Les Musulmans d'origine "tatar" sont installés en Pologne depuis plus de 600 ans. Ils étaient appréciés et reconnus par les rois polonais comme d'excellents guerriers. En plus de leur courage, ils se sont distingués par leur loyauté sans borne ni limite. Cette règle de conduite leur ouvrira l'accès direct à l'armée par la grande porte. C'est ainsi que depuis plus de six siècles, il y eut des unités de Tatars musulmans avec leurs Imams. Ils avaient le droit de pratiquer leur religion sans problème aucun. Aussi les Musulmans polonais, qui constituent maintenant une petite minorité, étaient-ils représentés par un mufti. L'avant-dernier mufti, Jakub Sienkiewicz, a été forcé à quitter le pays pendant la Seconde Guerre mondiale, vers l'an 1943. Après sa mort en 1965, la Pologne est restée sans mufti, jusqu'au début de ce XXIe siècle. En fait, il n'existait pas de candidat valable pour tenir ce poste si important. De plus, la plupart de l'intelligentsia polonaise tatare a perdu la vie pendant la guerre, sans compter les personnes contraintes à l'émigration. Enfin, le 20 mars 2004, pendant le XVe congrès de l'Association religieuse des Musulmans polonais, on a choisi monsieur Ahmed Tomasz Miskiewicz, âgé seulement de 27 ans à l'époque, comme mufti de la République polonaise. Ce dernier a vu le jour le 9 juillet 1977 dans une famille de Tatars habitant la ville de Bialystok et où il compte trois frères et une sœur. Le petit Ahmed a eu la chance d'étudier le Coran depuis sa prime enfance. Intelligent, studieux et très calme, il adorait lire et apprendre les textes saints et s'appliquait avec passion et bon cœur à cette tâche. Par son sérieux il s'est distingué des autres élèves, ce qui a poussé son professeur à tout faire pour que son élève parte et pousse ses études théologiques. C'est ainsi qu'il a étudié en Syrie, au Soudan et en Arabie Saoudite. Il a même passé sept ans à Médine. Presque chaque semaine, il partait à La Mecque où il passait toute une journée à prier. En l'an 2000, il retourne en Pologne et presque tout suite, devient Imam à Bialystok, tout en dispensant des cours d'Islam à l'école primaire (dans les écoles polonaises, on donne des cours de catéchisme ou des autres religions, suivant la croyance des habitants). En l'an 2003, il devient directeur du Centre culturel de l'Islam à Varsovie, capitale de la Pologne. Depuis son élection comme mufti, M. Miskiewicz mène une vie très active. Il préside plusieurs associations, prend part à d'innombrables conférences un peu partout dans le monde, ce qui l'amène à voyager fréquemment. De temps en temps, il visite aussi, dans la discrétion la plus absolue, la Tunisie qui est devenue presque sa destination préférée. Depuis quelques années, il organise et préside le comité du Hajj (pèlerinage) des Musulmans polonais. Malgré son haut poste et ses importantes charges, Ahmed Tomasz Miskiewicz demeure un homme très modeste, qui sourit et qui parle à tout le monde simplement, tout en étant à l'écoute des interrogations et des demandes d'éclaircissement. Marié à Barbara, une Tatare polonaise musulmane, il prêche le bien, la clémence et l'amour entre les musulmans et les non-musulmans (chrétiens, juifs et autres). Que ses appels soient écoutés par Dieu et par les hommes et qu'il soit compris et soutenu par le gouvernement polonais.