Par Abdelhamid Gmati La situation économique de notre pays n'est pas des meilleures. Le constat est fait régulièrement par différentes instances, publiques ou indépendantes, les unes alarmistes, d'autres plus optimistes. On se trouve en récession et on espère transformer le taux de croissance de moins, 3% durant les derniers mois, en un petit 1% d'ici la fin de l'année. Les débats économiques, les propositions de programmes, les nombreux «Think Tanks» développent des idées générales dont l'efficacité reste à démontrer. Les problèmes sont multiples et variés, certains hérités du régime dictatorial, d'autres dus aux effets collatéraux de la révolution. Cela va du chômage, aggravé par les grèves et autres destructions et détériorations des entreprises, jusqu'au développement des régions jusque-là ignorées et marginalisées en passant par les nécessaires réformes fiscale, financière, etc. Il n'y a pas de remède miracle, mais il faut des idées et les moyens de les mettre en œuvre. Pour l'emploi, le gouvernement a mis en place un plan d'urgence en 4 axes ; des mesures ont été prises pour soutenir les entreprises en difficulté et préserver les emplois existants. Certains préconisent, à ce propos, de suspendre le droit de grève, le temps qu'il faut pour rétablir l'économie et le fonctionnement des entreprises. Des travaux d'infrastructure vont être entrepris de façon à faciliter le développement des régions et à attirer les entreprises. Certains partis politiques ont élaboré et exposé leurs programmes économiques, qui se rejoignent sur plusieurs plans, certains ambitieux, d'autres relevant de la démagogie. Mais c'est de bonne guerre. En fait, résorber le chômage, créer des emplois, développer les régions, relancer le dynamisme économique, tout cela dépend de la création d'entreprises et de la consolidation des existantes. Et on aboutit au cœur du problème : l'investissement. Or comment intéresser les investisseurs nationaux et attirer les étrangers ? L'ancien régime a pratiquement laissé les caisses vides, ce qui a limité les possibilités d'investissements publics. Les privés nationaux ou étrangers ont pris un «coup de froid» du fait des grèves répétées, des sit-in et des détériorations d'entreprises. L'investissement a besoin d'une situation stable. Certes, nul ne viendrait mettre des millions en n'étant pas assuré de la viabilité de son action. A l'inverse, l'Etat et ses institutions ont besoin de retrouver la confiance des citoyens. Il incombe donc à tous de se remettre au travail dans la confiance et l'esprit démocratique. Les hommes d'affaires, les investisseurs et les créateurs d'emplois sont appelés à se départir de leur frilosité, la sécurité du pays étant de plus en plus assurée. Reste que cela ne suffit pas. Il importe d'assurer une bonne gouvernance, les acteurs économiques et toute la population ayant besoin de transparence et de visibilité. Le gouverneur de la Banque centrale rappelait récemment l'importance de la bonne gouvernance : «La mauvaise gouvernance a un coût et pas des moindres. La Tunisie en a eu l'expérience durant les 20 dernières années. Ses conséquences sont désastreuses sur les investisseurs. Manque de confiance dans le système et impossibilité de profiter des fruits de leurs investissements de manière conséquente». Pour lui, «les investisseurs ont besoin de visibilité au niveau des politiques économiques même si les élections sont démocratiques. Le lien entre les deux n'est pas automatique, d'où l'importance d'être vigilants et de veiller à édifier les bases d'une bonne gouvernance à tous les niveaux autant politique qu'économique pour garantir un développement durable». C'est dans ce sens que pour optimiser les programmes d'emploi et l'application de la bonne gouvernance, c'est-à-dire, entre autres, l'adoption du principe de transparence d'égalité et des chances à tous les niveaux, qu'on a mis en place un comité ministériel, un comité de pilotage et des comités régionaux d'emploi. Reste à veiller à l'application. Ce qui n'est pas une mince affaire.