Ce nul ne satisfait pas les Aghlabides qui ont dominé la situation. Dans le camp gafsien, on est plutôt satisfait «Faute de grives, on mange des merles», dit le proverbe. En l'absence des trois points tant attendus par l'équipe aghlabide pour quitter à jamais la zone de turbulences, la JSK doit se contenter d'un petit point, d'un calmant, en quelque sorte, après trois journées de disette. En attendant les grands remèdes. Car l'impression qu'on a retenue, à l'issue du match, est que l'équipe kairouanaise continue de balbutier et de tâtonner aussi bien au niveau des joueurs alignés et des postes qui leur sont confiés qu'à celui du dispositif de jeu et des schémas tactiques adoptés. En effet, le compartiment défensif, constitué de deux latéraux, d'un duo axial et d'un pivot-récupérateur, n'a pas toujours été en harmonie, en raison de la petite forme du latéral Ouerghemmi et de l'axial Sellami, mais aussi des sorties hasardeuses de Mamadou et Mounbain. A maintes reprises, on dut renvoyer la balle au gardien Ben Hassine, pour tempérer le pressing adverse ou pour geler le jeu, avec le risque qu'il y avait de le mettre en mauvaise posture avant de pouvoir dégager en catastrophe. Le rôle essentiel d'un défenseur, c'est de neutraliser les essais adverses, de servir la ligne médiane qui doit, à son tour, progresser rapidement avec le ballon, construire le jeu ou amorcer une relance rapide et bien servir la ligne avant qui doit rester sur la brèche et guetter la moindre occasion de but. Ces options d'école et maintes fois revues et corrigées n'ont pas toujours été bien appliquées par les protégés de Mrad Mahjoub puisque Ouerghemmi se contenta à chaque fois de balancer de longs centrages aériens dans la mêlée, que Mamadou et Mounbain, au lieu de maîtriser le jeu, se limitaient à courir dans tous les sens et à gaspiller leurs efforts et que Mahjoubi s'oubliait dans la zone adverse en laissant un trou béant. Même les avants n'étaient pas mieux lotis puisqu'ils péchèrent aussi par leurs lents mouvements, leur jeu approximatif et leur précipitation au moment de la concrétisation. Même les propos conciliants et apaisants de Hafedh Houarbi, à l'issue de la rencontre, ne peuvent pas tranquilliser‑: «Nous avons dominé la majeure partie du match et créé de nombreuses occasions de scorer, sans résultat probant, en raison de notre précipitation. Nous étions tout près de la victoire, mais dominer n'est pas gagner, surtout quand on persiste à commettre les mêmes erreurs de positionnement, de couverture et de soutien. Toujours est-il que nous avons une petite marge de sécurité et qu'il est possible d'améliorer le rendement dans les matches à venir». Courage et application Dans le camp des visiteurs et en dépit de la double défaillance des deux fers de lance, Ben Ouanès et Ogbona, le onze aligné a fait preuve de beaucoup de détermination et de combativité. Les Souiï et Bennani se sont débattus avec courage dans leur compartiment défensif et ont même prêté main-forte à leurs équipiers en attaque. Gérard et Mnafeg étaient les premiers sur la balle, notamment en phase offensive, alors que Kramti et Msakni ont tout fait pour perturber la sérénité des défenseurs locaux et menacer sérieusement le gardien Ben Hassine. Néanmoins, ce qu'on pouvait reprocher aux visiteurs, c'est d'avoir laissé les locaux prendre l'initiative du jeu, agir à leur guise et marquer les premiers au lieu de prendre les devants, d'asseoir leur propre jeu et de surprendre leurs vis-à-vis. De l'avis de tous, les Gafsiens ont cherché à annihiler les velléités offensives adverses et à revenir dans le match plutôt qu'à imposer leur style et à élever le rythme de jeu. Ils ont dû certainement composer avec les moyens du bord et bénéficier d'un concours de circonstances favorables pour éviter les dégâts et rentrer avec un point précieux. C'est l'avis de Jalel Kadri qui reconnaît sans ambages : «Nous avions eu de la chance quand un attaquant kairouanais rata un lob et un troisième but tout fait. Nous sommes heureux d'avoir grignoté un point qui aura probablement son pesant d'or lors du décompte final. C'est toujours bon pour le moral et pour entretenir l'espoir».