* A quelques jours du Ramadan, les ménages ont la hantise de la pénurie et de la hausse des prix...Et puis, il y a la rentrée scolaire et l'Aïd... Quelques jours nous séparent du mois de Ramadan, ce mois qui revêt une grande importance chez les Tunisiens aussi bien spirituellement que traditionnellement. C'est ainsi que les ménages s'y préparent comme à une grande fête. Les préparatifs touchent à tout : du grand ménage de la maison jusqu'à l'approvisionnement en denrées alimentaires nécessaires, en passant par le renouvellement de certains ustensiles ou appareils électroménagers pour la cuisine. Ce qui nécessite un grand budget. C'est la tradition qui voit en ce mois saint un autre rythme de vie, une autre façon de vivre toute différente de celle à laquelle on est habitué durant toute l'année. Cependant, pour certains, le Ramadan ne doit pas être l'occasion de dépenses inutiles et c'est le côté spirituel qui doit plutôt prévaloir durant ce mois.
Autre ramadan, autres mœurs ? En effet, quelques jours ou même quelques semaines avant l'arrivée du mois saint, les familles commencent à consacrer toutes leurs préoccupations pour recevoir ce mois dans les meilleures conditions possibles. C'est surtout les femmes qui veillent à ne rien laisser au hasard ; elles pensent à tout : on les voit dans les souks hebdomadaires pour se ravitailler de toutes sortes d'épices, de fruits secs et d'autres produits de conserve utiles aux tâches culinaires et aux recettes gastronomiques. On les voit également dans les magasins et les grandes surfaces en train de faire leurs emplettes en électroménager, prêtes à changer tous les appareils électriques jugés défectueux ou périmés par l'usage : du simple mixer au four électrique et même le réfrigérateur ou la cuisinière ! Quant aux hommes, ils s'intéressent à certains travaux de réparation ou de peinture, souvent superflus, mais dictés par la tradition, qu'ils font faire et qu'ils doivent achever avant l'arrivée du Ramadan. C'est que ces préparatifs sont effectués dans toutes les régions et les villes du pays, selon les coutumes propres à chacune. Même les habitants des zones rurales se préparent à leur façon à accueillir ce mois saint vénéré par tous ! Il faut dire que de telles traditions persistent encore dans les familles traditionnelles, elles ont tendance à disparaître d'une année à l'autre. Chez les habitants des grandes villes. En effet, certains ménages aujourd'hui, appartenant aux nouvelles générations, semblent ne pas accorder la même attention quant aux préparatifs destinés à ce mois. On voit de moins en moins les jeunes couples se ruer avec engouement sur les denrées alimentaires et d'autres produits de consommation. La plupart de ces jeunes couples préfèrent se ravitailler en produits alimentaires au jour le jour, selon leurs besoins et selon leurs bourses, tant que tous les produits existent en abondance sur le marché. Démarche raisonnable d'autant plus que le prix de certains produits peut varier d'un jour à l'autre et suivant les lieux, à moins qu'il n'y ait des cas de spéculation ou de fraude pratiqués ça et là par des commerçants peu scrupuleux, malheureusement chose très fréquente durant le Ramadan, supposé être le mois de la piété, de la rectitude, de l'entraide et de la probité !
Conjoncture En cette fin du mois d'août, les supermarchés sont partout témoins d'un afflux énorme de clients venus de toutes parts pour faire leurs stocks en denrées alimentaires pour le mois de Ramadan. Selon les clients et les commerçants avec qui nous avons eu l'occasion de parler, cette affluence s'explique par la crainte d'une hausse possible des prix de certains produits pendant le mois saint. Une demande accrue des produits de première nécessité a été surtout remarquée lors des achats effectués par ces clients, à savoir, les pâtes, le riz, les huiles, le lait, les conserves (tomate, harissa, thon...) Cette hantise de la hausse des prix est peut-être justifiable par la conjoncture mondiale qui a connu ces derniers mois des augmentations substantielles des prix de certains produits alimentaires (blé, farine, riz...) qui ont eu sans doute des répercussions néfastes sur le pouvoir d'achat des ménages en Tunisie, comme dans la plupart des pays dans le monde. Pour les consommateurs tunisiens, déjà harassés par les multiples dépenses des grandes vacances, ils auront à affronter trois occasions que le destin a groupées en même temps : le Ramadan, la rentrée des classes et l'Aid, tous demandent un budget bien dopé. Une épreuve très dure à affronter par les ménages à un moment où la détérioration du pouvoir d'achat des consommateurs s'intensifie chaque jour davantage suite aux hausses successives des prix des carburants et des denrées alimentaires effectués ces derniers mois. Les dernières statistiques de l'INS indiquent que les prix des produits alimentaires ont augmenté de 9% entre janvier et juin 2008. Le tableau ci-joint nous présente les indices des prix à la consommation familiale, non seulement concernant l'alimentation mais aussi d'autres domaines. La comparaison entre ces indices de juillet 2008 et ceux relevés dans la même période de l'année 2007 fait ressortir une différence notable. Et nous donne une idée sur la cherté de la vie, due à la hausse des prix de plusieurs matières qui n'est pas accompagnée d'une révision des salaires. Des milliers de salariés attendent encore la fin des négociations sociales qui, espérons-le, vont déboucher sur une bonne augmentation des salaires qui puisse mettre un peu d'équilibre dans le budget des ménages. Ce qu'il faut aussi espérer surtout, c'est que les opérations de contrôle se multiplient durant le mois de Ramadan pour mettre fin aux fraudes et aux spéculations de la part de certains commerçants sans scrupule.