Le Temps-Agences- Des dizaines de milliers de Grecs sont descendus dans les rues hier, pour protester contre un nouveau plan de rigueur destiné à décrocher une rallonge au prêt accordé en 2010 à la Grèce, mais le Premier ministre a réaffirmé sa détermination à poursuivre la cure d'austérité. Brandissant trompettes, casseroles et sifflets, la foule s'est massée dès le matin devant le parlement, sur la place centrale de Syntagma à Athènes, entourée d'un impressionnant dispositif policier, en marge d'une grève générale à l'appel des syndicats qui a ralenti le fonctionnement des administrations, transports et commerces. La police décomptait à la mi-journée plus de 20.000 personnes, les médias et observateurs avançaient au moins le double, même si la foule en début d'après-midi restait inférieure à celles des grandes manifestations syndicales du printemps dernier. Le traditionnel cortège syndical a été éclipsé par l'afflux de citoyens de tout bord, répondant à l'appel des "Indignés" grecs, mouvement de protestation populaire lancé le 25 mai en plein cœur d'Athènes sur le modèle espagnol. En dépit de l'appel des animateurs de ce rassemblement à en maintenir le caractère pacifique, des escarmouches ont opposé sur la place des petits groupes à la police, qui a riposté avec des gaz lacrymogènes, avant que la foule ne se reforme à nouveau. Sur la place, des manifestants issus des Indignés sont intervenus pour empêcher des jeunes cagoulés de lancer pierres et divers projectiles vers la police. Près du siège du gouvernement et du palais présidentiel, un groupe de manifestants est parvenu à rompre le cordon policier protégeant les bâtiments, mais la police les a repoussés avec des gaz lacrymogènes. A la mi-journée, le ministère de la Santé décomptait trois personnes blessées, tandis que les services d'ambulance en annonçaient sept. Les protestataires avaient toutefois échoué en début d'après-midi à former la chaîne humaine avec laquelle ils voulaient encercler symboliquement le parlement, la police ayant maintenu ouverts les accès au bâtiment, où le plan budgétaire doit commencer à être débattu en vue d'un vote fin juin. Le gouvernement socialiste va "assumer ses responsabilités, continuer d'avancer et prendre les mesures nécessaires pour sortir le pays de la crise," a affirmé de son côté le Premier ministre Georges Papandreou en milieu de journée, lors d'une rencontre avec le chef de l'Etat. Il a souligné poursuivre la recherche d'un consensus avec l'opposition, réclamé par les bailleurs de fonds du pays, qui peinent de leur côté à s'entendre sur la façon de sauver la Grèce, menacée de défaut de paiement selon les agences de notation financière. Les créanciers, zone euro et Fonds monétaire international, se déchirent sur l'effort à demander aux banques privées, certains craignant qu'une participation de leur part ne soit assimilée à un défaut de paiement, qui pourrait entraîner l'effondrement de l'ensemble de la zone euro. Après une première vague d'austérité en 2010 et sous la pression croisée des marchés, qui lui interdisent l'accès au refinancement, et de ses créanciers, le gouvernement a du se résoudre à un nouveau tour de vis, avec des économies nouvelles de 28,4 milliards d'euros d'ici à 2015 et des privatisations massives. Selon le gouvernement, le vote de ce programme conditionne le versement de la cinquième tranche du prêt de 110 milliards d'euros accordé en 2010 par l'UE et le FMI, dont 53 milliards au total ont été versés à ce jour. Dans la rue, les manifestants tournaient surtout leur colère contre la classe politique, scandant régulièrement "voleurs" à l'adresse du parlement et des voitures officielles aperçues. Se heurtant jusque là au refus de l'opposition de droite de l'épauler, M. Papandreou doit aussi faire face à une fronde jusque dans les rangs de sa majorité. A Bruxelles, la Commission européenne s'est déclarée attentive à l'aspect social des mesures d'austérité imposées à la Grèce.