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Une bourgade qui meurt de soif...
Reportage : Boussari (gouvernorat de Kairouan)
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 06 - 2011

Les maisons de la bourgade épousent, non sans fantaisie, les contours des champs. Boussari est à quelque dix kilomètres de la délégation de Nasrallah (gouvernorat de Kairouan). Toutefois, l'accès au bourg est long et sinueux, à travers des paysages qui se modifient à chaque étendue. Ici, des demeures dorées par le temps fascinent l'œil et suscitent son admiration, là c'est une véritable forêt de chênes agonisants, là encore, un rossignol, accompagné de dizaines d'oiseaux d'espèces différentes, plane dans le ciel de la bourgade comme une fleur agitée par le vent. Tristes cognassiers, vieux pistachiers, paisibles oliviers, le paysage est à la fois beau et poignant. Cela fait près de dix mois que le principal sondage ou encore le puits artésien de la région a cessé d'alimenter en eau terres et plantes, provoquant ainsi des dégâts énormes. Des milliers d'arbres fruitiers et d'importantes récoltes de légumes précoces ont été gravement endommagés. Mutilée par la soif et l'attente, la bourgade est plutôt décadente alors qu'elle regorge de tant de richesses naturelles : des terres fertiles et une riche nappe phréatique.
Samedi 17h30, un soleil de plomb évoluait lentement du côté du village. La canicule est insupportable et la sécheresse est étouffante. Ces jeunes revenus au berceau de la naissance après une longue absence se lamentent sur l'état déplorable de leur bourgade. Comme ils le laissent entendre, outre quelques interventions modiques, la localité était de tout temps livrée à elle-même. D'autres nous ont reproché notre visite tardive dans cette région. Des voies aiguës et agitées émanent de partout : «Ici, le principal gagne-pain est l'agriculture. On n'a qu'à cultiver la terre pour survivre. Pourtant, on est resté près de dix mois sans eau courante pour l'irrigation. A vous d'imaginer la situation, puis, d'en déduire les conséquences fatales. Des pertes en gros, d'amples déficits et des fardeaux à n'en pas finir. Personnellement, je viens de perdre une importante récolte de poivron. Il m'est affligeant de voir le fruit de tant de sacrifices partir en l'air. Car si la panne avait était réparée dès le départ on aurait pu sauver la saison. Mais que voulez-vous‑? La sottise est humaine», note le jeune agriculteur Jemaâ Chemkhi sur un ton à peine audible.
Une fatalité sans égale...
De temps à autre des brises provenant du côté de la montagne caressent les restes de quelques végétations. A ce moment du jour, le soleil à mi-course perd déjà sa netteté mais pas encore son éclat. Le silence de la bourgade est interrompu par les couacs des corbeaux.
«C'est un signe», lance Kamel Ben Youssef Chemkhi, avant d'ajouter que l'absence d'eau dans la localité est «une fatalité sans égale». Pour lui, tout le mal est envisageable en l'absence d'une eau courante. «J'ai payé cher cette indésirable pénurie d'eau. Toute une culture de poivron et de tomates n'est plus. On a juste besoin d'eau courante pour irriguer nos terres, cela nous suffit pour faire de ces contrées un endroit où il fait bon vivre».
Bientôt, un nouveau forage
Cette attitude a été consentie et confirmée par le président actuel du comité de gestion des eaux de Boussari, Habib Ayadi. Ce dernier nous a confié qu'il a frappé à toutes les portes pour que le puits reprenne ses fonctions. «Je reconnais que cela a un petit peu traîné causant des dégâts pour bon nombre de nos agriculteurs, mais cela me dépasse. On m'a toujours lancé qu'il était question de procédures administratives et qu'il faut patienter. D'après ce que j'ai perçu de sérieux chez certains responsables, je dirai que le problème sera prochainement résolu. Sachant qu'ils nous ont promis un nouveau sondage allant de pair avec les besoins de la région». Dans ce sens, l'ancien président dudit comité de gestion des eaux, Abdelkrim Ayadi, a fait remarquer qu'il s'agit d'un grand projet dont le coût est estimé à près d'un million de dinars, voire, plus. «C'est vrai qu'il est question d'une urgence, mais il nous faut des solutions provisoires pour le moment, en attendant les issues définitives. Permettez-moi d'adresser mes remerciements à M. Khalifa Chermiti, ingénieur à la direction des eaux, qui a eu la gentillesse de nous fournir les conseils dont on avait besoin», renchérit-il.
Nouveau forage moderne
Il faut reconnaître, par ailleurs, que la région dotée d'une superficie de près de 150 hectares de terres fertiles, aura besoin d'un nouveau forage moderne. Surtout que les équipements de l'actuel s'avèrent remarquablement usés. C'est ce qu'a confirmé M. Khalifa Chermiti, ingénieur à la direction des eaux de Kairouan. «Le puits actuel est encore fonctionnel. C'est vrai que le débit est insuffisant (20 litres) pour alimenter près de 150 hectares, mais pour le moment, c'est la meilleure des solutions pour sauver la végétation. En effet, l'intention est de forer un nouveau puits. Cela nécessite néanmoins tout un budget qui sera discuté et déterminé au niveau des autorités et des parties concernées. Personnellement, j'ai déjà fait le constat de ce puits dont les équipements ont été renouvelés en 2006. Depuis, le rendement et la productivité frôlaient des paliers assez respectables. Ce qui a poussé certaines personnes venues de gouvernorats voisins à investir dans la région, plus précisément dans la culture des pastèques et du melon. Pour ce qui est de la panne actuelle, il convient de noter que la pompe à eau et le reste des équipements ne sont plus aussi fiables pour une longue durée. D'ailleurs, lors du montage de la pompe à eau par la régie des sondages, on a repéré des déchets d'acier. D'où la nécessité de renouveler tous les équipements. Or, il se trouve que tous les forages sont centralisés, étant assurés par la régie des sondages générale. Le fait de gérer tout un territoire par une seule société dont les équipements se montrent obsolètes, cela provoque une lenteur gênante à l'égard des agriculteurs. Ce qui implique le renforcement de ce secteur par d'autres sociétés capables d'accélérer la cadence».
Les handicaps évoqués par M.Chermiti ont été confirmés par M. Ademalek Sellami, chef de division de l'hydraulique et de l'équipement rural, qui nous a confié que l'administration souffre d'un manque d'effectif pour ce sui est des cadres. En plus de la centralisation de tous les services dans un seul département. «Une centralisation qui ne fait que ralentir les prestations de l'administration, affectant son efficacité».
Les dits de la bourgade
Sans eau, Boussari semble être vouée à une mort lente. Mais, ses jeunes croient en elle. Ces derniers partis un jour en quête d'un gagne-pain sur la côte, sont revenus embrasser la mère nourricière par ces temps de crise. Ils comptent investir dans l'agriculture, forts en cela d'une volonté d'acier, pour redonner à la région sa gloire d'antan. Toutefois, les handicaps sont multiples. A commencer par une infrastructure pour le moins primitive. Cela dit, dès qu'il pleut, l'accès à la bourgade devient presqu'impossible. Car la boue cumulée empêche toutes sortes de véhicules d'y accéder. Les élèves restent à domicile, étant donné que le plus proche des écoles est à dix kilomètres. Il n'y a aucun parcours goudronné menant à la bourgade. Plus, l'unité de prestations sanitaires ne va plus de pair avec les exigences du présent, vu qu'un seul médecin y exerce une fois par semaine (juste la matinée).
Ils sont tous déterminés à œuvrer tout feu tout flamme pour contribuer activement à l'essor de leur région. Ils ne demandent qu'à être soutenus par des experts et des conseillers techniques pour travailler la terre suivant des méthodes scientifiques.
De surcroît, ils nous ont confié que la tarification du mètre cube d'eau à 90 millimes est plutôt démotivante pour des investisseurs débutants et demandent une révision prochaine de ce coût qu'ils trouvent un peu élevé. Ils demandent également à être soutenus pour l'équipement de leur espace de loisirs en vieux fûts de chênes. Lequel espace sera comme un remède contre les dégoûts du vécu. Voilà l'aveu des cognassiers.


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