Quand vous vous tournez vers la mer et vous vous rendez compte que la nature a — peut-être consciemment — doté et ouvert ce beau pays vert ocre d'une brèche qui parcourt 1.500 km, coupant sèchement le continent mère, l'Atlantide, et ouvrant une terre fertile en hommes vers le monde, la navigation, la culture et l'échange, vous vous dites que la vie a forcément débuté il y a longtemps sur ces contrées et que l'Etat, en lui emboîtant le pas, a, quoique l'on dise, au compteur 3.000 ans d'histoire, de guerre, de paix, de désorganisation et... d'organisation. Aujourd'hui, pour les nouveaux et anciens linguistes de la politique, la mer, la montagne, les gens qui y vivent ou qui en vivent devraient leur suggérer que l'Etat n'est pas un ou des gouvernements. Ce n'est pas non plus un ou des gouvernants, il est plus grand, plus vaste et nous contient tous, liés que nous sommes à une mamelle ou cordon ombilical indélébile que nous toucherons ou porterons toujours , fièrement, comme un drapeau. Aussi, nous, la Tunisie multiple, ne sommes pas une création ex nihilo. La preuve est que dans la tourmente, nous avons continué à vivre, à prendre nos vacances, à célébrer nos mariages, à nous embrasser les jours de l'Aïd, à nous chamailler pour nous réconcilier, à aider des mois durant notre prochain, à simplement respirer à pleins poumons en travaillant tout bonnement, en comptant en cela sur des structures existantes, une économie viable — qu'il y a certainement lieu de parfaire, personne n'en disconvient — et en soutenant une démarche responsable envers notre passé et le futur des enfants que nous éduquons, en ressortant notre fort attachement à l'idée de la cité que nous nous faisons. Aujourd'hui, nous avons sur quoi bâtir et le monde nous le reconnaît. Quelques fondamentaux à capitaliser On a beau jacasser sur Davos, y casser du sucre mais, dans le monde d'aujourd'hui, aucun pays, à moins d'appartenir aux quatre ou cinq grands, ne peut ignorer Davos. Davos ne s'ignore pas, c'est elle ou lui qui ignore. Même la Chine, à l'ombre d'un capitalisme ou communisme revisités, l' a compris. Et Davos vient de sortir son rapport annuel sur la compétitivité mondiale 2011-2012, elle nous fait reculer de quelques places mais ne nous dégringole pas. Elle nous dit, et c'est tant mieux, que nous sommes moins bons que nous le pensions, mais elle nous dit également que nous avons sur quoi construire. Elle parle — excusez du peu et les économistes comprendront — d'un solide système éducatif, un environnement économique avec un niveau d'endettement public gérable et un déficit budgétaire bas. Ainsi, nous avons aujourd'hui sur quoi nous reposer pour relancer encore mieux la machine, notre économie, et faire face, en hommes libres, à notre destin, à nos défis ô combien importants. Alors de grâce profitons-en, ne clouons pas tout au pilori, car la vie, la politique et encore plus l'économie c'est un stock. Sauvegardons notre tissu industriel, celui de nos hommes d'affaires, relançons l'investissement, les emplois, les secteurs de la chimie, du tourisme touché à la fois par la peur de l'émetteur et la bêtise humaine, pour que 2012 qui a économiquement déjà commencé pour ceux qui pensent que l'économie est un simple bouton d'appel d'un ascenseur. Ayons tous, partisans de différents bords et simples observateurs-citoyens, le courage de baliser la route en le disant haut et fort. Soyons simplement à la hauteur de cette liberté, cette connaissance trois fois millénaire, notre amour pour la justice et notre soif d'aller toujours de l'avant en nous disant que 3.000 ans d'histoire est un capital indestructible quels que soient les gouvernants.