Accusé de faire de la politique plutôt que de défendre les intérêts des travailleurs, l'Ugtt a voulu mettre les points sur les i en organisant une conférence de presse au cours de laquelle M. Mongi Abderrahim, secrétaire général adjoint chargé des métiers et des services divers, a évoqué dans un premier temps la marche organisée avant-hier qui a réuni près de 3.000 personnes qui ont défilé depuis la place Mohamed-Ali, appelant à l'indépendance de la justice et à la liberté de presse et d'opinion. «Je trouve inconcevable que des symboles de l'ancien régime impliqués dans des affaires de corruption continuent à circuler librement, en toute impunité sans qu'ils soient jugés», a relevé M. Abderrahim. Poursuivant sur la même lancée, le secrétaire général a, par ailleurs, évoqué le rôle joué par l'Ugtt pour résoudre le problème des employés travaillant dans des sociétés de sous-traitance et dont les droits étaient jusqu'ici bafoués. Des négociations ont été engagées en avril dernier avec le gouvernement provisoire afin de trouver un accord sur les mesures à prendre pour régulariser la situation de milliers d'employés dans le secteur de la sous-traitance, a relevé à ce propos M. Abderrahim. Les deux parties se sont notamment entendues pour faciliter l'intégration de ces agents dans les entreprises et établissements publics, et ont appelé à promouvoir la législation du travail afin de lutter contre toutes les formes d'emploi précaire. Mais des obstacles ont entravé l' application de cet accord, a ajouté M. Abderrahim, expliquant, à ce propos, que les sociétés de sous-traitance ont refusé de reconnaître les clauses de la convention signée entre le gouvernement provisoire et l'Ugtt le mois d'avril dernier. Le scrétaire général adjoint a, en outre, évoqué l'intervention de l'Ugtt dans la résolution de l'affaire des «salaires gonflés» d'un groupe d'employés de Tunisie Télécom. La centrale syndicale avait appelé les employés de la société de téléphonie mobile à observer une grève qui avait duré cinquante-sept jours. A l'origine, le blocage des négociations entre la structure syndicale et Tunisie Télécom sur la mise en œuvre de l'article 10 de l'accord relatif à l'arrêt des contrats de durée limitée des agents touchant des salaires faramineux atteignant et dépassant plus de trente mille dinars par mois pour chacun d'eux. Les employés ont fini par avoir gain de cause dans cette affaire. Revenant aussi sur le dossier Tunisair et le rôle joué par l'Ugtt, le secrétaire général adjoint a rappelé qu'un accord avait été signé le 3 février dernier avec la direction générale prévoyant la réintégration des filiales ainsi que de l'activité catering au sein de la société mère. L'internalisation de cette dernière a été plus difficile car une partie des actions étaient détenues par une société étrangère, a souligné M. Abderahim. Dans ce cadre, Tunisair et la centrale syndicale avaient également convenu que le statut de la compagnie soit appliqué à tout le personnel de ces sociétés. Evoquant, d'un autre côté, la question de la pluralité syndicale, M. Mongi Abderrahim a observé que contrairement à ce qu'on peut penser, celle-ci ne fait qu'affaiblir l'activité syndicale au lieu de la renforcer, en portant atteinte aux intérêts des travailleurs. «L'Ugtt demeure la centrale syndicale la plus crédible, la plus représentative des ouvriers et la plus proche de leurs préoccupations», ajoute-t-il. Parmi les volets qui ont été également abordés au cours de cette conférence, celui des négociations salariales. Le secrétaire général a affirmé qu'au vu de la situation économique difficile du pays et de la hausse excessive des produits de base, l'Ugtt a appelé le gouvernement à veiller à l'application des dernières augmentations salariales, afin qu'elles soient servies dans les délais. Enfin, s'exprimant sur la tenue du prochain congrès national de l'UgL'Utt qui devra se dérouler fin 2011 à Tabarka, M. Abderrahim a affirmé qu'en application de l'article 10 du statut de l'Ugtt, neuf membres du bureau exécutif actuel ne seront pas autorisés à être candidats au prochain bureau exécutif qui sera élu à cette occasion.