La société a été poussée à la faillite L'ouverture prochaine de quatre points de vente par la société de viandes rouges Ellouhoum fait déjà grincer des dents les bouchers et les grandes sociétés privées de production de viande qui craignent que cette société propose le kilo de viande rouge à des prix plus bas que ceux pratiqués sur le marché. «Nous établissons nos prix en fonction de l'évolution du marché, nous tenons compte aussi de la bourse du citoyen», rassure Ali Gharbi, président-directeur général de la société. Pourtant, il y a quelques mois, peu auraient parié sur le fait que la société puisse retrouver une activité florissante et s'imposer de nouveau sur le marché comme un des plus gros producteurs de viande du pays. En effet, démis de ses fonctions à la fin de l'année dernière, l'ancien P-d.g laisse derrière lui une caisse vide, dix milliards de pertes sèches et une société exangue, qui n'arrive plus à payer ses employés. Mais il fallait compter sans la volonté de la nouvelle direction et d'une poignée d'employés qui va permettre à la société de reprendre progressivement. Pour faire rentrer de l'argent dans les caisses, ces derniers décident d'abord de faire pression sur les clients pour rembourser une partie des impayés qui ont conduit la société à la banqueroute. La société va, par ailleurs, miser sur la diversification de son activité qui s'articulait, jusqu'ici, autour de l'abattoir et du marché aux bestiaux, en achetant de jeunes taurillons qu'ils engraissent afin de les préparer pour l'abattage. Le pari réussit et les bénéfices réalisés sont de nouveau réinvestis dans l'achat de nouvelles bêtes. «Nous avons commencé avec six têtes. Nous sommes passés à vingt et actuellement nous avons quelque 400 taurillons», souligne un des cadres de la société. La réception, la mise sous bâti des bêtes dans les étables, l'abattage et le transport se font dorénavant selon des procédures rigoureuses. La société, qui a fait l'acquisition de taurillons de race locale, a également importé de jeunes ovins de différentes races afin d'augmenter le rendement de la production. Agés de six à douze mois, ces derniers ont, dès leur réception, été placés dans le centre de quarantaine pour être soumis à une batterie de contrôles effectués par le ministère de l'Agriculture. Ensuite, transférés dans des étables, ils sont nourris et engraissés jusqu'à ce qu'ils atteignent le poids idéal pour l'abattage. «La race Charolaise est la plus chère car c'est celle qui donne le plus de viande, explique un technicien supérieur en agroalimentaire. Nous avons aussi la race Salers qui a un rendement moins élevé mais dont la viande est réputée pour son goût et sa saveur». Pour le mois de Ramadan, afin de contribuer à satisfaire la demande nationale en viande bovine, Ellouhoum a prévu d'écouler, sur le marché, cent cinquante taurillons et d'importer de la viande rouge réfrigérée. Outre la race bovine, la société, qui vient d'aménager son propre point de vente dans le bâtiment, assure aussi l'engraissement de jeunes moutons. Certification ISO, nouvelles procédures et respect des normes Dans une grande bâtisse, les bêtes programmées pour l'abattage sont transférées dans une grande salle où elles sont égorgées puis dépecées. Les carcasses sont ensuite directement soumises à un contrôle effectué par deux vétérinaires de la direction de l'inspection sanitaire puis pesées avant d'être de nouveau transportées, réfrigérées puis livrées aux clients de la société. Ceux qui veulent acheter de la viande détaillée, ils peuvent, quant à eux, s'approvisionner au niveau des points de vente où la viande vendue à la découpe est écoulée, à raison de 11,D800 le kilo de viande ovine et 13,D000 celui de viande bovine. Afin d'améliorer la production et l' offre de la société, et ce, en vue de mieux se positionner sur le marché des viandes rouges, la direction a déjà prévu un programme ambitieux pour les prochaines années : augmentation des importations de jeunes taurillons, mise à niveau de l'infrastructure, aménagement d'un atelier de découpe de la viande et lancement de la certification ISO 22000 pour les points de vente et l'atelier de transformation. Pour l'année 2011, la société fera l'acquisition au total de 5.000 taurillons, dans le but de diminuer l'importation de viande rouge réfrigérée, ce qui pourrait profiter à plusieurs acteurs de la chaîne. Quant à la mise à niveau des abattoirs, elle se fera sur la base des standards internationaux, outre la découpe, la sécurité des produits ou le design de nos points de vente qui obéiront à des procédures précises, relève le P-d.g de la société. Objectif ultime : répondre aux exigences sanitaires européennes, ce qui permettra d'obtenir une ligne de financement, et d'ouvrir les portes à l'exportation.