L'Espérance Sportive de Tunis a ajouté hier la coupe, la 13e de son histoire, au championnat.Et dans les deux cas, le vaincu a été l'Etoile Sportive du Sahel, le Poulidor de la saison. Au bout d'une finale d'un niveau très moyen, tendue et crispée dans sa première moitié avant que les acteurs ne pensent plus qu'au jeu,ou presque, le club sang et or a témoigné de son réalisme légendaire et de son esprit de corps habituel.Car il lui a fallu puiser au fond de ses ressources physiques et mentales les plus profondes après une saison marathonienne de treize mois. Aligner le plus grand nombre d'attaquants n'est pas un garant de jeu offensif : Mondher Kebaier l'a appris hier à ses dépens.Au départ, le coach étoilé alignait côte à côte Danilo, Chehoudi, Santos et Akaichi.Quatre éléments à tempérament offensif.En face, Nabil Maâloul, tel un entraîneur italien du bon vieux catenaccio ne titularisait aucun joueur de pointe : exit Dramane et N'djeng, il a laissé sur le banc Ayari pour ne compter pratiquement que sur des joueurs de milieu: Darragi, Msakni, Afful et Bouazzi.Derrière, rien que des porteurs d'eau.Mais chacun des milieux offensifs pouvait se transformer à tout moment en avant-centre : tour à tour Darragi, Msakni et Afful furent en position de conclure.Ils viennent de loin et s'engouffrent dans l'arrière-garde de Falhi et Diatta. La mainmise au milieu était tunisoise.Les duels tournèrent à l'avantage du club de Bab Souika. Mais, un Etoilé au moins aurait mérité hier de monter sur le podium : Ahmed Akaichi, meilleur joueur sur le terrain, un gladiateur qui lutta seul ou presque contre toute l'arrière-garde adverse.Il a été tout près d'égaliser sur des raids solitaires, car on n'a pas vu hier , pour l'approvisionner en bons assists,le meilleur Danilo qui a dû subir des charges musclées en début de partie qui l'affectèrent énormément.Akaichi peut partir en Ligue 2 allemande dans son aventure professionnelle avec la conscience du devoir accompli.Il n'a jamais épargné un brin d'effort pour l'ESS et aura été exemplaire de bout en bout.Salut, coeur de lion! Avec un côté droit boosté par Derbali, Afful et Bouazzi, Hatem Bejaoui devait craquer à un moment ou à un autre . 42': Afful, Msakni, Derbali pour Darragi qui marque dans une cage vide.Une photocopie-encore une-des buts de Darragi contre le CA en championnat et de Msakni contre le ST en demi-finale de la coupe.Jabnoun avait oublié dans son dos Darragi lequel, après sa dizaine de buts en championnat, aura sans doute inscrit hier sur la pelouse teigneuse , pitoyable et indigne d'un tel évènement de Radès, son but le plus important de la saison. Cela s'est joué sur un détail , sur une mauvaise couverture diagonale.Une fois le but marqué, il était difficile d'attendre de la part des Etoilés une plus grande réaction.On était un 25 juillet, les organismes étaient largement atteints.De plus, les deux "encadreurs", Santos et Chedly, recrutés pour apporter le plus, étaient sans doute passés à côté du match, hier. Santos craque D'ailleurs, comment ne pas insister dans l'échec étoilé sur la part décisive prise par Francileudo Silva Dos Santos , expulsé au bout d'un quart de jeu pour un crachat sur Khaled Korbi.En condamnant ses coéquipiers à jouer 75 minutes en infériorité numérique, il a brouillé les cartes de son entraîneur et de son équipe. Triste sortie du buteur de la CAN 2004 qui a vécu hier un cauchemar, lui le vieux routier qui en a vu bien d'autres et qui succombe à la pression et pénalise la stratégie offensive de son club en condamnant son alter ego de l'attaque, Akaichi à une superbe solitude.L'exécuteur des hautes oeuvres étoilées (14 buts en championnat, le goleador de la saison) a longtemps lutté seul contre deux ou trois cerbères.Avec une abnégation, un courage et une santé remarquables. Ainsi, le geste aux lourdes conséquences de Santos démontre que, point de vue maîtrise nerveuse, le club de Bab Souika était dans de meilleures dispositions mentales, avec moins d'excitation et plus de roublardise (n'est-ce pas Korbi ?). Car l'ESS a été trahie par une certaine fébrilité et par les retombées de ce qu'il considéra sur une saison de graves injustices. Le club étoilé peut espérer finaliser son projet engagé cette saison dès la reprise, le 25 septembre prochain.A condition d'oeuvrer dans le sens de la continuité et de la stabilité.Une bonne base de lancement est là. Quant à l'heureux élu de Dame coupe en cet An I de la révolution, eh bien, il a trouvé les clés du succès sur le plan national.Sa suprématie a été totale. Il lui reste à présent à chasser le fantôme de la Ligue des champions qui l'obsède depuis une éternité. Rideau donc sur la saison nationale.Il faut se rappeler en ce crépuscule en plein été que le foot reste un jeu et que le pays a bien d'autres priorités que de focaliser sur la guerre de tranchées à laquelle se livre la famille du foot chaque dimanche que Dieu crée.