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Slaheddine Jourchi, militant de la société civile des droits de l'Homme : Je crains fort que la prochaine Constituante ne soit essentiellement masculi Transition démocratique - 3Questions à :
On compte un nombre important de listes indépendantes qui se présentent aux élections de l'Assemblée constituante. Comment expliquez-vous ce phénomène ? Effectivement, c'est un phénomène qui a surpris aussi bien les observateurs que les partis politiques, mais il traduit trois nouvelles dimensions qu'il importe de valoriser : – La volonté profonde des Tunisiens d'exercer pleinement leur droit à une citoyenneté active et efficiente et leur attachement à participer à l'édification de la Tunisie de l'après-révolution. – Ce phénomène a révélé qu'il y a une grande distance qui sépare les partis politiques d'une grande partie des Tunisiens. Et c'est tout à fait naturel, en cette période de transition démocratique que vit notre pays, dans la mesure où les partis politiques sont dans leur majorité de création récente et même ceux qui étaient présents sous l'ancien régime étaient empêchés d'exercer, de se faire reconnaître et de diffuser leurs orientations et leurs programmes. – Il est éminemment positif dans la mesure où il va de pair avec la nature de l'Assemblée nationale constituante, où devraient être représentées toutes les parties et les personnalités nationales en vue de l'élaboration d'une Constitution qui rassemblera les Tunisiens, toutes tendances confondues, qu'ils soient indépendants ou adhérents à des partis politiques. Vous êtes une personnalité active dans la vie associative et engagée dans la défense des causes des droits de l'Homme, même si vous avez aussi un certain parcours politique. Qu'est-ce qui vous a poussé à vous porter candidat à l'élection de la future Constituante ? Pour tout vous dire, j'ai beaucoup hésité avant de prendre la décision de me présenter aux élections. Je voulais préserver une certaine distance avec la vie politique directe. Mais ce qui m'a poussé à changer de position, c'est bien ma conviction que l'expérience de la transition démocratique commande la participation de tous afin de mettre la révolution sur les rails de la réussite. Sachant qu'il a été démontré que les partis politiques ont encore besoin d'approfondir leurs pratiques et que le paysage politique national est dépourvu de culture consensuelle considérée comme une condition fondamentale en vue de l'édification d'un processus commun et de la mise en place d'une Constitution qui rassemble tous les Tunisiens, avec toutes leurs appartenances et sensibilités. C'est dans ce contexte que s'inscrit ma participation à la liste de «l'Alliance démocratique indépendante» à l'Ariana. En dépit de l'adoption par la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution du principe de la parité, les femmes sont très peu présentes en tant que têtes de liste, et ce, tant sur les listes des partis que sur celles des indépendants. Comment réagissez-vous à cette situation‑? Je crains fort que la prochaine Assemblée constituante ne soit une assemblée essentiellement masculine. La question appelle à un sérieux effort de réflexion en vue d'analyser cette orientation réellement inquiétante. Après plus d'un demi-siècle de l'adhésion de la femme tunisienne à la vie politique, l'on se trouve aujourd'hui devant un nombre insignifiant de femmes capables d'occuper des postes de décision et de responsabilité. C'est ce qui montre que la question de l'intégration de la femme n'était qu'une carte politique que l'ancien régime exploitait à des desseins bassement propagandistes. Je suis convaincu que la liberté de la participation de la femme à la vie politique permettra l'émergence de femmes leaders qui sauront allier réflexion et débat et présence active sur le terrain.