D'abord surpris par la révolution puis par les premières décisions de M. Mohamed Aloulou et, dans la foulée, de M. Slim Chaker qui a succédé au premier à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports, les présidents des fédérations «désignés» sous l'ancien régime ou dont les listes ont été «cautionnées» par les responsables de l'avant-14 janvier et du système qui y prévalait, ont fini par s'organiser puis par contre-attaquer. Ces présidents qui jouent désespèremment la montre en espérant que le 23 octobre vienne réinstaurer l'ordre précédemment établi ne jettent pas l'éponge. Pis encore, et comme l'énonce leur communiqué, voilà qu'ils se découvrent une légitimité et le droit d'être consultés et d'être de nouveau partie prenante et décideurs. Voilà qu'ils apostrophent l'autorité de tutelle de la révolution et proclament que rien ne se fera sans eux et que le sport tunisien est leur domaine privé, interdit par eux à tous ceux qui, un demi-siècle durant, ont rêvé de changement. Ces présidents de fédérations, en passe d'être déchus, vont encore plus loin. «Ils appellent également le Cnot (ou plutôt ils l'interpellent, l'apostrophent) à donner d'amples précisions sur sa position (cela sent le procès-verbal, le chef d'accusation) concernant les relations entre les instances sportives nationales et le ministère de tutelle, notamment en ce qui concerne leur rapport avec les autorités sportives internationales. (A court de légalité nationale, voilà que les présidents de nos fédérations se réclament d'une légitimité internationale!!!). Ils proposent à cet égard une réunion de coordination pour arrêter les positions de chaque partie de façon claire et définitive afin d'éviter tout désaccord avec les instances sportives internationales». Cela revient à dire que des présidents de fédérations illégitimes en appellent à un comité olympique illégitime, érigé sur les ruines d'un précédent présidé par Slim Chiboub, pour s'unir et combattre une autorité de tutelle et une opinion publique sportive (ou une opinion publique tout court) qui veulent rétablir la légitimité, la légalité. Un acte de provocation extrême, une véritable déclaration de guerre, une aberration! En d'autres termes, «nous y sommes, nous y restons. Nous faisons les lois et nous faisons la loi. Au plus si le ministère de la Jeunesse et des Sports daigne nous consulter pour fixer les nouvelles règles du jeu. Que nous établirons». A l'heure où le débat démocratique explose dans le pays, à l'heure où les partis foisonnent, à l'heure où le monde nous regarde, voilà que les Seigneurs du sport se proclament Rois, au-dessus des lois, au-dessus de l'autorité de tutelle qui les finance, au-dessus de la révolution! Et tous se préparent à se représenter en usant de vieilles méthodes qui leur avaient réussi par le passé. Une fronde, une tentative de putsh sous les yeux de tous! Est-ce là le cadeau qu'offre la révolution au sport?! Qui a peur de ces personnages? Qui les protège? Qui veut continuer à réduire le sport tunisien au statut de république banannière? Qui est prêt à assumer la responsabilité de tuer dans l'œuf l'espoir et le rêve de lendemains meilleurs pour notre sport et nos sportifs? Une chose est sûre‑: l'histoire ne pardonne pas! ------------------------------------------------------------------------ En plus, ils protestent ! Les présidents des fédérations sportives se sont engagés, dans un communiqué rendu public lundi dernier, à soumettre le projet d'amendement de leur statut dès sa réception aux structures concernées (bureaux fédéraux, ligues et clubs) pour en débattre et émettre leurs propositions dans des délais raisonnables. Réunis à la Maison des fédérations, une vingtaine de présidents de fédérations sportives ont "regretté de ne pas avoir été associés" aux travaux de la commission chargée de rédiger le projet d'amendement du statut et demandé de tenir compte de leurs propositions et de la spécificité de chaque fédération. Ils se sont prononcés d'autre part pour la tenue d'une réunion avec le Comité national olympique tunisien (Cnot) pour une relecture du projet avant de le soumettre au ministère de la Jeunesse et des Sports. Les présidents des fédérations sportives appellent également le Cnot à donner de plus amples précisions sur sa position concernant les relations entre les instances sportives nationales et le ministère de tutelle, notamment en ce qui concerne leur rapport avec les autorités sportives internationales. Ils proposent, à cet égard, une réunion de coordination "pour arrêter les positions de chaque partie de façon claire et définitive" afin d'éviter tout désaccord avec les instances sportives internationales.