La rébellion libyenne a réfuté mercredi des accusations selon lesquelles elle se serait livrée récemment à de graves exactions contre des civils dans le pays, mais a reconnu des faits de ce type au début du soulèvement et promis des poursuites. Le numéro deux de la rébellion libyenne, Mahmoud Jibril, a admis que "quelques incidents" s'étaient produits durant les deux premières semaines de l'insurrection, lancée à la mi-février contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi. Mais "ce n'est plus le cas dans les zones libérées", a affirmé le "ministre" des Affaires étrangères du CNT (Conseil national de transition), cité par l'agence de presse Belga, en marge d'une rencontre avec le gouvernement belge. Un peu plus tard, à l'issue d'une réunion avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, M. Jibril s'est montré plus précis et a souligné qu'une enquête était en cours. "Ces incidents se sont produits au tout début de la révolution et nous enquêtons sur ces affaires", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "Nous sommes opposés aux violations des droits de l'Homme, d'où qu'elles proviennent. Les responsables de ces actes seront traduits en justice", a assuré le numéro deux de la rébellion. Il était interrogé sur des accusations de l'ONG Human Rights Watch (HRW), qui a affirmé que ces exactions ont eu lieu en juin et juillet et jusqu'à la semaine dernière, alors que les rebelles engageaient leur offensive à partir du Djebel Nafussa, une région montagneuse au sud de Tripoli. Selon HRW, les combattants rebelles et leurs sympathisants ont saccagé des biens, brûlé certaines habitations, pillé des hôpitaux, des maisons et des commerces, et frappé certaines personnes soupçonnées de soutenir les forces gouvernementales. M. Barroso, sans réagir directement à ces accusations, a lancé une mise en garde voilée au responsable du CNT en soulignant que l'Union européenne était certes prête à apporter son aide à la reconstruction du pays, mais pour bâtir "une Libye démocratique et respectueuse de l'Etat de droit". M. Jibril a pu néanmoins profiter de sa visite pour poursuivre son offensive de charme à l'égard des Occidentaux et asseoir un peu plus la légitimité de la rébellion. Les trois pays du Benelux (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas) ont à cette occasion reconnu le CNT comme "légitime représentant" du peuple libyen pendant la période de transition. La France avait ouvert le bal en mars et de nombreux pays de l'Otan l'Allemagne, les Etats-Unis, l'Italie, la Grande-Bretagne, la Pologne et la Turquie notamment-- ont depuis reconnu le CNT. Mais plusieurs membres de l'Otan n'ont pas franchi le pas. M. Jibril a été reçu mercredi au siège de l'Alliance atlantique pour une réunion "informelle" avec les ambassadeurs des 28 pays alliés - une première - et une rencontre avec le secrétaire général de l'organisation, Anders Fogh Rasmussen. "Ils ont une grande responsabilité dans la transition en douceur vers un avenir démocratique et ouvert en Libye", a souligné M. Rasmussen. Par ailleurs, M. Jibril n'a pas critiqué le fait que l'Otan puisse poursuivre son opération en Libye durant le mois de ramadan, en août, si les forces du colonel Mouammar Kadhafi ne respectent pas de trêve pendant le mois saint de jeûne pour les musulmans. "Si notre peuple est bombardé, si notre peuple est agressé, alors toutes les lois morales, toutes les lois religieuses, toutes les lois qu'elles soient célestes ou autres autorisent ceci", a-t-il dit.