La Tunisie est désormais deuxième ex aequo avec le Malawi, son prochain adversaire Stade olympique de Sousse. Tunisie bat Tchad 5-0 (mi-temps 3-0), public peu nombreux, pelouse en bon état. Temps chaud. Arbitrage de Aboubaker Bangoura (Guinée). Buts marqués pour la Tunisie : Issam Jomaâ (22', 45', 52') Aymen Abdenour (35') et Oussema Darragi (46'). Tunisie : Balbouli, Derbali, Chamam, Hichri, Abdennour, Korbi (Yahia), Traoui, Iheb M'Sakni, (Chedly) Darragi, Allagui, Jemaâ, (Chehoudi). Ce n'est pas facile de gérer l'équipe nationale. Ce n'est pas facile parce que l'œuvre est multiple : se qualifier pour la CAN dans une course à handicaps; reconstruire tout en gardant justement un œil sur la première priorité qui est absolue puisqu'immédiate; séduire enfin dans le but de rétablir la confiance et surtout l'union sacrée autour d'une institution qui a beaucoup perdu de son lustre et, surtout, de sa crédibilité ces derniers temps. Jusqu'à présent, Sami Trabelsi n'a pas trop mal réussi dans son entreprise: la victoire au CHAN, la redistribution totale des cartes au niveau du groupe et des choix tant individuels que collectifs et enfin cette première large victoire dans ce qui est considéré comme un véritable défi : la qualification pour la CAN 2012. Travailler sur trois fronts à la fois quand on n'est pas assuré de garder son poste n'est pas une tâche de tout repos même si Sami Trabelsi fait montre jusqu'à présent d'un calme olympien. Il a, certes, marqué des points mais il sait également qu'une qualification à la CAN le légitimerait définitivement et l'aiderait à travailler dans la sérénité. Des idées et des hommes Nous avions eu un aperçu au Soudan de la philosophie de jeu de Sami Trabelsi. Empressons-nous de dire que l'œuvre sera longue, semée d'embûches et sans doute sujette à débats et à polémiques. Face au Tchad par exemple, rien à redire sur le score qui pouvait être le double du reste de ce 5-0 qui nous fait remonter à la deuxième place de notre groupe, à la faveur du nul entre le Botswana et le Malawi… Nous ne pouvons pas en dire autant sur le plan du jeu, des choix des hommes et de la rigueur quand il s'agit de défendre, récupérer, soutenir, presser et manœuvrer, surtout dans les trois quarts adverses. Ceci sachant que nous avions assisté hier à un demi- match face à un adversaire qui ne nous à jamais vraiment inquiétés derrière; qui a vainement essayé de peser à l'entrejeu, de nous empêcher d'aller de l'avant, mais qui n'est jamais parvenu à s'imposer, tant sur le plan individuel que collectif. Manœuvre compliquée Sami Trabelsi aime Barcelone. Parlons-en à travers la prestation des nôtres. Notre équipe a récupéré le ballon très bas face à une équipe qui lui est nettement inférieure, Traoui et Korbi se sont contentés de récupérer au niveau de la ligne médiane sans chercher leur reste devant, un bloc défensif, un bloc milieu, un bloc attaque, même si Chamam et Derbali étaient là et devaient initialement apporter plus de soutien et participer davantage au jeu. Puis devant, des joueurs très techniques évoluent un peu dans le même registre, capables de dépasser un Tchadien balle au pied ou d'adresser une passe juste mais ne sachant pas presser dans les trente mètres de l'adversaire, ne sachant pas fermer l'espace, ne pouvant pas repartir en rangs serrés, concédant ainsi des espaces à ceux d'en face et en se décomposant à chaque perte du ballon. C'est vrai qu'il faut du temps pour assimiler des idées et une nouvelle option de jeu que nous applaudissons du reste pour avoir trop vu cette équipe dans une dynamique de jeu négative, mais pour mettre en route ces idées, il faut aussi des hommes. Non pas que les nôtres ne soient pas bons mais, franchement, Darragi, Msakni, Allagui et Jomaâ, c'est un peu trop ambitieux devant. Car, quand on dispose d'aussi bonnes jambes, il faut un point de repère solide devant, un attaquant de pointe capable de fixer la défense adverse (deux joueurs au moins) et ouvrir des espaces aux siens pour s'engouffrer. Et ceci est également valable pour les latéraux. Or Jomaâ, Allagui, Msakni (l'aîné bien sûr) et Darragi ne sont pas des joueurs de percussion et ils ont souvent dû, faute d'un point de repère fixe et solide devant, s'époumonner et tourner en rond pour trouver la faille, rendant la manœuvre offensive longue et compliquée à la fois. En d'autres termes, le jeu n'était pas simple et essentiel et cela peut poser de très sérieux problèmes face à un adversaire plus redoutable. Cinq buts et une belle victoire sont toutefois autant d'ouvertures pour une pensée et un jeu plus rationnel qui doivent, nous en convenons, demeurer dans la créatitivité et le mouvement. Sami Trabelsi et les siens ont jusqu'à septembre prochain (le 2 face au Malawi à l'extérieur) pour bien préparer leur coup !