Fini, semble-t-il, la restriction des actions sociales aux seules institutions étatiques et aux ONGs spécialisées. Le secteur privé se réjouit, désormais, de la possibilité d'occuper à son tour le terrain d'un marketing à la fois intelligent et utile pour tous. Les Tunisiens ont pris l'habitude de regarder sur leur petit écran des spots purement publicitaires qui mettent en valeur certains produits et incitent, tant directement qu'indirectement, à leur consommation. Cette année, à l'occasion d'un Ramadan post-révolutionnaire, les spots, eux aussi, se sont imprégnés d'un air nouveau. Par ailleurs, bon nombre de sociétés privées ont marqué le coup par des actions de promotion à caractère social. L'idée étant de faire d'une pierre deux coups : mettre en avant les produits et inciter le secteur privé et les citoyens à œuvrer, ensemble, afin d'apporter des réponses à certains problèmes rémanents à caractère social ou humanitaire. Le choc dû à la révolution, suscité par le cri des régions défavorisées et vouées à l'oubli, ne laisse aucun Tunisien indifférent. C'est pour cette raison que l'un des opérateurs de téléphonie mobile a eu l'idée, à l'occasion du mois saint, de consacrer 20 millimes sur chaque recharge pour des actions sociales. C'est aussi pour cette raison qu'une marque connue de pâtes alimentaires s'engage dans une action sociale visant à mettre des bus à la disposition des élèves habitants des zones défavorisées afin de leur faciliter l'accès à l'école. «Cette initiative—conjuguant à la fois les efforts du secteur privé, ceux du secteur public, mais aussi toute la société tunisienne—, s'avère nouvelle en son genre. Il faut dire que, pour ce qui est de l'Unpa, nous avons déjà réalisé des actions publicitaires à caractère social, dont celle remontant à 2005 et soutenant le village SOS Gammarth pour les enfants sans soutien familial ou encore la caravane spécial Gaza, qui a été avortée par l'Etat», précise Mme Olfa Mellouli, qui préside aux destinées de l'entreprise de pâtes, Epi d'or, pour, justement, la citer. Cette année, il était inconcevable que cette entreprise s'adonne à des publicités ordinaires, comme si de rien n'était. L'initiative «Atini kari» a été donc conçue en collaboration avec le ministère de l'Education, et avec la contribution citoyenne dans l'optique de consacrer un pourcentage des bénéfices réalisés tout au long de Ramadan pour l'acquisition de bus en faveur des écoliers et élèves habitant les zones rurales défavorisées. «Le problème du transport dans ces régions s'avère important et se répercute négativement sur le parcours scolaire des élèves. Or, ces enfants sont l'avenir de la Tunisie. Démotivés, ils finissent, évidemment, par délaisser l'école, d'où le flagrant taux d'échec scolaire. C'est pourquoi il est impératif de trouver des solutions facilitant l'accès aux écoles et aidant les enfants à reprendre goût aux études», souligne Mme Mellouli. Cette première expérience, basée sur la participation citoyenne, prendra fin à la fin de Ramadan 2011. Toutefois, elle permettra, sans doute, d'asseoir une nouvelle conception de la promotion commerciale : une conception fondée sur un marketing allié à l'esprit de solidarité citoyenne et du souci de veiller ensemble à la résolution des problèmes, pour une Tunisie plus harmonieuse et, surtout, plus équitable.