«L'équipe nationale de football devrait être rajeunie». A la faveur d'un changement de sélectionneur, on procède à un large écrémage et on convoque de nouveaux éléments. Les dix millions de techniciens, que compte le pays, ne sont pas toujours contents. Ils se lancent dans de violentes diatribes en affirmant avec force "qu'il faudrait faire appel à une ossature beaucoup plus consistante de joueurs professionnels opérant à l'étranger pour lui donner plus d'assise". On réagit comme si les joueurs, qui sont à l'étranger, sont forcément meilleurs, même s'ils garnissent les bancs de touche, tout en donnant l'impression qu'il existe une dangereuse brèche entre les membres d'une même équipe. En dépit de l'assurance que l'on donne en affirmant que la liste est ouverte et que les meilleurs, le jour "J" seront présents, on continue à râler. De toute évidence, et d'après les assurances données par les différentes parties prenantes, une sélection nationale n'étant jamais figée, elle reste ouverte à ceux qui sont en mesure d'apporter le plus, que ce soit pour les Tunisiens de l'intérieur ou pour ceux de l'extérieur. Ce qui est certain, c'est que le message, traduit par la fraîcheur et l'allant démontrés par les éléments lancés à la faveur du dernier test, est clair : il n'y a plus de mainmise sur le groupe qui devrait gagner en homogénéité et en solidarité. Cette choquante arrogance, dont faisaient preuve quelques éléments, et qui régnait à une certaine époque, semble dépassée. Ce n'est nullement parce qu'on a dégoté une place au sein d'une équipe européenne que l'on peut se comporter en chef de gang où la priorité est aux négociations des primes et non à l'honneur des couleurs et aux résultats. La réussite est au bout de cette démystification. Les réserves dont nous disposons, pas seulement en football, sont suffisantes pour permettre aux différentes sélections d'imposer un minimum de discipline. Les exemples de ce genre peuvent être cités à satiété, et dans toutes les disciplines sportives. Ceux qui, du haut des différentes tribunes qu'on leur offre, n'ont rien d'autre à faire que de critiquer négativement ce qu'on fait ici ou là, et qui veulent donner l'impression qu'ils sont les seuls à détenir la vérité, se trompent lourdement. Pire, les événements finissent par les démentir, car à force d'être obnubilés par les broutilles, nous risquons de négliger l'essentiel. L'essentiel, c'est ce que bien des équipes réalisent en silence, dans l'ombre, dans les coins les plus reculés du pays, dans des conditions parfois très difficiles, et qui tarde à apparaître au grand jour, faute de soutien et de moyens. Comme on retrouve les mêmes reflexes, dans d'autres domaines, et pas seulement sportifs, il y a vraiment de quoi s'inquiéter. Ce travail de sape gratuit et déplacé risque, à la longue, de freiner les initiatives et de décourager les meilleures volontés. Certes, la critique est utile, les idées contradictoires sont nécessaires pour contenir les velléités individuelles. Elles servent de garde-fous pour ceux qui sont tentés de passer en force, en feignant de mettre en évidence ce qui est le mieux pour le sport national, mais il ne faut jamais abuser, ni dépasser les limites de la logique et du bon sens. Par les temps qui courent, la scène semble malheureusement, occupée, hantée, conquise par ceux qui considèrent, que râler et jeter le trouble sont le seul sport national.