courage d'annoncer un repositionnement d'envergure. Il risque ainsi de mécontenter des alliés et délaisser sinon occulter les problèmes internes, dominant le discours politique dans cette circonstance. Le printemps arabe met à l'épreuve l'argumentaire occidental en faveur de la démocratisation et de la moralisation de la gestion des affaires internationales. Le président Obama esquisse un positionnement du côté des peuples. Il corrige ainsi ou plutôt réactualise l'approche du discours du Caire, en 2009, qui annonça une prise de distance, du nouveau pouvoir américain, de la stratégie guerrière du président Bush junior. Cependant, il ménagea les alliés traditionnels des Etats-Unis.
Le président Obama effectue au préalable sa lecture démocratique des faits dont il fait le bilan et légitime ses objectifs, ses modes d'action et ses ambitions. De ce point de vue, la dimension symbolique du discours, la nécessaire prise en compte des droits de l'Homme, y compris sur la terre occupée de la Palestine doit être saluée. Prenons la juste mesure de cette option préférentielle du simple citoyen résistant, sur le dictateur, détenteur de l'autorité. La référence à la primauté de la révolution tunisienne, ses effets d'entraînement et ses conséquences d'envergure attestent sa juste appréciation de la révolution du jasmin et son inscription comme modèle du changement politique, par la dynamique interne et la "confrontation victorieuse entre l'arme et la paume de la main", selon l'expression bourguibienne.
Changement de vitesse, le pouvoir américain, qui s'est accommodé des révolutions de Tunisie et d'Egypte, les assume, célèbre et promet désormais de les soutenir. L'aide directe annoncée reste certes symbolique. Il s'agit plutôt d'une déclaration d'intention privilégiant l'Egypte, selon les options antérieures, adoptées depuis les accords de Camp David et le système d'alliances qu'elles ont instituées. Nous pensons, quant à nous, que le rôle d'avant-garde de la Tunisie, sa promotion de l'émancipation féminine, sa culture de tolérance et son statut de modèle arabe et africain, dans la décolonisation globale et dans l'actuelle révolution citoyenne doivent inciter à la révision des relations différentielles. S'engageant à travailler de concert avec l'Union européenne afin de faciliter les exportations des pays arabes vers l'Europe et les Etats-Unis, le président Obama fait valoir une répartition des rôles entre les différents partenaires de ces pays, vu leur proximité au-delà de la Méditerranée. Il a également indiqué avoir demandé au FMI et à la Banque mondiale de préparer un plan de modernisation des économies égyptienne et tunisienne, qui devait être examiné, lors du prochain G8. Ne serait-il pas plus opportun de penser à un plan Marshall, susceptible d'accompagner les deux révolutions, d'assurer leur succès par le redressement de leur économies et la résolution de la question de l'emploi, dans la vision qui s'impose d'une prospérité partagée et d'un codéveloppement ?
Notons, cependant, que le président Obama reste soucieux d'appliquer la politique à géométrie variable des Etats-Unis dans le monde arabe, qu'il se limite à dépoussiérer et à atténuer les effets. Il s'en est pris en particulier au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Le président syrien Bachar Al-Assad ne fut certes pas ménagé. Mais il lui offre l'opportunité de conduire le processus des réformes ou de se retirer. Cette alternative semble ménager l'Establishment syrien, dans le but de sauvegarder la stabilité dans l'aire. Il est, d'autre part, prioritaire, pour lui, d'abolir l'axe Damas/Téhéran. Ce qui n'exclut guère l'opportunité de marchandages éventuels. Rappelant que le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, devait respecter ses engagements concernant la transition du pouvoir, le président Obama semble faire valoir une mutation, dans la continuité, redimensionnant de fait l'élan démocratique par un partage du pouvoir entre les protagonistes. Sa position est plus laborieuse, par rapport aux pays du Golfe, alliés précieux des Etats-Unis. Il a réclamé, à Bahreïn, un "vrai dialogue" entre le pouvoir et l'opposition, sans remettre en cause le régime. Peut-on parler, cependant, par cette attitude critique d'un pays allié du Golfe, d'une annonce de la fin d'un tabou ?
Acte significatif, le président Obama saisit cette opportunité pour évoquer, dans le cadre de la cohérence politique, l'interférence entre la démocratisation de l'aire arabe et la question palestinienne. Tout en ménageant Israël — comment expliquer autrement la référence à la nature juive de l'Etat israélien et l'adoption de certaines réserves formulées par Netanyahu ! — il rappelle les paramètres fondamentaux et la nécessité de créer l'Etat palestinien dans les frontières de 1967. Mais le nouvel énoncé, présenté dans son discours prononcé dimanche 22 mai devant l'Aipac, le principal lobby pro-israélien des Etats-Unis, suscite les inquiétudes palestiniennes. Fait important, la géopolitique exige le passage aux actes, pour assurer l'application des motions onusiennes. Peut-on dire que la réalisation de ces objectifs est différée au deuxième mandat, dans le cadre du respect du discours fondateur des Etats-Unis ? Wait and see.
K.C.La communauté internationale a été appelée à prendre acte de la nouvelle donne que représente le printemps arabe, initié par la révolution de Tunisie et dont les effets du choc se poursuivent et se développent. Un vrai événement-repère qui annonce l'entrée dans une nouvelle phase de l'histoire du Moyen-Orient et du Maghreb. Il détermine, comme conséquences, un changement de contexte des relations internationales comme la chute du mur de Berlin, le 11 septembre ou la guerre contre l'Irak. Dans l'aire arabe, que le président Obama a eu la prudence diplomatique de ne plus l'appeler "le grand Moyen-Orient", l'Establishment international tirait les conséquences de la nouvelle situation, modifiant nécessairement son approche et ses modes d'action. Le "modèle de stabilité autoritaire" et la "diplomatie de connivence" mise en œuvre, ne répondent plus aux enjeux, vu l'émergence de nouveaux acteurs, qui délégitiment l'ordre arabe traditionnel et mettent à l'ordre du jour une révision de la carte géopolitique.
Le discours du président Obama (Washington, 19 mai) s'inscrit dans ce nouveau contexte. "L'hyperpuissance" — nous adoptons l'expression de Hubert Védrine — réagit et met ses pendules à l'heure. Elle se rallie, sinon récupère ce mouvement démocratique révolutionnaire, qu'elle n'a pas pu anticiper. Fut-il en période préélectorale, peu propice pour se référer au Moyen-Orient et mécontenter certains lobbies, mobilisés pour la circonstance, le président Obama a eu le courage d'annoncer un repositionnement d'envergure. Il risque ainsi de mécontenter des alliés et délaisser sinon occulter les problèmes internes, dominant le discours politique dans cette circonstance. Le printemps arabe met à l'épreuve l'argumentaire occidental en faveur de la démocratisation et de la moralisation de la gestion des affaires internationales. Le président Obama esquisse un positionnement du côté des peuples. Il corrige ainsi ou plutôt réactualise l'approche du discours du Caire, en 2009, qui annonça une prise de distance, du nouveau pouvoir américain, de la stratégie guerrière du président Bush junior. Cependant, il ménagea les alliés traditionnels des Etats-Unis.
Le président Obama effectue au préalable sa lecture démocratique des faits dont il fait le bilan et légitime ses objectifs, ses modes d'action et ses ambitions. De ce point de vue, la dimension symbolique du discours, la nécessaire prise en compte des droits de l'Homme, y compris sur la terre occupée de la Palestine doit être saluée. Prenons la juste mesure de cette option préférentielle du simple citoyen résistant, sur le dictateur, détenteur de l'autorité. La référence à la primauté de la révolution tunisienne, ses effets d'entraînement et ses conséquences d'envergure attestent sa juste appréciation de la révolution du jasmin et son inscription comme modèle du changement politique, par la dynamique interne et la "confrontation victorieuse entre l'arme et la paume de la main", selon l'expression bourguibienne.
Changement de vitesse, le pouvoir américain, qui s'est accommodé des révolutions de Tunisie et d'Egypte, les assume, célèbre et promet désormais de les soutenir. L'aide directe annoncée reste certes symbolique. Il s'agit plutôt d'une déclaration d'intention privilégiant l'Egypte, selon les options antérieures, adoptées depuis les accords de Camp David et le système d'alliances qu'elles ont instituées. Nous pensons, quant à nous, que le rôle d'avant-garde de la Tunisie, sa promotion de l'émancipation féminine, sa culture de tolérance et son statut de modèle arabe et africain, dans la décolonisation globale et dans l'actuelle révolution citoyenne doivent inciter à la révision des relations différentielles. S'engageant à travailler de concert avec l'Union européenne afin de faciliter les exportations des pays arabes vers l'Europe et les Etats-Unis, le président Obama fait valoir une répartition des rôles entre les différents partenaires de ces pays, vu leur proximité au-delà de la Méditerranée. Il a également indiqué avoir demandé au FMI et à la Banque mondiale de préparer un plan de modernisation des économies égyptienne et tunisienne, qui devait être examiné, lors du prochain G8. Ne serait-il pas plus opportun de penser à un plan Marshall, susceptible d'accompagner les deux révolutions, d'assurer leur succès par le redressement de leur économies et la résolution de la question de l'emploi, dans la vision qui s'impose d'une prospérité partagée et d'un codéveloppement ?
Notons, cependant, que le président Obama reste soucieux d'appliquer la politique à géométrie variable des Etats-Unis dans le monde arabe, qu'il se limite à dépoussiérer et à atténuer les effets. Il s'en est pris en particulier au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Le président syrien Bachar Al-Assad ne fut certes pas ménagé. Mais il lui offre l'opportunité de conduire le processus des réformes ou de se retirer. Cette alternative semble ménager l'Establishment syrien, dans le but de sauvegarder la stabilité dans l'aire. Il est, d'autre part, prioritaire, pour lui, d'abolir l'axe Damas/Téhéran. Ce qui n'exclut guère l'opportunité de marchandages éventuels. Rappelant que le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, devait respecter ses engagements concernant la transition du pouvoir, le président Obama semble faire valoir une mutation, dans la continuité, redimensionnant de fait l'élan démocratique par un partage du pouvoir entre les protagonistes. Sa position est plus laborieuse, par rapport aux pays du Golfe, alliés précieux des Etats-Unis. Il a réclamé, à Bahreïn, un "vrai dialogue" entre le pouvoir et l'opposition, sans remettre en cause le régime. Peut-on parler, cependant, par cette attitude critique d'un pays allié du Golfe, d'une annonce de la fin d'un tabou ?
Acte significatif, le président Obama saisit cette opportunité pour évoquer, dans le cadre de la cohérence politique, l'interférence entre la démocratisation de l'aire arabe et la question palestinienne. Tout en ménageant Israël — comment expliquer autrement la référence à la nature juive de l'Etat israélien et l'adoption de certaines réserves formulées par Netanyahu ! — il rappelle les paramètres fondamentaux et la nécessité de créer l'Etat palestinien dans les frontières de 1967. Mais le nouvel énoncé, présenté dans son discours prononcé dimanche 22 mai devant l'Aipac, le principal lobby pro-israélien des Etats-Unis, suscite les inquiétudes palestiniennes. Fait important, la géopolitique exige le passage aux actes, pour assurer l'application des motions onusiennes. Peut-on dire que la réalisation de ces objectifs est différée au deuxième mandat, dans le cadre du respect du discours fondateur des Etats-Unis ? Wait and see.


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