Qui avait dit avec raison: "très peu de gens savent réfléchir mais tous veulent avoir des opinions"? A la faveur des situations que nous offre l'actualité sportive, on entend ici et là des idées et des raisonnements qui ne tiennent pas. Est-ce à dire que nous sommes obligés de connaître tous les problèmes et que nous avons réponse à tout? Et c'est la raison pour laquelle il nous semble plus opportun d'être plus circonspect, car l'opinion publique demeure d'une extrême sensibilité et ses réactions peuvent déboucher sur des situations délicates à même de prendre de court toutes les véritables parties prenantes. Il est en effet anormal de pouvoir donner des avis à propos d'un travail qui n'a duré que quelques mois, voire quelques semaines, d'autant plus qu'un résultat sportif, en sport collectif, est toujours la conséquence de très nombreuses interférences. Seuls les sports individuels sont capables de livrer des indices se rapprochant le plus possible de la valeur intrinsèque d'un individu. Et encore, la charge de travail et la capacité d'encaisser demeurent des vecteurs essentiels qui interviennent dans tous les calculs de probabilités. C'est dire que les "estimations" fantaisistes et les "analyses" qui engagent l'avenir d'une discipline donnée ne pourraient être qu'approximatives. Le fait d'affirmer, en prenant un air de connaisseur convaincu que les objectifs fixés peuvent être atteints au bout de quelques mois relève de la pure tromperie. En effet, nous avons relevé qu'une fois en place, le technicien commence par procéder à de profonds changements et s'attache à dresser ses besoins pour donner à l'ensemble, dont il est responsable, un profil qu'il estime plus acceptable. Une façon de profiter au maximum d'un état de grâce qui lui permettra de souffler. Ces bonnes dispositions ne manqueront pas de s'effilocher au fil du temps, et, la pression aidant, cela se termine le plus souvent par un divorce. Le minimum de bon sens serait de mettre à plat la situation et d'éviter les solutions toutes faites en évitant les promesses prises à la légère. On n'est pas obligé de répondre à toutes les questions, surtout lorsque l'on se trouve confronté à des situations délicates et dont les paramètres sont loin d'être maîtrisés. Il est plus honnête d'avouer que répondre de suite serait tromper son auditoire et s'engager sur une voie de garage. Cela explique d'ailleurs les limogeages à répétition que nous enregistrons et dont les records sont battus au fil des saisons. Quant aux commentaires livrés au conditionnel, le sport tunisien en souffre et en souffrira encore. Tant que les responsables se sentiront investis d'un droit divin qui leur souffle des décisions et tant qu'ils prendront la forme de réactions parfaitement décalées de la réalité ayant pour origine ces solutions toutes faites, que l'on livre et qui ne résolvent aucun des problèmes qui se posent.