• Un budget global de quatre millions de dinars La polémique qui s'est développée à propos d'un documentaire et la réaction légitime de la société civile contre la violence et pour la défense de la liberté d'opinion n'ont pas fait oublier aux cinéastes que leur secteur doit être considéré comme sinistré. Depuis de longues années, la Tunisie a perdu la place de choix qu'elle occupait dans le monde arabe et en Afrique. Les JCC n'ont plus, il faut le reconnaître, la même aura et au sein de la Fepaci, d'autres pays se distinguent, comme le Maroc qui a la faveur de certains gros producteurs et le Nigeria qui est désormais un autre «Hollywood». C'est pourquoi les cinéastes tunisiens s'inquiètent et multiplient les contacts avec le ministre de la Culture, M. Beschaouch qui, non seulement les écoute, mais partage leur inquiétude. Les réunions ont permis de reprendre le dossier dans son ensemble et sur la base d'une vision qui vise à préparer une stratégie pour l'avenir. Sur un point essentiel, il y a désormais un consensus : il est temps que la Tunisie ait un centre national de cinéma. Les textes pour la création et le fonctionnement de ce CNC sont prêts et leur version finale a été examinée avec le ministre, qui s'est, par ailleurs, réuni avec les experts français, appelés en consultation. Pour l'avenir aussi, il est envisagé de réviser de fond en comble le système d'aide et d'encouragement à la création et à la la production cinématographiques. Des commissions ad hoc réfléchissent aux modalités. Le soutien financier de l'Etat (qui s'exercera à travers le futur CNC) doit aussi être révisé à la hausse, compte tenu de plusieurs facteurs, notamment l'augmentation d'une année à l'autre des prix du matériel et des matériaux ainsi que des salaires et indemnités; la réduction progressive des aides étrangères (pays de la Francophonie, Fonds pour le cinéma, etc); la concurrence qui handicape le produit cinématographique tunisien; la faiblesse du marché intérieur tunisien. Cependant, tous ces problèmes n'ont pas empêché le ministère de s'occuper des dossiers, en cours. A cet effet, les commissions ont tenu leurs réunions périodiques et continueront de les tenir. Plusieurs points sont à rappeler ici. D'abord, il y a trois longs métrages et 20 courts dont les fonds de subventionnement sont en cours de versement, selon les formules habituelles, c'est-à-dire en fonds de l'avancement des tournages. Ensuite, nous avons 70 films (20 longs et 50 courts) auxquels le ministère a accordé exceptionnellement une période complémentaire, parce qu'ils ont subi, pour des raisons de force majeure (la révolution, notamment), des retards au niveau du tournage ou du montage financier. Une commission spéciale va s'atteler à leur examen pour soumettre à la décision du ministre une proposition du genre ou du montant de l'aide à leur octroyer. Finalement, et pour ce qui est de l'aide à la production des nouveaux films, dont la date de dépôt des scénarios a été reportée du 15 décembre 2010 au 30 juin dernier, pour permettre aux auteurs de profiter du nouveau climat de liberté, en changeant le contenu de leurs écrits et en bannissant toute forme d'autocensure, le comité de sélection se réunira —croit-on savoir— fin septembre pour choisir les «heureux élus». Ce n'est pas trop tard, puisqu'un délai de huit à dix semaines, pour lire et annoter 50 longs métrages et 70 courts, est un minimum. Terminons par relever que le budget global alloué aux différents encouragements, aides et subventions s'élève désormais à quatre millions de dinars.