Nous avons reçu d'un lecteur ce courrier relatif à un sujet qui peut nous concerner tous. Nous le publions tel quel, en espérant une intervention rapide du ministère concerné. A travers une expérience banale du citoyen ordinaire que je suis, je me permets d'attirer l'attention du ministère de la Culture sur la situation de la bibliothèque publique de la Nouvelle Médina («Madina Jadida», gouvernorat de Ben Arous). Je suppose qu'elle constitue un échantillon représentatif d'une multitude d'institutions semblables. Confronté, comme beaucoup de parents, au problème de cyberdépendance des enfants, j'ai décidé de leur limiter l'accès à internet et de leur imposer, comme au bon vieux temps, un quota de lectures quotidiennes. Après qu'ils ont «dévoré» tout ce qu'il y avait de lisible à la maison, il fallait bien leur offrir un choix plus large de livres. Ne pouvant mettre la main à la poche, l'idée était de recourir à la bibliothèque publique la plus proche. Mais encore fallait-il la trouver dans ce quartier de la Nouvelle Médina où j'habite depuis peu. J'ai eu beau chercher dans toutes les artères principales de la cité, il n'y avait rien qui ressemble à une bibliothèque publique. Il a fallu croiser un ancien du quartier pour qu'il m'indique le chemin «sinueux» qui y mène. Au bout de mes peines… une grosse déception. Le «temple de la lecture» du quartier, en plus d'être mal situé, ressemblait plus à un dépôt de commerce de gros qu'à une bibliothèque pour «enfants, jeunes et adultes». J'entre donc dans ce local constitué de deux salles exiguës, avec un mobilier rudimentaire et pas l'ombre d'un ordinateur. L'accueil était correct, la procédure d'inscription rapide et le tarif des abonnements modique. Mais pas question de laisser les enfants bouquiner sur place. L'endroit était à la limite de la salubrité. En plus, l'éventail des livres disponibles n'était pas énorme. L'une des bibliothécaires m'explique que les meilleurs livres circulent toujours chez les emprunteurs. «Nous puisons nos propres lectures à l'extérieur car ici, on fait vite le tour. Mais heureusement qu'une forte demande persiste», ajoute sa collègue. J'étais alors tenté de savoir, auprès de ces dames, pourquoi la bibliothèque était installée dans un endroit aussi discret qu'inconvenable ? Celle qui semblait être la première responsable me répond : «Franchement, je n'en sais rien. J'ai fraîchement débarqué ici et je bute à des problèmes basiques comme l'hygiène et la sécurité. Quant à changer de local, cela me dépasse vraiment». Je quitte l'endroit avec un petit lot de livres sous les bras pour les enfants et une désillusion plein la tête. Je croise de nouveau le monsieur qui m'avait indiqué le chemin de la bibliothèque qui, constatant ma déception, m'assène cette information supplémentaire qui ajoute à ma consternation : «…Et dire qu'un vieux mécène, quelque temps avant de mourir, a spontanément légué, en bonne et due forme, une maison située sur l'avenue principale du quartier pour qu'elle fasse office de bibliothèque publique. Tel était son vœu avant de mourir». «Et qu'a-t-on fait depuis ?», lui ai-je demandé. «Je n'en sais rien. Il fallait l'aménager, je suppose…Et puis la révolution a éclaté et personne n'en a reparlé…», me répondit-il. Monsieur le ministre de la Culture. Je suis de ceux qui croient que suite aux révolutions, les choses finissent par s'améliorer. Alors de grâce, donnez vos instructions pour que l'état de la bibliothèque de «Madina Jadida» (de même que d'autres, dans son cas), s'améliore. Il y va de l'avenir de nos enfants.