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Les richesses des forêts
Publié dans Le Temps le 29 - 04 - 2007

Dans un article précédent, nous avons présenté les « princes de nos forêts » : les majestueux chênes : lièges ou zéens, les pins maritimes élancés, les pins pignons en parasols, les pins d'Alep à la frondaison « boursouflée », les thuyas de Berberie appréciés déjà des Romains et les cyprès en pinceau.
Aujourd'hui, nous allons essayer de vous faire partager notre intérêt pour les formations forestières. Elles peuvent être considérées comme des « forêts » à partir de 4 hectares de superficie, des boqueteaux, s'ils mesurent moins d'un demi hectare ou des maquis et garrigues arborés, si des espèces d'arbres forestiers : pins et chênes sont associées à des arbustes : lentisques, arbousiers et genévriers, par exemple. Les formations forestières peuvent être caractérisées par un peuplement pur de feuillus ou de résineux si l'espèce désignée occupe plus de 75% de la surface boisée ou par un peuplement mixte dans lequel aucune espèce n'est prépondérante. Il peut y avoir des peuplement jeunes ou des peuplements mûrs où les « sujets » sont en âge d'exploitation. Il existe aussi des critères de « recouvrement » de la surface totale par les espèces d'arbres. Les caractéristiques varient du très dense avec un recouvrement supérieur à 75 % à clairsemé où la surface non boisée représente plus des 3/4 de la superficie totale.
Les terrains forestiers s'étendent sur près d'un million d'hectares comprenant plus de 50 % de forêts proprement dites. Le taux de boisement national est de 8% environ avec des taux régionaux allant de moins de 1 % vers Kébili à 33 % autour de Jendouba. Il semble qu'au début de l'ère chrétienne la superficie boisée était de 3 millions d'hectares environ alors qu'à l'aube de l'Indépendance elle n'était plus que de 400.000 hectares.
Les forêts et boqueteaux couvrent plus de 500.000 hectares dont près de 170.000 hectares de forêts de feuillus, 363.000 hectares de pins d'Alep, 80.000 hectares d'autres résineux : pins, cyprès genévriers et plus de 8.000 hectares d'eucalyptus et d'acacias.
Le volume total de bois sur pied est de plus 17 millions de m3. Plus de 30 % des forêts ont atteint l'âge d'exploitation. Les bois sont répartis presque à égalité entre bois de feuillus et bois de résineux. Le bois de chauffage représente plus de 60 % de la production.
Les différentes espèces sont, par ordre d'importance, pour les feuillus : le chêne-liège, l'eucalyptus, l'acacias et le chêne zéen, pour les résineux : le pin d'Alep vient très loin devant le Thuya et les autres pins.
Les régions principalement boisées de feuillus sont la Kroumirie et les collines des Mogod alors que les résineux se concentrent dans les Monts d'El Kef et les massifs montagneux de la Dorsale, de Zaghouan à la frontière algéro-tunisienne dans le gouvernorat de Kasserine.

LES RICHESSES DES FORETS
Sans même avoir besoin de beaucoup réfléchir, on peut proposer une bonne vingtaine d'utilisations possibles de l'arbre : de la massue de l'homme préhistorique à la fabrication de produits chimiques modernes.
On peut parler d'arbres guérisseurs. Le caroubier (Ceratonia siliqua : Kharroub) en fait partie. En Tunisie, les feuilles fraîches du chêne zéen (Quercus canariensis : sindaniyet) ont des vertus cicatrisantes et hémostatiques alors que les zgougous, les aiguilles fraîches et même l'écorce desséchée du pin d'Alep (Pinus halepensis : Snouber) peuvent être des fortifiants, des cicatrisants et même des antitussifs.
On peut aussi parler d'arbres nourriciers avec les zgougous du pin d'Alep ou les glands du chêne que le bétail et les hommes peuvent manger. Il paraît que la manne qui a nourri les Hébreux dans le désert serait les fruits d'un tamaris que les nomades consomment encore.
Il existe aussi des « arbres parfumeurs ». Les planches de chêne des tonneaux « parfument », avec leurs tanins, les vins qui leur sont confiés. Les feuilles des eucalyptus distillées fournissent une huile très odorante.
Tous ceux qui commandent ou achètent des meubles constatent que le bois est une matière chère. D'ailleurs son prix a tendance à augmenter de 10 à 30 % depuis les années 2000, en particulier celui du bois de chauffage - énergie renouvelable vantée aujourd'hui, méprisée hier ! - face à l'augmentation du coût des énergies fossiles. Des « plaquettes forestières » sont fabriquées à partir de déchets de bois et de sciure agglomérés ainsi que d'emballages industriels.
Mais les bouchons de plastique pourraient représenter 75 % des bouchons en 2015. Actuellement, les bouchons de liège - qui « respirent » et améliorent le vin ! - représentent 70 % du marché mondial qui produit 15 millions de tonnes par an. Les forêts de chênes-lièges perdraient donc leur principal intérêt. Que deviendraient les populations à qui la récolte du liège apporte un complément de ressources non négligeable ?
On doit constater que, sous la pression démographique, engendrant une recherche effrénée de terres cultivables, la déforestation est patente dans les massifs montagneux du pays.
Spécialement en Tunisie où elle est prépondérante, la forêt de montagne joue un rôle essentiel dans le maintien de l'équilibre écologique. Elle est, tout à la fois : réserve de biodiversité, élément de la protection des sols, composante du patrimoine naturel et culturel, rouage primordial du cycle de l'eau et « puits de carbone ». De plus, elle a une véritable fonction économique en fournissant du bois, des sous-bois servant de pâturage, des feuilles et des fruits nourrissant hommes et animaux, des baies, des champignons, du gibier, etc ... Les milieux agricoles se dégradent tellement au plan de la biodiversité que les forêts servent de « zones refuges » à de nombreuses espèces animales et végétales.
La forêt est tout simplement indispensable : elle abrite, parce que relativement mieux protégée que les autres milieux, 90% des espèces végétales et animales terrestres.
On a constaté, en Europe, que les populations d'oiseaux avaient diminué de 27% en milieu agricole mais de 18 % - seulement ! - en milieu forestier. La forêt méditerranéenne a inventé aussi la « biodiversité paysagère ». Les végétaux se sont adaptés à la sécheresse grâce à de longues racines qui descendent profond, à des feuilles et des écorces épaisses qui visent à limiter l'évapotranspiration. Les massifs forestiers, maintenus « ouverts » par le pastoralisme, abritent une faune et une flore riches et variées. La biodiversité forestière se compose de 20 % de végétaux, de mammifères et d'oiseaux. Les 80 % restant sont des insectes. Elle est donc invisible : 1/3 des espèces dépendent du bois mort.
Puisque le mot a été écrit, il convient de l'expliquer. Le concept de biodiversité regroupe trois niveaux interdépendants :
- La diversité écologique ou diversité des écosystèmes.
- La diversité des espèces ou diversité interspécifique.
- La diversité génétique ou diversité intraspécifique qui constitue, pour une espèce, la possibilité de s'adapter aux modifications du milieu.
Les forêts tunisiennes ont déjà perdu les deux félins : le serval et le caracal. Le cerf de Berberie n'existe plus qu'en Kroumirie. Qu'en est-il des « petits oiseaux » ? La disparition des espèces est un fait naturel mais la révolution « thermo-industrielle » a accéléré, surtout au XXème siècle, le taux de disparition des espèces. Les extinctions d'espèces, qui se déroulaient sur des centaines, des dizaines de millénaires, ont lieu maintenant à une échelle de temps de l'ordre du siècle et surtout la responsabilité de l'homme est flagrante dans l'appauvrissement de la biodiversité. Elle serait « le tissu vivant de la planète » : un système d'interaction entre les espèces dont les hommes font partie et dont ils dépendent.
Les catastrophes écologiques « accompagnent » toujours des catastrophes économiques. L'accroissement de la pauvreté va de pair avec la dégradation de la nature : les disettes successives du Sahel Sud-Saharien le prouvent.
Plus on connaît, plus on comprend la Nature, plus on la respecte. L'ambition de la gestion de la biodiversité n'est pas d'avoir à certains endroits des espaces et des espèces protégés dans des « Parcs » et de laisser faire n'importe quoi ailleurs. La gestion forestière s'inscrit nécessairement dans une politique de développement durable qui est une gestion de l'ensemble, prenant en compte les conséquences à long terme et pas seulement le profit, l'utilité à court terme.
La protection de la biodiversité implique de définir la communauté qui peut se charger de sa gestion : reboiser au maximum la Tunisie implique un choix de vie des populations concernées, encadrées par les responsables politiques.

LES RICHESSES POTENTIELLES
Indépendamment des potentialités connues, telles que le bois, le liège, les ruches, les pâturages, la forêt tunisienne pourrait offrir de très nombreuses ressources qui commencent à être exploitées ailleurs dans un cadre très général qu'on pourrait appeler l'écotourisme.
La randonnée pédestre, équestre ou à V.T.T pourrait accompagner la cueillette de champignons, de fleurs ou de baies. 1h30 de promenade commentée se paie, en Europe, 20 € en moyenne par personne !
La chasse photographique succéderait à la chasse traditionnelle qui est déjà une activité lucrative. L'écoute du brame des cerfs en rut en automne est très « courue ».
Les cabanes d'hôtes se multiplient en France. Installées dans de beaux arbres, à 4 - 5 mètres du sol, isolées, chauffées, dotées d'eau courante et de toilettes, avec un panier hissé en guise de « table d'hôte », la nuit et le petit déjeuner se paient 90 € pour deux personnes. Les nuits en hamac, dans les arbres, existent aussi.
L'accrobranche est une activité en vogue même pour des « cadres stressés ».
Il existe mille occasions de se réunir, de se réjouir en forêt : promenade de nuit, course d'orientation, « la Nuit des chouettes », « la Journée des pics », les concours de bûcherons, les stages de sculpture du bois, etc ...
La population, qui se masse de plus en plus dans les villes, redécouvrirait, avec plaisir la forêt, si les « animateurs » compétents existaient en Tunisie.


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