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E pour Economie 2/4
Lexique révolutionnaire à l'usage du Premier ministre
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 06 - 2011


Par Yassine Essid
• Le G8, un ami qui vous veut du bien.
Dans le Tiers Livre, Adonc Nazdecabre, le muet dont parle Rabelais, leva le bras droit et, faisant un grand moulinet, esquissa la forme d'un grand G, cependant qu'avec l'auriculaire de la main gauche, il traça le signe faisant comme un petit a.
- Que veut-il signifier, dit Panurge, avec son grand G et son petit a ?
- Alors dit Pantagruel, notre muet faisant un grand G et un petit a, veut nous dire j'ai grand a petit, j'ai grand appétit.
De la réunion de Davos jusqu'au sommet du G8 nous n'avions cessé de faire signe aux riches de la planète de notre grand appétit d'argent frais pour achever la transition vers la démocratie qui ne manquera pas, dit-on, de produire des dividendes. Car nous voici enfin libres, mais de la liberté de ceux dont le bol est vide et ne peut servir que de sébile au bon gré de la charité internationale. En avant-propos du sommet du G8, nous n'avions pas cessé de faire entendre le cri des affamés. Conviés à leur festin, nous avions pris la relève des gueux, regardant avec les mille yeux ardents et abattus ces riches donateurs réfléchir, autour des banquets raffinés et surabondants, sur ce qu'ils pourraient bien concéder sans trop de risques, à ces peuples désormais affranchis mais non moins acculés à la mendicité.
La démocratie a un coût, et pour que cet heureux processus aboutisse, il est nécessaire de lui éviter les écueils de la crise économique et même de la faillite. Autrement dit l'assister. D'éminents économistes, parmi lesquels le Nobel Joseph E. Stiglitz, connu pour être partisan d'une alternative aux prescriptions douloureuses du FMI, se sont mobilisés en lançant des appels pressants pour que la communauté internationale, en fait le G8, déjà eux-mêmes lourdement endettés, vienne en aide à la Tunisie qui souffrait jusque-là, d'après eux, d'une économie "fermée", d'une gouvernance "autoritaire" et d'"infrastructures médiocres". Ils préconisent une "aide immédiate pour les subventions alimentaires et énergétiques" et un plan quinquennal d'investissements dans les transports intérieurs, le secteur des technologies et quelques zones industrielles. En somme, une enveloppe de 25 milliards répartis sur cinq ans. A peine diffusé, leur argumentaire était aussitôt battu en brèche par un autre Nobel américain, Edmund Phelps, qui bien que jugeant tout à fait nécessaires les changements dans le système économique, avait estimé le diagnostic de la bande à Stiglitz erroné, les mesures avancées vaines et pourraient même se révéler nocives. Il en est des Etats comme des individus. On emprunte pour faire face à un imprévu ou pour boucler des fins de mois difficiles, mais rarement pour produire. Or, affirme Phelps : " Procéder à une distribution de nourriture et de carburant au lieu de procurer des emplois, et prévoir des investissements afin d'augmenter la productivité du travail à des postes auxquels seuls les privilégiés ont accès, ne facilitera pas l'accès des citoyens ordinaires à des emplois corrects et ne fera rien pour éliminer les obstacles, tels que les licences ou permis de commercer, qui entravent la création des mono-entreprises. Prescrire des subventions sans abattre les obstacles à l'inclusion est une démarche dangereuse qui pourrait porter tort à l'éthique du travail des Tunisiens, si précieuse en cette période cruciale. Par ailleurs, en offrant des perspectives à l'élite tunisienne, l'ambitieux programme d'investissements pourrait aboutir à élargir encore le fossé séparant les privilégiés des citoyens ordinaires — et aggraver l'oppression".
La raison, de tout temps invoquée par les bailleurs de fonds, était la mise en œuvre de " politiques de développement ". Un rêve d'une croissance auto-entretenue, longuement caressée depuis les indépendances, mais jamais réalisée, sauf peut-être pour consacrer un régime autoritaire et répressif qui se faisait un point d'honneur de rembourser à temps ses échéances et d'être attentif aux conditionnalités économiques sans égard pour leurs coûts sociaux. Que les raisons de notre endettement passé aient été structurelles ou simple problème conjoncturel de liquidités, nous étions toujours à courir pour rattraper notre incapacité absolue de dégager des capacités de remboursement suffisantes pour honorer nos créances. De plus, ces mêmes créanciers, hier encore bien en phase avec les régimes autoritaires, se cotisent aujourd'hui avec le cynisme bienveillant des usuriers, pour asseoir la démocratie en Tunisie tout en nous rappelant qu'ils ne sont pas un club de donateurs et qu'il n'est pas seulement question d'aide financière mais de commerce "trade, not just aid" affirme Obama. Le soutien du G8 nous renvoie ainsi à une stratégie à long terme, initiée depuis Truman, qui liait l'aide économique à la lutte contre le communisme, celle-là même qui continue aujourd'hui à n'envisager la démocratisation et la stabilité du monde qu'à travers le seul prisme du commerce : asseoir des régimes démocratiques dotés d'économies ouvertes au libre-échange. A l'époque du plan Marshall, l'Europe ne s'engageait-elle pas en contrepartie de l'aide à acheter des biens américains et à autoriser les compagnies américaines à investir dans leurs industries ?
Nous sommes, encore une fois, témoins impassibles et débiteurs impénitents mais jamais satisfaits, exclus, comme on avait coutume à l'être sous Ben Ali, d'un débat sur le bien-fondé de ce colossal endettement extérieur qui sert à nourrir les marchés financiers qui aiment tant la dette parce qu'ils en vivent et qui n'ont cure des modes de gouvernement des régimes en place. La meilleure preuve que le capitalisme financier ne s'embarrasse pas de scrupules dès qu'il s'agit de profit, est qu'il s'accommodait bien mieux d'une autocratie qu'aujourd'hui d'une démocratie naissante, puisque qu'au moment même où le pays célébrait la chute du régime de Ben Ali, l'agence de notation Moody's abaissait d'un cran la note souveraine de la Tunisie avec perspective négative.
Les dettes contractées, quelles que soient leur origine et leurs modalités, nous engagent tout en pénalisant les générations futures. Pour l'instant, comme le décrit si bien l'image métaphorique populaire du solliciteur pressé par le besoin, elles nous permettront tout juste de "déployer nos ailes" et d'atténuer quelque peu les effets de la crise. Mais qu'en serait-il demain?


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