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Le système scolaire : l'heure est au bilan
Opinions


Par Hamida CHAOUCH *
Au moment où le pays se livre à des débats politiques de tous bords, au moment où un horizon de liberté semble pointer à travers doute, suspicion et incertitude, de grands dossiers sont mis en avant systématiquement par les protagonistes des différents partis politiques, désireux de revoir foncièrement les principes qui en sont à la base.
Le dossier du système scolaire semble revêtir à l'unanimité un caractère à la fois urgent et stratégique. Urgent, parce que des années durant, le système éducatif, comme partout ailleurs, s'efforce de sauver les apparences et de maquiller les carences en improvisant des palliatifs aux syndicats à leur corps défendant; stratégique, parce que toute réforme politique fiable, toute transformation sociale, tout développement économique durable devraient avoir, en amont, un système éducatif cohérent, solide et réfléchi.
Il était temps, en conséquence, de procéder à un diagnostic juste, à une évaluation objective bien que douloureuse parfois, et à une refonte courageuse qui répondent aux attentes légitimes du peuple tunisien. Ce diagnostic et cette refonte doivent faire l'objet d'une consultation de toutes les composantes de la société civile mais surtout des éducateurs eux-mêmes, qui, sans leur complicité bienveillante, tout projet de réforme serait voué à l'échec.
Notons pour commencer que nous n'avons pas à revenir sur les acquis de notre système scolaire qui sont indéniables. Les performances réalisées sont remarquables, personne n'en disconvient. Nous focaliserons plutôt sur ce qui, de notre point de vue, est à repenser.
Hormis les statistiques dont le rôle consistait beaucoup moins à évaluer qu'à rassurer l'opinion publique et a fortiori les bailleurs de fonds internationaux, certains aspects de la scène éducative sont à déplorer et à reconsidérer. Le passage automatique dans le premier cycle de l'enseignement de base ayant causé des ravages durant des années et ayant produit parfois des analphabètes consacre cette propension à maquiller les résultats.
La loi d'orientation de l'éducation et de l'enseignement scolaire (juillet 2002) est la meilleure au monde… en apparence seulement, car le bât blesse au niveau de la pratique. A regarder de près cette loi, force est de constater qu'une série de mesures stratégiques n'ont pu être appliquées faute de consensus, d'autres, semblent en porte-à-faux avec la réalité scolaire comme le droit de l'élève à une information diversifiée et complète sur tout ce qui a trait à l'orientation scolaire et universitaire, sans qu'aucun temps officiel n'ait été prévu à cet effet.
Le climat général est plutôt à la tension, l'école tunisienne, suspicion et manque de confiance aidant, a tendance à devenir un espace de «conflits» entre toutes ses composantes sociales : enseignants, élèves, personnel d'encadrement administratif et parents. Chacun se retranche derrière ses droits lesquels font souvent écran à ses devoirs vis-à-vis des autres.
Le syndicat des enseignants, écarté de la sphère décisionnelle, s'est démarqué de la plupart des choix faits sans sa consultation et a considéré comme nulles des dispositions issues de la logique institutionnelle du top-down. Le conseil pédagogique, la cellule de la médiation scolaire ou le conseil de l'établissement et tout ce qui s'ensuit, y compris le projet de l'établissement, pierre angulaire de toute la réforme de juillet 2002, sont mort-nés. Nombreuses sont les dispositions qui ont avorté ou qui ont abouti à un moratoire kafkaïen : elles ne sont ni appliquées, ni abrogées… Le gâchis est de taille ! Tout le climat scolaire semblait en être affecté…Une ère d'hésitation, d'improvisation et de manque de lisibilité et de visibilité apparut. Aussitôt lancé, le projet de l'orientation scolaire — à vrai dire cohérent — s'éteignit comme un feu de paille sans autre raison valable que la sacro- sainte raison d'Etat. Les conseillers d'orientation ont payé un lourd tribut moral d'avoir exprimé spontanément leur malaise face à ce revirement impromptu et jusqu'alors inexpliqué. Et…on revient à la case départ !
Les apprentissages optionnels n'ont pas connu un destin meilleur bien que le système scolaire les baptisa comme stratégiques et incontournables : «Il s'agit … d'une étape cruciale de la scolarité car sa finalité première est de doter les élèves d'une base solide qui puisse servir de socle pour une formation générale de qualité…» . Cruciale, personne n'en disconvient ! mais le manque de formation préalable aussi bien des enseignants que du cadre administratif a été à la base de l'échec du projet qui, à peine institué, fut «envoyé à la corbeille» sans aucun autre commentaire… et on revient à la case départ !
L'école tunisienne a mal à son système scolaire, et a du mal, parfois, à composer en toute sérénité avec des choix par moments inattendus, parce que dictés par des contraintes politiques ou économiques de dernière minute. Ce que Sama Dubai a fait miroiter comme espoir ! A vrai dire, l'idée du collège technique n'est pas étrangère à ce miroitement bien que la plupart des systèmes scolaires occidentaux, y compris le système finlandais, connaissent une pareille orientation en parfaite synergie avec les autres parcours. Le cas du collège technique tunisien est pour le moins problématique. Les élèves qui y étaient orientés, ont le sentiment d'être trahis et induits en erreur. Ne leur a-t-on pas dit qu'ils ont toujours la possibilité de réintégrer les établissements scolaires normaux ? Il n'en est rien ! Ne leur a-t-on pas parlé de «bac pro !» Miroir aux alouettes ! ne leur a-t-on pas promis une formation de qualité ? Au terme du brevet de la 9e année, ils se retrouvent dans des centres de formation professionnelle dans des spécialités qu'ils n'ont pas forcément choisies et avec un public bien plus âgé qu'eux et n'étant pas forcément passé par le collège technique, comme si, en un mot, ils étaient exclus. Grosses bavures ! Certains parents ont menacé de porter plainte pour rendre justice à des enfants qui n'ont commis d'autres erreurs que de croire ce qu'on leur a dit officiellement lors de campagnes d'information. N'aurait-il pas mieux valu, là aussi, revenir à la case départ ?
Par ailleurs, suffit-il d'enseigner pour que les élèves apprennent ? Cela pose le problème de la qualité de l'enseignement sous toutes ses coutures. Les taux de réussite gonflés à bloc ne sauraient dissimuler l'instrumentalisation généralisée du savoir, le dysfonctionnement administratif et la démotivation des enseignants tenus surtout de terminer le programme sans se soucier outre mesure de la valeur ajoutée dont ils peuvent être porteurs. Une course effrénée du plus grand nombre d'élèves pour avoir le maximum de points dans les contrôles : cours particuliers, absentéisme planifié, bachotage, faux semblant, fraude…etc. Mais chemin faisant, certains lâchent prise et c'est le décrochage et l'abandon qui malgré tous les efforts, retiennent encore l'attention des observateurs.
Le système scolaire qui réussit actuellement le mieux au monde, alors qu'il connaissait il n'y a pas si longtemps des taux d'échec significatifs, est celui de la Finlande. Deux caractéristiques retiennent l'attention : il accorde une large autonomie aux équipes pédagogiques ; il déconseille aux enseignants de noter et de hiérarchiser les élèves. Ce qui ne va pas de même pour le système scolaire tunisien où les enseignants retranchés derrière leur discipline, sont entraînés dans la spirale des contrôles où il s'agit la plupart du temps de restituer presque mécaniquement le cours. «…Cette année s'annonce difficile, nous confie un jeune collégien en 7e année de base, nous avons plusieurs matières qui ont tout d'une récitation !» Certains enseignants, paraît-il, sont encore loin de la devise de Dewey: «Learning by doing». En effet, la place est vraiment réduite aux applications et à l'expérimentation ce qui explique, en partie du moins, la «récente» aversion des élèves contre les filières scientifiques réputées théoriques et difficiles.
Vouloir redonner du sens à l'école – pour reprendre l'expression de Michel Develay — c'est relever le défi d'une formation initiale solide étayée par une formation continue pertinente, réfléchie qui ne retiendra pas seulement le volet didactique mais surtout des thèmes transversaux relevant de la communication pédagogique, de la psychologie de l'adolescent, de l'accompagnement, de la gestion des conflits, de la médiation et j'en passe... Il s'agit en outre de créer des mécanismes de motivation pour la formation des enseignants, prendre en compte leurs besoins réels en formation continue en évitant de ressasser des thèmes galvaudés à force d'être traités lors des actions de formation, quitte à exiger en échange, des résultats probants en situation de classe.
Redonner du sens à l'école c'est insuffler une âme à une «vie scolaire» devenue monotone et insipide. Qui ignore que les milliers de clubs qui garnissent les tableaux statistiques sont pour la majorité pure illusion ? Qui ne sait pas que les séances d'animation culturelle dans les écoles primaires sont synonymes d'heures creuses ?
Insuffler une âme à la vie scolaire suppose qu'on réhabilite l'école pour en faire un espace de joie et d'épanouissement sans qu'elle cesse, pour autant, d'être le temple vénéré du savoir. Cela ne peut se faire sans la participation réelle des élèves à négocier et à concevoir, en amont, une charte de la vie scolaire selon les principes démocratiques élémentaires. Insuffler une âme à la vie scolaire suppose qu'on reconsidère foncièrement le système actuel d'information, inefficace et obsolète, tant au niveau du contenu qu'à celui des médias et des équipements. L'accompagnement scolaire médical, social et psychologique des élèves est à généraliser et à renforcer en unissant toutes les structures concernées en une seule plus efficace et plus opérationnelle.
Enfin, la multiplicité, la complexité et l'enchevêtrement des questions soulevées, témoignent de l'urgence à accorder au secteur de l'éducation qui doit rester au-dessus de toutes les supputations politiques : c'est l'avenir de nos enfants et du pays qui est en jeu.


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