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Le sourire d'un enfant ...
Reportage: La vie au Village SOS de Gammarth
Publié dans Le Temps le 15 - 01 - 2007

Depuis 22 ans, le village SOS de Gammarth accueille des enfants issus pour la plupart de familles pauvres et dysfonctionnelles. Ces enfants remplis de vie, d'énergie et de bonne humeur ont trouvé là-bas la chaleur d'un foyer et surtout l'amour d'une mère.
C'était jour de fête au Village SOS de Gammarth. À l'occasion de la journée de l'enfant, des clowns, des magiciens et des joueurs de flûte sont venus divertir les petits au jardin d'enfants. Sur les airs de la danse des canards, les frimousses ont sauté et dansé avec visiblement beaucoup de plaisir. Et à 16 heures, quand la fête s'est terminée tout le monde est rentré complètement épuisé !

Une vie de famille quasi typique
Les deux petits garçons de Melika sont arrivés en courant à la maison pour montrer à leur mère les cadeaux qu'ils avaient reçus. Melika est une maman SOS. Il y a 20 ans, cette femme de 49 ans a décidé de se porter volontaire pour élever une famille. Une décision qui ne se prend pas à la légère ! Être une maman SOS, c'est consacrer sa vie à une cause : celle des enfants en difficulté en quête d'amour, de chaleur et d'attention. On ne peut pas avoir ni de mari ni ses propres enfants. « Vivre une grossesse, ce n'est pas ça le plus important. Une mère, c'est celle qui élève un enfant et pas nécessairement celle qui enfante », estime Melika qui a maintenant cinq garçons et deux fillettes. Ses enfants, elle en prend soin comme la prunelle de ses yeux ! Comme toutes les mamans du monde, elle les dorlote, les soigne et les écoute. Elle fait leurs leçons, leur lit des histoires et s'amuse avec eux. Elle organise des fêtes, leur fait des gâteaux et des couscous. « La spécialité chez moi, c'est le m'laoui. Les enfants en raffolent ! », dit-elle. Et comme tous les enfants du monde, ils se chamaillent parfois pour avoir le dernier morceau !

« On essaie le plus possible que ces enfants vivent comme dans une famille normale », indique le directeur du Village, Imed Labbane. « Les mères les accueillent quand ils ont moins de 6 ans et elles s'en occupent jusqu'à l'âge environ de 16 ans. Par la suite, les gars et les filles vivent dans des maisons séparément avec des grands-mamans où ils doivent faire eux-mêmes les tâches ménagères », précise-t-il. Pour combler les besoins de ces enfants, les mamans SOS reçoivent, chaque mois, quatre budgets pour l'alimentation, les vêtements, la scolarité et pour avoir un peu d'argent de poche. Avec cet argent, elles achètent ce qu'elles veulent pour ne pas habiller leurs enfants tous de la même manière ! À vrai dire, les mères élèvent leurs enfants comme bon leur semble en préservant les traditions musulmanes. Elles n'ont pas vraiment de restrictions. Si elles veulent, elles peuvent recevoir la visite de leurs amis et de leurs familles. Certaines d'entre elles ont même des voitures pour faire leurs courses ou pour sortir les enfants. Six jours par mois, elles ont aussi droit à des congés pour se reposer un peu. Pendant leur absence, c'est alors les « tantes » du village qui s'occupent des enfants. Ces tantes vivent généralement dans les maisons avec les mères pour leur donner un coup de pouce. Elles prennent même leur relais quand arrive l'heure de la retraite à 60 ans.


Du soutien pour faire face à la réalité
En plus de cette aide, les mamans SOS sont aussi supportées par une équipe de professionnels composée du directeur, d'un psychologue, d'un comptable et d'un éducateur spécialisé. Une fois par semaine, un psychiatre et un médecin passent également au village pour faire le suivi médical des enfants. « La plupart des enfants ont besoin de soins spécifiques. Ils sont en très bonne santé, mais plusieurs ont subi des chocs et des traumatismes en très bas âge. Ils ont des carences affectives et des anomalies de comportements parce qu'ils ont vécu des situations très pénibles avant d'arriver au village », explique monsieur Labbane. Des services ont aussi été mis en place pour essayer de garder les liens avec les familles naturelles des enfants. « On essaie de ne pas couper tous les contacts et même d'avoir des photographies des parents naturels. Sinon, c'est vraiment difficile pour un enfant de n'avoir jamais vu le visage de sa mère », ajoute-t-il. Evidemment, c'est surtout à l'adolescence que tout se complique. Vers l'âge de 12 ans, les jeunes prennent conscience de leur réalité. Ils réagissent la plupart du temps très intensivement. Au collège, ils ne veulent absolument pas être étiquetés comme des enfants SOS.

Melika trouve d'ailleurs très difficile d'expliquer à ses enfants leur situation réelle. « Ça me déchire le cœur quand ils me demandent d'où ils viennent et qui sont leurs parents naturels », souligne-elle. Ces questions sont pourtant incontournables pour les mères SOS. Heureusement, des réunions sont organisées une fois par mois avec des psychologues et des éducatrices pour qu'elles puissent parler de leurs problèmes. « On forme aussi très bien les mères pour qu'elles puissent faire face à ce genre de situation », tient à mentionner le directeur du Village. Il faut dire que les mamans SOS sont minutieusement sélectionnées en fonction de leurs compétences et de leurs intérêts. Elles doivent avoir atteint au moins le niveau du baccalauréat et réussi une série de tests psychologiques. Après avoir franchi ces étapes, les femmes doivent suivre un stage d'un mois et demi dans le village, puis une formation intensive de neuf mois. Au bout du compte, elles deviennent « tantes » pendant deux ans et par la suite, elles deviennent mères. « Après tout ce processus, je vous assure qu'il reste que les femmes qui ont réellement la vocation. On leur demande généralement de rester au moins une dizaine d'années, le temps d'élever une génération. Mais les mères sont toujours libres de partir », note monsieur Labbane.

Des femmes solidaires et dévouées
Les mamans SOS ont beau avoir toute la liberté; aucune d'entre elles n'a envie de quitter sa famille. D'abord, il s'agit de leur travail. Chacune d'entre elles reçoit 500 dinars par mois. Ensuite, ces femmes se considèrent comme de vraies mères. Dès qu'elles s'éloignent quelques jours de la maison, elles s'ennuient. « Au début, c'est vrai que c'est un sacrifice que nous faisons. Mais avec le temps, mes enfants sont devenus ma raison de vivre. J'ai tout ce que je veux ici : une maison, de la compagnie et une stabilité financière et morale. J'ai ma dignité et je suis une femme accomplie ! », raconte Melika. Il n'y a pas de doute là-dessus. À la voir moucher les nez qui coulent, ramasser les jouets dans la maison et montrer les photos de sa marmaille, Melika a trouvé sa voie. Elle se plaît au village SOS. Il y a là-bas, une ambiance de solidarité, d'échange et d'ouverture. Tout le monde se connaît. Les mères s'entraident et ce, même si elles ne s'entendent pas toutes à merveille ! Tout ce qui leur manque réellement : la présence des hommes. C'est donc le directeur du Village qui assure en quelque sorte la figure paternelle. « Je suis un papa symbolique. Je vais dans toutes les maisons m'amuser avec les enfants et souvent, je passe des soirées avec les mères pour les écouter », confie monsieur Labbane. « Mais je vis avec ma propre famille dans le village. Je dois aussi m'occuper de mes trois enfants », poursuit-il.

Imed Labbane demeure quand même convaincu de sa mission au sein du village SOS. Cet homme de 45 ans est profondément attaché aux enfants. Il souhaite les voir réussir leur vie. C'est aussi le désir de toutes les mamans SOS. « Je veux que la société regarde normalement nos enfants. Ils ne sont pas différents des autres ! », lance comme un cri du coeur Melika en regardant ses gamins s'amuser dans la cour. De toute évidence, ses enfants sont heureux et comblés. Ils ont reçu le plus beau cadeau du monde : l'amour d'une mère. En plus, ils grandissent dans une maison où il ne manque de rien. Les familles SOS ne sont pas extrêmement riches, mais elles ne sont pas pauvres non plus. Elles ont tout simplement le niveau de vie d'une famille tunisienne de classe moyenne. Et c'est grâce, en majeure partie, au financement de l'organisation internationale SOS KINDERDOFT qui aide 450 villages comme celui de Gammarth dans 132 pays du monde. Des programmes gouvernementaux et de parrainage contribuent également à subvenir aux besoins des enfants. En Tunisie, il existe d'ailleurs trois villages SOS et un quatrième devrait bientôt voir le jour dans la région du Sahel. On ne peut que se réjouir de cette initiative.


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