Pour la troisième journée consécutive, le calme règne à Dhehiba et ses environs. Le drapeau des insurgés flotte toujours sur le poste frontalier Wazen-Dhehiba. Des dizaines de véhicules libyens transportant des familles et quelques biens continuent de franchir le point de passage vers le territoire tunisien. Pour sa part, l'armée nationale a renforcé sa position le long de la frontière. Les avions militaires ont intensifié leurs vols d'Est en Ouest. Une présence très marquée qui sécurise et rassure les habitants de Dhehiba, mais en même temps elle sème la peur et la panique chez ceux qui sont limitrophes au territoire libyen, comme «Jbel Romaine» et «Melles». De temps à autre, on enregistre également l'arrivée de quelques ambulances en provenance de Zenten et Nalout, ayant à leur bord des blessées qui vont être soignés à Tataouine. De l'autre côté de la frontière, la situation demeure érigmatique. Naji Saïd et Absi Ali qui arrivent dans le même véhicule avec leurs femmes et leurs enfants avancent deux hypothès différentes. L'un dit «Il est fort probable que les milices pro-Kadafi, positionnées derrière la montagne, vont être rappelées. Elles vont quitter Jbel Nafoussa pour aller renforcer les rangs des leurs à Tripoli. La capitale commence à tomber aux mains des rebelles quartier après l'autre». Son cousin n'est pas du même avis : «Je ne le crois pas parce qu'à Ghazaya par où nous sommes passés, ce matin il y avait 180 véhicules (4x4) hier équipées en armes lourdes. Ils seraient tentés d'effectuer une offensive pour reprendre le poste Wazen-Dhehiba. Ils ne lâcheront pas ce point stratégique, à mon avis.» Sit-in devant le siège de l'ONU Un groupe de jeunes originaires de la localité de Dhehiba et présidé par Abdallah Ameur comptent se rendre prochainement à Tunis pour observer un sit-in devant les locaux de l'ONU. Ils vont scander des slogans invitant les deux belligérants libyens à arrêter les combats et en même temps ils vont brandir des projectiles des obus et des roquettes tombés sur Dhehiba samedi dernier . «C'est un rassemblement pacifique, à travers lequel nous voudrions passer un message au monde entier. Nous sommes pour la paix et les négociations. Nous avons choisi l'ONU parce qu'on ne sait pas au juste sur quel pied danse l'ambassade de Libye». Nous dit Abdallah. A propos des aides humanitaires, le même Abdallah Ameur qui est membre de l'association de fraternité pour l'accueil des réfugiés (Afar), nous apprend que les caravanes de solidarité se poursuivent. «Les vivres, les médicaments et les couvertures qui nous sont parvenus de nos frères tunisiens et sont beaucoup plus importants que les miettes dépêchées par l'ONU, le Croissant-Rouge ou les autres organisations internationales. Deux du Kram, de Kalaâ (Sousse) et de Alaâ (Kairouan), nous avons reçu une dizaine de convois chargés de grandes quantités de produits alimentaires, médicaments jouets pour enfants...» Pour ce qui est du volet sanitaire, les hôpitaux de la région connaissent une activité très intense. Beaucoup de victimes libyennes sont tombées dans les combats de samedi dernier. Heureusement que le flux des blessés a coïncidé avec l'arrivée de quelques médecins en provenance de Sousse et de l'Hôpital militaire de Tunis ainsi que de quelques médecins libyens venus d'Angleterre. Un renfort de taille qui a donné un coup de main aux médecins déjà sur place pour sauver le maximum de vies.