Par Mehrez BEN SAID On a beau dire et répéter, Metline est une héroïne, son état socioéconomique actuel laisse à désirer. En effet, pas de zone industrielle. Pas d'usines, pas de chantiers et donc pas de débouchés pour les nombreux jeunes diplômés des centres de formation et des facultés. Evidemment, cette situation préoccupante est franchement inquiétante, démoralisante n'engendrant que de la délinquance et de l'errance à tel point que certains ne trouvent de meilleure issue que la mer, ils s'y jettent les téméraires payant cher, des fois même de leur vie, voulant se rendre en France via l'Italie. La traversée clandestine est monnaie courante à Metline, faute de politique socioéconomique rassurante. Et quand on sait que Metline est le seul village où on ne trouve aucun projet d'habitat réalisé par l'Etat depuis l'ère Bourguiba jusqu'à la fuite de son successeur Ben Ali, ni projet de la Snit, ni de l'AFH, rien de tout cela et celui qui ne nous croit pas, qu'il vienne voir sur place. Bien sûr, tout cela agace surtout qu'on voit à chaque fois notre volonté de vouloir avancer, même en comptant sur nos propres moyens, brusquement arrêtée. Eh oui, depuis l'indépendance, nous subissons toutes sortes d'injustices : la route reliant MetlineBizerte via Sidi Abdelaziz et la forêt entamée pour être goudronnée, fut brusquement annulée et les tas de pierres ont été emportés dans une ville voisine. Le thonaire qui était prospère à son tour connut le même sort puisque tout son équipement fut transféré à une ville du Sahel. Même le phare, un édifice important, fut détruit par des explosifs afin qu'il ne reste la moindre trace de la première usine de thon en Méditerranée construite par la famille italienne Raffo depuis 1896. On devait aussi avoir droit à un lycée secondaire. A deux reprises, il nous fut arraché d'entre les yeux : l'un fut construit à Ras Jebel, l'autre à Aousja, alors que le collège de Metline compte un grand nombre d'élèves de la 7e jusqu'à la 2e année secondaire; après, les élèves sont orientés au lycée Med Ali Annabi ou au nouveau lycée où ils excellent la plupart. Et lors des réunions des cellules destouriennes ou municipales, des tas de promesses sont faites et ne sont jamais tenues ! Les élus ayant pris leurs responsabilités nous oublient. Et, dernièrement, les autorités locales, aidés par les citoyens, ont entamé la construction d'un centre de loisirs pour les handicapés dans l'espoir de mettre fin à leur déplacement quotidien fatigant à El Alia se trouvant à 10 km de Metline. A notre grande surprise, on vit pousser en un temps record un centre identique à Ras Jebel : résultat, le nôtre fut arrêté et lorsque les habitants ont demandé aux autorités régionales quelques subventions, on leur a tout simplement dit : «Vous n'en avez plus besoin, allez à celui de Ras Jebel ! Imaginez la déception et le sentiment de frustration !». La solution : Metline, qui a participé à la libération de notre chère patrie en faisant des martyrs, ne peut avoir son destin entre ses mains que si elle rompt les chaînes de tutelle, en ayant sa propre délégation. Alors, révolution, nous te faisons confiance, nous exigeons notre autonomie comme Tinja, à la proximité de Menzel Bourguiba et ayant même un nombre d'habitants moins important que le nôtre. Oui, la création d'une délégation est la clé grâce à laquelle nous progresserons dans tous les domaines si l'on veut que Metline l'héroïne soit vraiment reine et souveraine.