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De la précarité naît l'espoir
Reportage : Dans une famille à faible revenu
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 07 - 2011

La petite famille de Zied Jouini habite à Djebel Lahmer, l'une des zones défavorisées de la capitale rebaptisée, depuis quelques années, cité Zayatine ou des Oliviers) qui colle aux habitants tel un tatou sur la peau. Le terme «Djebel Lahmer» ( la Montagne rouge) a été inventé dans les années 60 pour désigner ce lieu où des Tunisiens fuyant la misère des régions de l'intérieur ont afflué en quête d'un avenir et de conditions de vie meilleures. Pourquoi le rouge? Ce détail revient essentiellement à la couleur standard des «maliya» que portent les femmes rurales, mais aussi à la couleur des briques nues des maisons inachevées par faute de moyens. La famille de Zied, formée depuis deux ans, suite notamment à son mariage, fait partie de cette population. Ici, les gens vivent de peu. Les dépenses liées au ménage sont placées sous le signe du goutte-à-goutte, du nécessaire en fermant toujours l'œil sur le superflu.
La maison où vit Zied, ainsi que sa petite famille, se situe dans une ruelle au beau milieu du Djebel. Loin d'être sa propre maison, elle appartient à sa belle-mère; une femme d'un certain âge qui – outre sa contribution par le logement – participe au budget familial grâce à une pension d'une valeur de 100DT. Il s'agit d'une petite maison qui, en dépit de l'absence de tout signe de luxe, reflète le souci d'une hygiène infaillible et d'un rangement confortable. Zied, lui, travaille comme agent de propreté à la municipalité. Ce noble travail a été pourtant, des décennies durant, perçu comme étant subalterne et ne méritant pas plus de 180DT par mois. «J'ai passé onze ans dans ce métier, endurant un statut instable et un salaire médiocre ne couvrant pas les stricts besoins de ma famille. Tout au long de ces années, j'étais un simple agent occasionnel. Je vivais au jour le jour, me débrouillant un tant soit peu pour nourrir ma famille et apporter à mon fils Aman Allah le lait, les couches et la crème anti-irritation dont il a besoin», avance notre interlocuteur, tenant sa progéniture dans ses bras. Layla, la femme de Zied, venait à peine de terminer le pliage du linge, une tâche qu'elle exécute dans les règles de l'art. Cette mère au foyer, âgée de 38 ans, n'a pas terminé ses études. Son niveau d'instruction s'arrête tout juste à la 6e année primaire. Elle a grandi dans une famille nombreuse où elle avait un rôle important, celui de prendre soin de son père diabétique et amputé d'une jambe et d'aider sa mère dans le ménage. Son expérience dans la vie active est limitée aux travaux ménagers effectués occasionnellement. Layla est la gestionnaire du ménage. C'est à elle que Zied confie son petit salaire et c'est à elle qu'incombe la responsabilité de s'en tirer. «Je ne peux vous dire comment je parviens à joindre les deux bouts. Mais j'y arrive à chaque fois. Mon principe consiste à ne jamais emprunter auprès des gens, ne jamais acheter à crédit. Ma résignation et ma patience sont, sans aucun doute, mes points forts», nous confie Layla, souriante.
Les timides moyens de cette petite famille et les années passées dans la nécessité n'ont, heureusement, pas réussi à aigrir ce couple. Zied et Layla ont quand même réussi à surmonter les pires épreuves. Zied se souvient de la naissance de Aman Allah et des six premiers mois durant lesquels il devait dépenser 11DT tous les quatre jours pour s'approvisionner en lait, en couches et en crème anti-irritation. Durant cette période, toute dépense imprévue chamboulait de fond en comble le budget familial. Le rechargement, inéluctable, d'une bouteille de gaz s'averait, ainsi, comme un désastre.
«Pour ce qui est de mes petites dépenses quotidiennes, à savoir mes cigarettes et mon café, je les reçois surtout sous forme de cadeaux de la part de mes amis et voisins», avoue Zied. Et d'ajouter que ses besoins en habits neufs passent toujours au dernier plan. «L'essentiel, renchérit-il, est que ma famille ne manque de rien».
Une cousine à Layla fait son apparition. Elle vient prendre Aman Allah pour faire un tour dans le quartier. Le petit bout de chou n'affiche aucune résistance, ravi de prendre l'air et d'échapper, pour un moment, aux moustiques qui s'apprêtent à envahir les lieux.
Après la crise, la délivrance
La situation économique de cette famille à faible revenu s'est, sensiblement, améliorée depuis le mois dernier. La révolte populaire a, en outre, été marquée par la révolution des agents municipaux qui ont crié «non!» à l'injustice et à l'esprit esclavagiste. Les grèves des agents de propreté occasionnels, menées à trois reprises, ont démontré toute l'importance de ce travail à la fois noble et ingrat. Le spectacle des tas d'ordures ménagères jonchant les rues, les quartiers et les avenues prestigieuses de la capitale restera, à jamais, gravé dans la mémoire du Tunisien. Ces grèves ont, finalement, été fructueuses. Les parties concernées ont été obligées de réviser la situation professionnelle et économique des agents occasionnels. Le mois dernier, Zied a touché, et pour la première fois de sa vie, un salaire rassurant de l'ordre de 340DT. «Et ce n'est qu'un salaire de base, puisqu'il est question de le consolider par d'autres indemnités, telles que la prime d'odeur, celle de risque, ainsi que la bourse relative à ma femme et à mon fils», précise notre interlocuteur. Avec un salaire frôlant les 450DT, cette petite famille parviendrait à faire des projets et à vivre dans la dignité. Zied rêve d'acquérir une maison propre à lui; un rêve devenu réalisable. «Je pourrais, peut-être, prendre un crédit et construire une petite maison», pense-t-il. Quant à Layla, elle souhaite élever son fils dans de bonnes conditions et mener une vie paisible.
Zied et Layla ont, ainsi, retrouvé l'espoir en des lendemains meilleurs. Mais, à vrai dire, ce couple n'a jamais perdu espoir. Les gens simples vivent toujours d'espoir.


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