«Economie sociale décentralisée et cohésion sociale : pour un modèle alternatif de développement», tel est le thème du forum organisé récemment à Tunis par l'Institut des hautes études commerciales de Carthage (IHEC). C'est le premier forum d'économie sociale décentralisée, qui réunit des universitaires, experts, hommes d'affaires et ONG, avec l'ambition de poser une réflexion productive et approfondie sur les divers champs d'action dans un domaine incontournable, pour aboutir à une feuille de route à moyen terme où l'économique et le social sont indissociables. A cet égard, les organisateurs soulignent, dans un communiqué, que «la Tunisie traverse une période historique qui se caractérise par un changement fondamental de la façon de créer la richesse. Ce sont maintenant les facteurs mentaux et non matériels qui déterminent le phénomène, et c'est ce phénomène technologique qui conditionne le reste du parcours, de sorte que tenter de l'aborder comme un phénomène idéologique constitue la première erreur que nous risquons de commettre. Cela peut aussi nous amener à tracer un plan de vol qui risque de nous conduire sur des chemins erronés. Et la Tunisie ne peut pas se permettre de prendre de tels chemins». Cependant, la Tunisie s'est engagée aujourd'hui dans un mouvement social et culturel qui consiste à transformer l'individuel en collectif, sans vouloir élever l'individuel en le fondant dans le collectif comme le veut la morale civique et l'esprit national. Sur le plan économique, d'aucuns considèrent qu'il règne une grande incertitude en ce qui concerne les manières de stimuler la croissance. Il existe différentes alternatives. Mais les opportunités sont très différentes. Les questions qui se posaient sont comme suit: comment allier l'efficience économique à l'efficience sociale? Dans quelle mesure la compréhension de l'économie sociale est sous-tendue par l'idée que l'économie réelle ait plus d'importance que l'économie financière? Comment parvenir à une croissance plus élevée au niveau national et au niveau régional avec une politique monétaire moins restrictive et à une politique fiscale moins rigide? Dans quelle mesure la stabilité exigée par la globalisation et l'ouverture extérieure ainsi que l'adoption nécessaire de réformes sur le marché du travail auraient servi de prétextes à une réduction des prestations sociales? Dans quelle mesure les réformes dans le marché du travail, sans relancer la croissance, accroîtraient la frustration sociale? En réponse, plus la société avance vers une cohésion et un consensus interne, plus les pouvoirs publics disposeraient de possibilités d'action au niveau national, sous les contraintes du processus de la mondialisation. La réussite d'un consensus national constitue un préalable à l'action efficiente en matière de politique internationale, contribuant ainsi à ce que les partenaires, notamment l'Union européenne, ne soient pas seulement considérés comme des marchés, mais aussi comme un espace social, défini par les mêmes contours. Dans le même ordre d'idées, l'élaboration d'un programme d'économie sociale décentralisée, qui allie l'efficience économique et l'efficience sociale, soutenable, qui s'imposerait de lui-même aux différentes composantes sociales, peut être réalisable à moyen terme.