L'ensemble des artistes et des consommateurs de culture se réjouissent de la reprise de l'activité culturelle. En cette année exceptionnelle de révolution, une bonne partie des manifestations artistiques et culturelles a été différée pour diverses raisons, dont la plus évoquée est l'insécurité. Sauf qu'il n'y pas que la révolution, le mois de Ramadan est également pour quelque chose dans le report de certains rendez-vous. Grosso modo, la plupart des festivals ont eu lieu sans dégâts, même si on a déploré, parfois, l'absence de public pour des représentations programmées dans de grands festivals d'été. Après Ramadan et ses festivals de la Médina, dont celui de Tunis qui a réussi à attirer un public de fidèles, d'autres manifestations culturelles, cherchant à rattraper la saison estivale, ont été organisées à la même période, autrement dit, au début de ce mois de septembre, ce qui a créé un chevauchement entre elles. "Et alors?" ou "quelle importance?", diront certains. La multiplication des festivals ne peut, incontestablement, que faire du bien et offrir plus de choix au public. Mais, lorsqu'une région comme le Cap Bon propose trois importants festivals en même temps, cela constitue un déséquilibre et entraîne un manque de visibilité pour l'une ou l'autre de ces manifestations. Au même moment où se tenait le Festival international du film amateur de Kélibia (Fifak) du 3 au 10 septembre, à Nabeul, se déroulait le Festival du film méditerranéen et, non loin de Nabeul à Korba, le Festival du théâtre amateur. On arguera toujours que chaque festival a ses spectateurs. Vrai et faux, dans la mesure où les spectateurs ne sont pas uniquement les habitants de la région, mais qu'il existe beaucoup d'amateurs de théâtre ou de cinéma qui se déplacent de Tunis ou d'autres villes pour assister aux différentes représentations. Résultat, le Festival méditerranéen de Nabeul a souffert d'un manque de public flagrant, mais aussi d'une couverture médiatique conséquente. Concernant le Festival du théâtre amateur de Korba, on peut dire qu'il est passé pratiquement inaperçu. Le Fifak, l'un des festivals les plus importants après les JCC, se déroulait d'habitude vers la fin du mois d'août. Cette année, il a dû déplacer ses dates en raison du mois de Ramadan. Sa popularité dépasse le cadre local. De nombreux passionnés de cinéma d'autres régions du pays viennent spécialement participer à cette fête du cinéma. Malgré les changements de date, le Fifak, dont la réputation dépasse les frontières, a attiré un grand nombre de cinéphiles et de médias aussi. Pour ce qui est du Festival du théâtre amateur de Korba, l'audience était plutôt limitée en raison du manque de médiatisation. Quant au Festival méditerranéen de Nabeul, le public n'a pas toujours répondu présent à l'appel, les journalistes non plus, dont certains ont choisi la destination Kélibia. Qu'on soit d'accord ou pas, la réussite d'une manifestation dépend de plusieurs conjonctures, dont le timing, l'audience, la médiatisation, etc. Car il ne suffit pas de faire, mais de bien faire. Sinon à qui profitent cette précipitation et ce chevauchement entre ces rencontres ? Dans quel esprit sont-elles organisées ? Est-ce juste pour remplir un vide culturel ou animer un espace ou par souci de promouvoir une production artistique qui a du mal à se positionner sur le marché ? Ne serait-il pas judicieux pour tous, organisateurs et artistes confondus, d'appréhender ces manifestations avec davantage de professionnalisme, à travers une coordination et une concertation constructives, pour leur garantir le maximum de réussite.