Certains parmi nous peuvent se rappeler la série télévisée «M'hal chahed», avec le duo Romdhane Chatta (Hmaydatou) et Dalenda Abdou (H'nani), qui était diffusée avant les infos de 20h00. Cela se passait dans les années 80. But de ces sketches : critiquer des attitudes et des comportements sociaux avec illustration au moyen de proverbes et de sentences. Dans l'un des épisodes, les deux personnages critiquent la Société nationale de transport de l'époque, la SNT. Ils attirent l'attention sur l'absence de plaques portant les numéros des lignes. Hmaydatou déplore, alors, l'absence de ces plaques à l'arrière des bus. Il sous-entend donc, par là, que, sur les trois autres côtés, cette plaque est bien là ! Il explique que les usagers qui rataient le bus pouvaient ainsi entrevoir la destination du bus partant et, ainsi, s'organiser pour la suite et prendre les dispositions qui s'imposent : soit attendre, soit prendre un taxi, par exemple. Voilà, donc, comment était la situation dans les années 80. Et, malgré tout, elle n'échappait pas à la critique. Qu'en est-il aujourd'hui ? La réponse, tout le monde la connaît. Nos bus circulent avec le strict, mais vraiment le strict minimum de plaques. Souvent, c'est une seule plaque à l'avant du bus. Le phénomène a été signalé à maintes reprises, mais rien n'y fit. A tel point que l'on se dit que l'actuelle Transtu et l'ex-SNT ont adopté le bon vieux proverbe arabe qui dit si bien‑: «Les chiens aboient, la caravane passe». Aboyez, alors, chers clients! Pour combien de temps ? Personne n'est en mesure de vous le dire. Par contre, ce qui est sûr, c'est que la société de transport en question a montré qu'elle était capable de… prouesses. En effet, à chaque rentrée scolaire et universitaire, elle nous présente un visage des plus avenants. Tous les bus sont prêts. Le personnel est au top. Toutes les plaques sont à leur place. Les fréquences sont mieux maîtrisées. Cela dure, malheureusement, quelques jours et tout rentre, après, dans le … désordre. Autrement dit, le quotidien des usagers. On devine bien que c'est un comportement individuel qui s'est installé, ensuite, chez tous les agents. Réussira-t-on à faire entendre raison à ces personnes, afin qu'elles comprennent que le respect des usagers est un devoir et non un luxe ? Même public, le transport par bus a droit à l'estime dont il jouit dans le service privé. Dès qu'on paye, on est en droit d'exiger ce qui est dû. Sur ce point, il faudrait signaler que la mentalité en cours chez la plupart des agents de la société de transport consiste à croire que ce qu'ils font est une faveur et que le Tunisien doit s'estimer heureux de trouver des bus pour aller travailler et rentrer chez lui. Ces mêmes agents oublient, aussi, que si un jour ce Tunisien choisissait le transport privé (qui ne manquera pas de se développer) ils se retrouveraient privés de travail. Ils regretteraient, alors, ce mépris affiché à l'égard des voyageurs obligés de prendre ce moyen de transport la mort dans l'âme. Ils s'apercevront, aussi, que le fait généralisé de cacher les plaques chaque fois qu'ils entraient dans une station n'est pas une marque de civilité ni même un acte tolérable.