Il paraît que l'on s'est réuni et que l'on a convenu que l'avenir du professionnalisme tunisien passe par la transformation des actuelles équipes "professionnelles" en SOS. Faute de communiqué officiel ou au moins d'informations crédibles à même de donner une idée sur les futures orientations de notre football, nous supposons que les choses évoluent dans cette direction. Ce n'est pas une mauvaise idée, mais il faudrait être bien d'accord: la création future de «sociétés à objet sportif» n'est en rien suffisante. En quoi consiste tout d'abord cette transformation? Il est important de savoir que les Associations sportives actuelles demeureront telles qu'elles sont. Elles conserveront leur statut, leur nom, leur entité. Parallèlement à cela, on procédera à la création d'une société qui viendra "exploiter ce nom, cette enseigne, ce fonds de commerce" que porte l'équipe qui aura en contrepartie de cet accord de cession des droits d'exploitation, cinquante et un pour cent des parts de la société. L'équipe, ainsi intégrée, conserve de ce fait la majorité et "peut à n'importe quel moment, au moyen des mécanismes mis en place se retirer et revenir à son statut initial", si les choses ne marchent pas pour une raison ou une autre. C'est le moyen que l'on a imaginé ( du moins en France où on a adopté ce mécanisme)pour garantir et protéger l'existence de clubs parfois centenaires et que les adhérents ont tenu à protéger. Jusque-là, il n'y a pas de miracle. Ce qui est important à notre humble avis c'est bien la "viabilité" de ces nouvelles sociétés. Il ne sert absolument à rien de procéder à ces transformations, si les futures "sociétés" sont destinées à gérer une entité non viable, qu'elles se suffisent à attendre les subventions de fonctionnement et à vivre au jour le jour. Dans ce cas, rien n'aura changé et on aura tout simplement créé des entreprises vouées au dépot de bilan dans un délai plus ou moins proche. En effet, nous voyons mal des sociétés ainsi créées ne pas se soumettre au fisc (il y a certes des adaptations à faire), à la CNSS et à la législation du travail. Les contrôles seront sans doute plus stricts (y a-t-il actuellement des contrôles?), l'application des réglementations en vigueur sera réelle et non fictive. Cela revient à dire que la future société doit avoir un plan de gestion digne de ce nom, ses fonds propres et un budget provenant non pas seulement des subventions habituelles, mais par d'autres moyens : des recettes des stades, de la vente des droits à l'image qui seront négociés autrement, du nom et des couleurs, des éventuelles manifestations organisées sous l'égide du club, des recettes des commerces et points de vente créés par la société, etc. Ainsi schématisée, la situation apparaît plus claire. Elle ne manque pas de trancher avec celle que vivent actuellement nos équipes professionnelles dont la majorité est en cessation de paiement. Lorsqu'on voit des joueurs en grève parce qu'ils n'ont pas reçu leur salaire depuis des mois, qu'un président s'en lave les mains, prétendant impunément qu'il a "terminé sa gestion et qu'ils peuvent aller se faire voir ailleurs", que les dettes s'accumulent et que la mauvaise gestion (est-ce le mot?) domine au sein de ces fantomatiques équipes professionnelles, il y a de quoi avoir honte. Ce dossier est extrêmement important. On doit absolument trancher dans le vif. On ne doit pas reculer pour des raisons sentimentales et convenir que les clubs qui ne sont pas "viables" (d'après les critéres objectifs actuellement en place ou à concevoir) doivent se retirer du professionnalisme et continuer à exercer en tant qu' amateurs, qu'il est devenu urgent de regrouper les équipes d'une même région pour une meilleure représentativité et pour prévenir la déperdition des efforts et des moyens, que l'on ne peut dépenser que ce qu'on a et que la transparence est le secret de la réussite, il n'y a pas d'issue. Peut-on être prêt pour le démarrage de la prochaine saison ou allons-nous perdre encore une année avec des équipes non viables et des gestionnaires ( et des joueurs) dont la majorité n'ont encore rien compris au "professionalisme"?