Ramadan n'est pas uniquement le mois de l'abstinence et de la contemplation. C'est aussi celui des veillées tardives, des activités culturelles, des fastes culinaires et des envies de toutes sortes, dont celle de s'approvisionner en sucreries. D'ou le regain d'activité que connaissent les pâtisseries et les boutiques de zlabia, de mkhareq et de makroudh aux différentes recettes. Les vieilles échoppes, situées au sein de la médina de Kairouan, ne désemplissent jamais, car leurs artisans sont très habiles dans le métier qui se transmet de génération en génération. Voir des makroudhs aux amandes ou aux dattes parsemés de grains de sésame, des zlabias couleur or et des mkhareqs aux amandes est toujours un plaisir. Toutes les ressources de l'imagination et du charme sont mises en jeu pour provoquer la gourmandise. C'est que les douceurs constituent vraiment un art ici. La plupart de ces boutiques rivalisent de séduction et connaissent, en ce mois saint, un grand succès, puisqu'elles draînent, chaque jour, les foules venues de tous lieux faire leurs emplettes dans la joie et la bonne humeur. Leur secret? un accueil convivial, la magie des couleurs et la qualité de la marchandise pour son goût spécifique et son parfum subtil. Au milieu de ces odeurs, dans ce cadre traditionnel, on a la vague impression de vivre dans un rêve des Mille et Une Nuits avec ses airs anciens mais toujours nouveaux. Notons, par ailleurs, que si certains choisissent de s'approvisionner de ces différentes échoppes, beaucoup de femmes friandes de traditions culinaires et de réjouissances gastronomiques préparent à domicile des mets succulents à partir d'un certain nombre d'ingrédients‑: bouza aux grains de pin, mhalbia, samsa à la pâte d'amande, kaâk feuilleté au smen et à la pâte d'amandes, les oreilles du kadhi, les ftaïr au sésame délicatement moilleux, le akid si harmonieux, l'assida aux noisettes saupoudrée de fruits secs pilés, la bellouza aux amandes, le bachkoutou aux noix et évidemment les fameux makroudhs aux amandes ou aux dattes. Et pour la collation du s'hour, on prépare le mesfouf mélangé de fruits secs, de graines de grenade ou de raisin. Alors, les gens oublient pour un mois la peur du mauvais cholestérol et profitent des différentes pâtisseries dont la valeur n'est que prétexte à la joie profonde d'être en famille.