Nouvelle sortie télévisée du Premier ministre M.Béji Caïd Essebsi, différente cette fois-ci des précédentes. Elle intervient dans un contexte marqué par une recrudescence de la violence dans certaines régions du pays : la montée des critiques visant l'action du gouvernement et la propagation de rumeurs remettant en cause les prochaines échéances électorales. Dans une brève adresse, il a dénoncé les actes de violence qui se sont produits au cours des derniers jours, accusant, sans les nommer, certains courants extrémistes et des personnes tapies dans l'ombre d'être derrière ces violences dans le but de faire avorter le processus électoral. Faisant le lien entre l'échec du sit-in de la Kasbah et les troubles survenus à l'intérieur du pays, il a déploré les agressions dont sont victimes les forces de l'ordre et a fustigé le double langage et la duplicité de certaines sensibilités politiques qui «doutent de leur capacité à réussir dans l'opération électorale, laquelle va déterminer leur vrai poids, chose qui leur fait peur». Si manifester reste un droit, vivre normalement sans crainte d'être inquiété ni dans sa vie, ni dans son travail ni pour ses biens, ne l'est pas moins. Le Premier ministre semblait excédé par ces sit-in et ces grèves et autres arrêts forcés de travail qui n'en finissent pas et qui ont touché des secteurs vitaux. Préjudiciables aussi bien à l'économie qu'à l'image du pays. Privilégiant le dialogue et la concertation, il en appelle à toutes les parties et en premier lieu les citoyens pour assumer leurs responsabilités en cette période délicate et cruciale que traverse le pays. Le gouvernement, à lui seul, ne peut pas circonscrire la violence ni assurer la bonne conduite du processus en cours sans l'apport et l'implication des partis politiques, de la société civile et des médias. Les médias auxquels il reproche, du moins à certains d'entre eux, de verser dans le sensationnel, appelant dans des termes à peine voilés à la sédition et à la violence et coupables, selon lui, d'alimenter les rumeurs. Leur rôle est très important. C'est pourquoi ils doivent véhiculer un discours mobilisateur qui rompe avec les anciennes pratiques démagogiques. Un discours rassembleur, sans fioritures, qui reflète les véritables préoccupations du peuple, ses attentes et ses aspirations. Il est évident que le droit à l'information et la liberté de la presse ne doivent en pâtir. L'espace de liberté qui s'est ouvert devant les journalistes et qui demande à être élargi doit couvrir tous les champs d'action. La communication, faut-il le souligner, est très importante, notamment en cette conjoncture difficile, dans la prise de décision et le dialogue social. Les rapports entre les médias et le gouvernement ne doivent pas souffrir un quelconque malentendu. Confirmant, de manière péremptoire, le respect de la feuille de route tracée depuis mars dernier concernant l'élection d'une Assemblée nationale constituante à la date du 23 octobre prochain, date qui a bénéficié d'un large consensus, et l'engagement du gouvernement à la faire réussir, M. Béji Caïd Essebsi s'est montré ferme face aux tentatives de certains de faire échouer la transition vers la démocratie. Conscient de la difficulté de l'étape, il a affirmé la prééminence du rôle de l'Etat dans le rétablissement de la sécurité et la stabilité. Réitérant l'engagement pris par tous les membres de son gouvernement de ne pas se présenter aux prochaines élections et de se consacrer au travail, il a affirmé ne pas rester au-delà de l'installation de l'Assemblée nationale constituante à qui son gouvernement passera le relais. Promesse sera, donc, tenue. Point de supputations ni de place pour les rumeurs qu'il juge infondées. Le doute est levé. Le message sera-t-il dès lors reçu ? Première réaction et non des moindres, celle de l'Ugtt qui, par la voix de son secrétaire général, M. Abdessalem Jrad, trouve intolérable que certaines gens exploitent «la conjoncture délicate que traverse le pays à des fins étriquées», invitant à «placer l'intérêt du pays au-dessus de toute autre considération». A leur tour, des partis politiques et des organisations de la société civile «ont condamné les actes de violence et rejeté tout ce qui est de nature à menacer la stabilité et la sécurité du pays». Reste que «le peuple tunisien qui a pu faire face au tyran est capable, aujourd'hui, de protéger les acquis de la révolution». Affirmation de M.Béji Caïd Essebsi.