Par Abdelhamid GMATI Les manifestations et les grèves se font nombreuses en Grèce, en Espagne, dans plusieurs pays européens et même aux USA. Elles sont déclenchées par les jeunes et moins jeunes opposés aux mesures d'austérité prises par les gouvernements pour faire face à la crise économique et financière actuelle. La majorité des manifestants sont des ouvriers, des employés ordinaires, des chômeurs qui refusent de payer les déficits budgétaires entraînés par la crise économique et le renflouement des banques. En fait, le malaise social remonte à quelques années, depuis le début de la mondialisation. Rappelons que «la mondialisation (ou globalization pour les Anglo-Saxons) est le processus d'ouverture de toutes les économies nationales sur un marché devenu planétaire. La mondialisation est favorisée par l'interdépendance entre les hommes, la déréglementation, la libéralisation des échanges, la délocalisation de l'activité, la fluidité des mouvements financiers, le développement des moyens de transport, de télécommunication...». Elle est utilisée souvent dans le domaine économique mais en fait elle concerne tous les secteurs. Elle a ses défenseurs qui estiment qu'elle est «une étape nécessaire pour permettre aux pays du tiers-monde de devenir des pays industrialisés et développés, et ne plus être seulement des exportateurs de matières premières. Par les échanges interculturels, elle permet à l'homme d'ouvrir ses horizons... Ils la présentent comme inéluctable, irréversible et incompatible avec les Etats-Nations. Ces derniers sont stigmatisés en tant que structures trop anciennes et inadaptées, devant être remplacées par un gouvernement mondial». Mais on lui reproche la déréglementation des économies nationales, l'hégémonie des multinationales, l'élimination des particularités nationales (d'où la revendication de «l'exception culturelle» menée par plusieurs pays), etc. Et elle serait destructrice d'emplois et à l'origine de la crise financière actuelle. Plusieurs sondages menés dans plusieurs pays indiquent que la mondialisation est perçue surtout comme «une mauvaise chose», une menace contre l'emploi... Reste que cette mondialisation est une réalité qui concerne tout le monde, toutes les économies. Comment réduire, voire éliminer les effets négatifs de cette trop large «ouverture économique» dont l'aggravation du chômage et l'endettement outrancier ? Certains prônent des mesures protectionnistes mais nul ne peut vivre en autarcie. D'autres privilégient le développement de nouvelles productions à haute valeur ajoutée et moins concurrencées par les multinationales, l'amélioration de la qualification des salariés, la recherche de nouveaux métiers, la réduction des coûts de production et des charges sociales... Pour Juan Somavia, directeur général de l'Organisation Internationale du Travail, réduire le chômage des jeunes doit être une priorité pour les nouveaux gouvernements. Les populations «demandent des actions, pas des mots. Elles ont besoin d'expériences internationales pertinentes qui ont marché, pas des études ou des leçons. Et elles veulent des investisseurs qui ont confiance dans les changements en cours». Les manifestations, les grèves et les sit-in, qui ont lieu en Tunisie et ailleurs, traduisent une revendication bien légitime : qu'il y ait une mondialisation économique, soit, mais qu'elle soit accompagnée d'une mondialisation sociale qui soit au service des populations, serve leurs intérêts et préserve, voire encourage leurs spécificités et leurs particularités.