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Pascal Boniface, directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) à Paris, confie à l'Expert :
Publié dans L'expert le 27 - 04 - 2009

Adhérant à ce qui semble être une tendance générale, le marché mondial des idées connaît lui aussi de véritables mutations. Un palmarès récemment établi par l'Université de Pennsylvanie mentionne trois think-tanks français dans le Top-50 mondial, dont l'IRIS. Figure de proue de la pensée stratégique, auteur d'une quarantaine de livres sur les questions internationales, le fondateur et directeur de cet institut, Pascal Boniface, révèle à l'Expert les facteurs de cette émergence et commente les dernières évolutions du conflit israélo-palestinien.

Comment vous expliquez la distinction et l'émergence des think-tanks français, notamment de l'IRIS et de l'IFRI, après des décennies de monopole américain dans ce domaine ?

C'est peut-être un signe supplémentaire d'une sorte de « multipolarisation » du débat d'idées. La France a été très en retard dans ce domaine là, par ce que pendant très longtemps, le pouvoir estimait qu'il avait seul l'expertise des questions internationales et que le quai d'Orsay était le seul organe compétent pour s'occuper des relations internationales. Mais, en fait, on vit dans un monde d'idées; dans un monde où l'influence d'image et le soft power sont extrêmement forts. Il fallait donc participer à cette bataille d'idées. Et si la France veut peser sur la scène internationale, en tant que diplomatie, en tant que puissance, elle doit également exister dans le domaine d'idées. C'est pour cela d'ailleurs que l'IFRI a été créé. Mais la différence entre l'IFRI et l'IRIS c'est que l'IFRI était un organe dont la création a été décidée par l'Etat, par le Premier ministre Raymond Barre à l'époque. Cependant, l'IRIS correspond à un besoin tout à fait différent. J'ai créé l'IRIS de façon privée. On est parti pour faire un livre « l'année stratégique », il y a un peu moins de vingt ans. On est parti par un petit budget de 20.000 francs, donc 3.000 euros de l'époque. Puis, au fur et à mesure, on a pu développer nos activités malgré le fait qu'on a toujours jalousement conservé notre indépendance. Ma règle de base c'est que j'avais créé l'IRIS pour pouvoir être libre, pour pouvoir être indépendant. Je ne voulais pas dépendre de certaines puissances. On disait ce que l'on pensait et non pas ce que certains voulaient que l'on dise. Néanmoins, la qualité de travail et le besoin ont fait que l'on arrive à ce stade aujourd'hui.

Pensez-vous que l'espace Euromed a besoin aujourd'hui de se doter de ses propres think-tanks destinés à réfléchir sur les nombreuses problématiques qui lui sont inhérentes ?

Oui, mais si on veut qu'un institut soit un vrai think-tank, il ne faut pas qu'il dépende des Etats. Par ce que l'on voit bien que lorsque les instituts dépendent, soit d'un Etat, soit d'un groupe d'Etats, leurs marges de manœuvre, de recherche et d'expression sont forcément limitées par les convenances diplomatiques. Il y aura toujours la crainte des chercheurs de déplaire, soit à un Etat, soit à un groupe d'Etats. Donc, il faut qu'on développe des think-tanks, mais qu'ils soient indépendants. L'Etat doit peut-être juste leur permettre d'exister et les aider davantage.

Je crois aussi qu'il serait préférable d'aider les think-tanks à travailler sur les questions de l'espace euroméditerranéen, mais si l'on crée un think-tank sur l'euroméditerranée qui dépend de l'Union pour la Méditerranée, par exemple, et que ce soit l'une des activités de cette entité, sa marge de manœuvre sera réduite à zéro. Il n'aura guère de liberté de penser et de s'exprimer.

Vos positions concernant le conflit israélo-palestinien vous apportent la rivalité de certains milieux en France et vous posent souvent de sérieux problèmes. Comment vous arrivez pour gérer tout cela ?

Oui effectivement; il a été beaucoup confortable pour moi de ne pas s'exprimer sur ce sujet, ou de le faire de façon convenue en disant qu'Israël est la seule démocratie du Proche-Orient et qu'il faut combattre le terrorisme, ce qui est un peu la tarte à la crème que l'on entend souvent. Moi j'ai seulement voulu appliquer au conflit israélo-palestinien la même grille de lecture que les autres conflits. Je ne comprends pas pourquoi ceux qui voulaient l'indépendance du Kosovo ne veulent pas l'indépendance du Palestine; pourquoi on est allé faire la guerre à la Yougoslavie –alors qu'on ne refusait pas la souveraineté des Yougoslaves sur le Kosovo- et que, finalement, rien ne se passe pour la Palestine. J'essais donc simplement d'être cohérent et d'appliquer les mêmes critères à l'ensemble des situations. Oui bien sûr, ça m'a posé des problèmes professionnels; l'IRIS a failli disparaître. Il y a encore des traces d'ailleurs. Mais bon, en même temps, je n'ai pas fait ce métier pour écrire sous la dictée ou sous la peur, et pour que mon expression soit l'émanation d'un rapport de force, mais plutôt pour rechercher des vérités. Si cela m'a valu des problèmes, il m'a valu aussi l'amitié et le respect d'autres personnes, et ça compense largement.

La tendance la plus récente peut-être à propos de ce même conflit israélo-palestinien est cette nouvelle volonté chinoise de s'impliquer réellement dans la recherche d'une éventuelle résolution du conflit. Qu'est ce que cela pourrait apporter ?

Je dirai dans un premier temps que le problème est tellement grave, tellement important et dure depuis si longtemps, que quiconque veut s'en mêler est le bienvenu. C'est plutôt la désertion et le désintéressement qui sont coupables. Je pense que la Chine à elle seule ne peut pas régler cela, mais il est bon qu'elle soit associée à ce problème. Ceci correspond simplement à une montée en puissance de la Chine qui sur de nombreux dossiers où elle était absente et jouait la chaise vide, commence finalement à exercer sont statut de membre permanent du Conseil de sécurité. Ce pays devient maintenant plus actif par ce qu'il est plus sûr de lui-même. Cette évolution correspond donc à la modification des rapports de force à l'échelle internationale.

Est ce que cela n'est pas, encore une fois, lié à ses intérêts économiques, étant donné que le monde arabe est le huitième partenaire économique de la Chine ?

Le conflit ne peut pas être vu sous un angle économique. Il n'y a pas vraiment grand-chose à gagner. C'est plutôt dans la mesure où la Chine veut être une puissance globale et où il s'agit d'un problème stratégique global, la Chine ne peut pas faire semblant de ne pas s'y intéresser, sauf à reconnaître qu'elle n'est pas une puissance globale.

Selon vous, quelles sont actuellement les perspectives de paix suite à l'arrivée spectaculaire de l'extrême droite au pouvoir en Israël ?

On peut dire, effectivement, que l'arrivée du gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël n'est pas une nouvelle en terme d'avancée vers la paix. Il pourrait plutôt marquer un recul des rares acquis qui restent encore. Dans tout cela il y a un facteur d'espoir. Peut-être que ce gouvernement est tellement à droite que les gouvernements occidentaux ne pourront pas le cautionner. Il serait plus facile pour eux de faire pression sur ce gouvernement là. C'est une coalition hétéroclite. Elle ne restera pas probablement très longtemps au pouvoir. Mais, en tous les cas, on a vu par le passé que lorsque les Occidentaux font pression sur le gouvernement israélien, celui-ci a toujours été assez pragmatique pour les entendre. Maintenant la balle est dans le camp des Américains et des Européens pour voir s'ils exercent ces pressions là.

Vous avez inventé, en quelque sorte, cette nouvelle discipline qui est la géopolitique du sport. Qu'elle est l'importance stratégique de ce thème en particulier ?

Par rapport à cela, il ne faut pas se laisser emporter, ni par la passion, ni par le mépris. Du côté du mépris, il y a les gens qui pensent que le sport est une activité accessoire, voire méprisable et qui ne joue aucun rôle par rapport aux faits de société. La passion contribuerait cependant à voir que la magie du sport peut résoudre des problèmes insolubles. Alors, je pense que le sport peut être extrêmement utile en termes géopolitiques; que le sport peut être, en dehors de ses facteurs d'intégration sociale et de lutte contre le racisme, un instrument diplomatique. On l'a vu d'ailleurs lors du match Turquie-Arménie. Le président turc n'aurait pas pu se rendre en Arménie en dehors d'un match de sport.

Mais, maintenant, on sait très bien que ce n'est pas uniquement en organisant un match de football entre Israéliens et palestiniens qu'on aura la paix entre ces deux peuples…

…Pourtant il y avait dans ce sens votre proposition et celle de Lilian Thuram …

Oui, mais il s'agit de l'inverse. On avait dit que s'il y a un accord de paix, il doit être récompensé en co-organisant la Coupe du monde 2018 en Israël et en Palestine… Je n'ai pas l'illusion que le sport puisse à lui seul résoudre les conflits. Le sport est l'un des moyens politiques qu'on peut utiliser. C'est également une sorte de baromètre des relations politiques. Il ne faut ni le sous ni le surestimer. Mais il peut être utile et on ne le dit, peut-être, pas suffisamment.


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