Dans quelques jours, les Tunisiens de passage à Paris et se promenant dans les jardins du Palais Royal, au cœur du Paris historique, croiront rêver. Face aux célèbres colonnes de Buren, sur l'allée Montpensier, rue de Valois, une dizaine de vitrines seront entièrement consacrées à la Tunisie, à son art, à son artisanat et à ses métiers artistiques. Ce rêve, Mohamed Messaoudi à qui on a confié cette tâche exaltante de mettre en scène ce savoir-faire ancestral, le vit tout éveillé. Depuis le temps qu'il organise des expositions sur le patrimoine tunisien (cent, cent cinquante, peut-être ,il en a perdu le décompte), il n'a cessé de poursuivre ce fantasme : puiser, dans les réserves, les trésors cachés, mettre à contribution les ateliers de créateurs et montrer que la filiation existe, et que le savoir-faire a été transmis. Aussi, quand le ministère français de la Culture et de la Communication lui a offert, dans le cadre d'un plan d'action en faveur de la culture tunisienne, d'investir ces vitrines qui sont parmi les plus belles de Paris, et d'y présenter ces métiers d'art tunisiens, le travail de ces mains anonymes qui taillent, sculptent, tissent, nouent, cisèlent, gravent dans le secret de sombres ateliers, bien sûr, il a cru rêver, mais s'est tout de suite mis au travail. Car là, dans ces vitrines, sur cette allée Montpensier où aimait se promener Colette qui habitait au-dessus, où exposent régulièrement les élèves de l'école Boule, et tous les maîtres artisans de France, il fallait présenter dignement les métiers d'art tunisiens. Pas de thématique particulière pour cette célébration, sauf peut-être une place privilégiée consacrée aux femmes, celles par lesquelles le savoir est préservé et transmis, femmes des villes et des campagnes, potières, tisseuses, brodeuses… Et une volonté affirmée de mettre en valeur «le know how» des régions enclavées, quelquefois oubliées. Alors, sans déflorer ce qui sera exposé ni la scénographie adoptée, on sait néanmoins qu'il y aura des poteries modelées de Barama, de Kasserine et de Sedjnane, qu'on présentera des tissages de soie, des tissages, des bois sculptés, des bijoux. On sait aussi que l'on mêlera créations contemporaines et objets anciens, dans un désir d'illustrer la filiation et la relève, et que seront ainsi exposées quelques pièces exceptionnelles telles une petite porte de bois de palmier vieille de deux siècles, une sublime tunique de mariée de Raf Raf, des coffres polychromes étonnants. Ceci dans une mise en scène didactique et ludique à la fois, qui invitera quelques artistes à se mêler aux artisans, abolissant les frontières souvent rigides et conventionnelles de l'art et de l'artisanat