Qui n'ose rien n'a rien. Voilà pour l'Espérance. Le Club Africain avait déjà usé toutes ses cartouches… Vous comprenez maintenant pourquoi un grand joueur coûte cher ? Ça coûte cher parce qu'en un geste, un mouvement, il vous fait basculer un match, vous met l'adversaire K.O et vous fait gagner un titre. Tenez, prenez Darragi: même pas une minute de jeu et voilà qu'il sent le coup. Là-bas à droite, Bouazzi est redevenu ailier, il contrôle puis centre en léger retrait. Pour qui ? Pour Darragi bien sûr qui marque comme à la parade devant 4 ou 5 adversaires médusés. Futé le type qui l'a surnommé Picasso. Cette touche de balle aérienne, cet air de fausse nonchalance mais, à l'arrivée, l'instinct du tueur et le chef-d'œuvre. Comme Picasso quoi… Et un artiste, ça peut en cacher un autre. Tout aussi artiste et tout aussi tueur. 70': l'Espérance ne va pas trop bien et subit des coups de boutoir de son frère ennemi. Fallait trouver une astuce pour calmer les ardeurs d'un Club Africain qui poussait très fort. Un remplacement, non deux puisque Afful et Mhirsi relèvent Bouazzi et Dramane. Le ballon est pour l'Espérance; les Clubistes regardent; Msakni en hérite, lève la tête et voit Sami Nefzi légèrement avancé; il arme son tir et réussit un geste technique d'une rare pureté. Voilà comment on écrit l'histoire ! Comment nous avons trouvé le derby ? Super intéressant et nous sommes franchement frustrés qu'il se soit joué à huis clos car nous sommes persuadés que 50.000 supporters l'auraient rendu plus intéressant encore. Opposition de styles ? Nous ne croyions pas si bien dire la veille. Chaque équipe a profité à fond de ses points forts et souffert à fond de ses point faibles. Avec toutefois deux précisions: l'Espérance a souffert physiquement et failli le payer très cher alors que le Club Africain a mis du temps à trouver son jeu et ses repères. Et, ça aussi, le Club Africain a failli le payer très cher puisqu'à la 40', la messe pouvait être définitivement dite avec ce tir enveloppé de Msakni à la Del Piero sur le poteau gauche de Sami Nefzi. Venons à présent aux détails, tactiques et autres de ce derby. Korbi : Si l'arbitre avait appliqué le règlement, le bouillonnant «Sang et Or» aurait sûrement quitté la rencontre prématurément. 15' : Intervention irrégulière de Ben Yahia. Carton jaune. 19' : Intervention rugueuse et irrégulière sur Dhaouadi. Là, il pouvait se faire expulser sans que personne n'ait rien à redire. En sursis, l'international «appellera» l'expulsion à la 80'. Joueur de tempérament, de choc…appelez ça ce que vous voulez, Korbi aurait pu faire perdre le derby à son équipe. Le pire ? Il ne s'améliore pas du tout et personne ne semble capable de le lui dire en face. Le penalty Deux remarques. La première est qu'il est inexistant même si l'arbitre nous a semblé bon. La seconde est à mettre à l'actif des joueurs de l'Espérance qui ont été admirables de correction. Bien leur en a pris du reste puisqu'une contestation soutenue les aurait sans doute fait perdre leur concentration et les sortir du match. EST : ça passe ou ça casse Jeu en rupture, jeu en déséquilibre, le head coach de l'Espérance persiste et signe. Mais que de risques inutiles, surtout quand l'équipe adverse pousse et que le bloc descend d'un cran. Risque calculé ? Risque voulu ? Sans doute. Mais risque inutile également car, à vouloir trop copier Barcelone, on peut subir une sérieuse déconvenue. D'autant que la première ligne (Dramane, Darragi et Msakni) ne défend pas. Hier heureusement, un Bouazzi superlatif tant en phase de construction que de récupération. Mais attention, ça ne passera pas à tous les coups. Ce déséquilibre influe du reste sur le jeu d'un Korbi qui se retrouve à chaque fois contraint de plonger comme un kamikaze les deux pieds devant pour boucher un trou et empêcher l'adversaire de partir en contre rapide. Surtout aussi quand Traoui est «out» comme il l'était hier. CA : pas à un gâchis près… L'équipe de Bab Jedid a mis 28 minutes pour sortir d'une première confusion et beaucoup plus pour que joueurs et système se mettent en place. Dhaouadi à droite ? Ce n'est pas la meilleure idée et Benzarti devait le savoir depuis le temps où il l'a aligné à cet endroit lors de la CAN en Angola. La preuve ? Trois ou quatre minutes après avoir changé d'aile, l'attaquant clubiste a failli mettre son premier but. En revanche, Melliti a été bon sur la gauche et a été l'instigateur de tous les mouvements de son équipe. La solution ? On l'a vue en seconde mi-temps avec Dhaouadi un peu plus en pointe, Sellami à gauche (moins soumis au marquage et bénéficiant de davantage d'espace) et surtout un Ben Yahia libéré avec devant le champ libre bloqué auparavant par un Sellami très statique. Franchement, nous avons aimé le match. En dépit des erreurs de part et d'autre, pour la correction des joueurs aussi et même de l'ami Faouzi Benzarti. Avec son jeu décapant, l'EST a renoué avec la victoire dans le derby. Concernant le CA, c'est l'histoire d'un énième gâchis.