Par temps de crises, de guerres et de révolutions, certains en profitent pour faire leurs petites affaires... Ils ont d'abord nié toute intention d'avoir recours à ce stratagème bassement populiste et électoraliste. Ils ont —justement— avancé l'argument «légaliste» selon lequel ils ne peuvent décréter du jour au lendemain (c'est le cas de le dire) une augmentation du nombre des clubs en Ligue I. Puis, à court d'arguments, une petite idée électoraliste et populiste a commencé à faire son chemin : et si l'on titillait les instincts bassement naturels en proposant un projet d'augmentation des clubs de la Ligue I? Et si l'on poussait même un peu plus loin le bouchon et qu'on mettait la même chose sur la table concernant la Ligue II? Et si, pour faire passer le tout, on présentait ce projet sous forme de «demande de certains clubs des Ligues I et II?» Aussitôt pensé, bientôt fait : dans un grand geste sportif de grandeur d'âme et révolutionnaire, la Fédération tunisienne de football décidera de sauver du purgatoire quatre clubs, augmentera sa cote de popularité, se fera chaudement applaudir et bénéficiera d'une «légitimité historique et révolutionnaire» jusqu'à l'été 2014. Par cette décision, la Fédération tunisienne de football aura résolu tous les problèmes de notre sport-roi et le pays pourrait alors s'atteler à d'autres tâches... mineures : une constitution et des élections législatives et présidentielle. Pour la démocratie, il faudra sans doute consulter les membres de la FTF qui auront eu recours au «peuple des clubs» pour voter un projet qui fera date dans l'histoire du pays. Que disons-nous, dans l'histoire de l'humanité! Voilà en tout cas la grande initiative d'une institution sans légalité, sans directeur technique, sans président (Ali Hafsi est parti), sans argent (des centaines de milliers de dinars, des milliards dilapidés), sans aucune entente entre ses membres, sans un véritable projet (sauf celui de rester coûte que coûte jusqu'en 2014) et, surtout, sans aucune crédibilité. Les problèmes sont ailleurs Certains s'interrogent sur les raisons de notre colère qui frise, nous en convenons, l'agressivité et dépasse parfois la convenance sportivo-journalistique. La réponse est toute simple : le 14 janvier, tout un peuple s'est levé comme un seul homme pour que changent les choses, les mœurs et les pratiques. Tout comme les autres domaines, le football et le sport en général se sont vu offrir une chance unique d'opérer des réformes radicales que le ballon rond attend depuis des années. Malheureusement, en guise de réforme, on leur offre un cadeau empoisonné, tant sur le plan sportif que financier. Des clubs assurés de rester qui lèvent le pied au moment où la lutte pour le titre et le maintient bat son plein en Ligue I avec la polémique qu'on sait; avec des clubs, petits et grands, surendettés et qui ne voient pas le bout du tunnel. Deux clubs de plus? Nous ne sommes pas contre mais pas avant d'avoir —au moins— commencé à assainir une situation sportive et financière calamiteuse, pas avant d'avoir mis en œuvre les réformes nécessaires pour mettre fin à un état des lieux intenable de «professionnalisme démasqué» et de querelles de clochers qui ont mis à genoux le plus populaire de nos sports. C'est vrai que la FTF doit être indépendante, comme tient à le rappeler la Fifa, mais peut-on dire de cette fédération qu'elle l'a été? Et puis, cette fédération «financièrement dépendante» depuis toujours de l'autorité de tutelle a-t-elle le droit d'en faire à sa tête, de surcroît sur des décisions aussi stratégiques? L'autorité de tutelle, ils s'en accomodent bien comme ils se sont accommodés de la main-mise des ex-incontournables mais ils s'en lavent les mains aujourd'hui que tout leur semble permis. Encore une décision démagogique prise par des administratifs pour des intérêts strictements personnels. Ainsi est —encore géré— notre football.