• La Omra 2011 du mois saint a attiré quelque 17 mille Tunisiens • Quid du pèlerinage parallèle... et halte au business religieux ! Ils sont quelque 17 mille Tunisiens à avoir effectué les rites de la Omra pendant le Ramadan, version 2011. Un record par rapport aux précédentes éditions et... une matière à réflexion pour les psychanalystes et autres érudits! Rappelons qu'une Omra durant le mois saint équivaut, selon les fondements de l'Islam, à un pèlerinage à La Mecque. «Je suis à ma 3e Omra pendant le mois de Ramadan», soutient un père de famille qui ne tarit pas d'éloges sur «les vertus de ce rite et l'immense satisfaction morale qu'il procure, en dépit de la chaleur suffocante et des bousculades qui caractérisent cette noble mission». Calvaire Si des gens sont prêts à endurer ces sacrifies, d'autres sont soumis, à leur corps défendant, à un calvaire autrement plus pénible. Et cela par la faute de certains organisateurs de la Omra qui, sans foi ni loi, s'enhardissent là-bas à faire fi de leurs engagements vis-à-vis de leurs clients. Ceux-ci, à leur arrivée aux Lieux Saints, se retrouvent, en effet, subitement livrés à eux-mêmes. «Nous avons mis, confirme une des victimes, 14 heures d'attente pour être enfin pris en charge dans une résidence en piteux état et qui n'a donc rien à voir avec les hôtels 3 étoiles qu'on nous a promis avant de quitter Tunis». Pour un autre, «la faute incombe au Montazah Gammarth qui n'hésite pas à nous abandonner une fois débarqués à La Mecque. Au point qu'un jour, le propriétaire d'une auberge dans laquelle ils nous ont jetés, est venu…couper l'eau et l'électricité, tout en nous avertissant que nous avons deux heures pour plier bagage et vider les lieux. L'ultimatum passé, nous nous sommes retrouvés à la rue, avec nos valises, en pleine canicule. Mais, ce n'est pas fini, puisque le chargé du bureau de Montazeh Gammarth auprès duquel nous sommes allés chercher secours était introuvable». Dépité, inconsolable, notre interlocuteur affirme que «c'est du jamais vu, même pas au plus fort de…la dictature qu'exerçaient les Trabelsi sur ledit Montazeh». Et d'ajouter, encore plus irrité : «Le fiasco de la Omra ramadanesque de cette année estd'autant plus grand qu'il y a eu des cas d'hospitalisation due à la négligeance et à l'indifférence criardes des organisateurs. D'où l'urgence de sévir afin d'arrêter une mascarade qui ne fait honneur ni à la Tunisie post-révolutionnaire ni aux idéaux sacrés de notre religion». Dès lors, ce n'est plus un hasard si des pèlerins qui en ont eu vent, ont décidé de voler de leurs propres ailes, en boycottant, cette année, les expéditions de la Omra organisées par Montazeh Gammarth. «Dieu merci, jubile l'un d'eux, j'ai évité le piège de justesse. Qu'ils aillent escroquer d'autres, pas moi». Business religieux Ces cas rapportés qui, assure-t-on çà et là, échappent à tout recensement traduisent manifestement un malaise profond et témoignent de l'émergence d'un véritable «business religieux». C'est d'autant plus vrai que le ministère des Affaires religieuses en a pris acte et en est conscient. N'a-t-il pas publié récemment un communiqué dans lequel il exhorte les futurs pèlerins à se méfier des faux organisateurs du rite parmi nos agences de voyages. Une preuve on ne peut plus incontestable sur l'existence réelle et nouvelle du «pèlerinage parallèle» (tenez, voilà un nouvel ami du… commerce parallèle»). Pour en avoir le cœur net, il suffit seulement d'écouter les plaintes des victimes, dont le nombre, affirme-t-on au ministère concerné, ne cesse d'augmenter. «On s'adresse, raconte l'un d'eux, à une agence de voyages pour la réservation. Une fois l'exemplaire rempli, on vous demande de verser, séance tenante, un acompte de 3 mille dinars. S'ensuivra alors une interminable attente, avant que la transaction ne s'achève… en queue de poisson, et dans la plupart des cas, au commissariat de police». Les exemples abondent là-dessus, ce qui a contraint la Chambre nationale des agences de voyages à monter au créneau, en menaçant de fermeture toute agence accusée «d'escroquerie religieuse». De quoi donner des frissons aux nouveaux businessmen qui, espérons-le, n'auront plus la partie facile. Plus de 10 mille hadjs En attendant que le taureau soit pris par les cornes, qu'en sera-t-il du pèlerinage imminent de cette année ? Aux dernières nouvelles et selon l'accord conclu entre les autorités tunisiennes et saoudiennes, il a été décidé de retenir 10.374 candidats tunisiens au hadj parmi quelque 85 mille demandes parvenues. Sur les 10.374, il y aura 1.750 candidats représentant nos colonies basées à l'étranger. Par ailleurs, ledit ministère a intensifié, ces jours-ci, ses préparatifs à tous les niveaux (fréquence des vols à destination de Jeddah, hébergement, prise en charge sur place, etc…) et semble donc décidé à réussir le premier pèlerinage à La Mecque post-révolutionnaire.