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L'heure de la révolution a-t-elle enfin sonné ? Table ronde du ministre de la Jeunesse et des Sports et de la secrétaire d'Etat aux Sports-journalistes
Tout porte à le croire. Notre sport se réveille d'une longue torpeur Pour vous dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, votre serviteur n'avait aucune envie de répondre à l'invitation pour aller à la rencontre du nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports et de Mériem Mizouni, nouvelle secrétaire d'Etat aux Sports. Mais alors là, pas du tout ! Non pas que nous ayons quelque chose contre M. Slim Chaker ou encore Mme Mériem Mizouni. Bien au contraire : le premier est un vieux copain de quartier et la seconde l'ex-reine de tous les bassins et qui mérite bien ce statut royal pour sa grâce et sa beauté. Non, le problème était tout simplement ailleurs. Il remonte aux deux anciens régimes et nous rappelle de bien sinistres souvenirs quand on faisait appel aux journalistes sportifs et qu'on les prenait pour des imbéciles, qu'on les rendait témoins de promesses jamais tenues, de politiques imaginaires ou de performances fictives. Un semblant de transparence pour un semblant de communication pur, un semblant de… sport. Comprenez dès lors que nous n'étions pas très enthousiastes de nous asseoir à la même table, aux côtés du même collègue, face au même café (oh pardon, il y avait plutôt une petite assiette de salé et de petits gâteaux. Le café pour la prochaine fois, M. le ministre, n'oubliez pas !), à écouter les mêmes mensonges et les mêmes déclarations de bonnes intentions. Puis, de vous à nous, nous avions été un peu refroidis par le «déficit de décisions révolutionnaires» de l'ancien ministre qui s'est plongé corps et âme dans le dossier emploi (avec de belles réussites) pour oublier un peu celui du sport. Alors, un point de presse, une table ronde de plus (au fait les tables rondes ne mordent pas très fort chez nous parce qu'elles sont à tous les coups… rectangulaires !) Non merci, nous avons déjà payé… Ecoute… Mais après mûre réflexion et par respect pour la profession et les convenances (c'est tout de même quelque chose un ministre et une secrétaire d'Etat !), direction la coupole d'El Menzah et la petite salle de réunion. Avec un ministre qui vient à votre accueil et une secrétaire d'Etat qui vous fait la bise, vous êtes déjà plus rassuré et plus réceptif. Un peu raides, tout de mêmes, les collaborations qui ont tout intérêt à se débarrasser du style ancien régime. Reprenez-vous messieurs, la révolution est là ! Soyez cools et décontractés, un journaliste ça ne mord pas. A moins qu'on ne l'y oblige… Mais soyons plus sérieux. Un journaliste, ça gueule, ça gesticule, ça conteste, ça provoque… Et ça sort aussi des vérités. Rien de bien surprenant. Rien d'impressionnant. Ce qui l'est par contre, c'est cette capacité d'écoute de Slim Chaker et Mériem Mizouni. Chapeau monsieur, dame, ça pouvait être une stratégie pour gagner en sympathie mais, à l'arrivée, nous étions convaincus que ces deux-là étaient venus pour écouter et noter pour pouvoir mieux répondre et décider. Les réponses ? Deux heures trente de «déchaînement révolutionnaire» de la part de journalistes pour à peine 30 secondes et deux minutes «arrachées» par la secrétaire d'Etat et le ministre. «Je suis émue par votre discours et triste pour notre sport», avouera Mériem Mizouni, qui a versé quelques larmes. «J'ai bien noté et j'ai bien l'intention d'agir en ces trois mois et demi que la révolution m'offre et de prendre des décisions, même s'il y a un équilibre à trouver entre le rien-faire et le tout-faire», dira M. Slim Chaker … et action, pas de démagogie, pas de fausses promesses. Mais une précision tout de même : il faut que ça change et nous ne nous cacherons pas derrière une fausse légalité et une fausse légitimité derrière lesquelles se cachent aujourd'hui clubs et fédérations. Le communiqué du 17 juin est de ce fait considéré mort-né. Essayons de traduire tout cela en termes plus clairs‑: • Aucun président de fédération, aucun bureau fédéral actuel ne bénéficient de légitimité. Ils doivent tous partir • Idem pour les présidents et les bureaux directeurs des clubs (hormis le CAB et le CA). • Le ministère accompagnera par sa présence et des mesures concrètes le passage à la démocratie sportive pour qu'il n'y ait pas manipulations ou abus. Par l'intermédiaire de l'inspection générale des sports qui a revu le jour depuis plus de trois mois (elle avait été mise en veilleuse plus de deux ans durant), le ministère a fermement l'intention de continuer à fouiller dans les dossiers glauques des malversations financières, n'hésitera pas à sévir et à en publier les résultats afin qu'on mette fin à l'impunité. Voilà en gros ce qui concerne le sport, ceci sachant que d'autres sujets ont été abordés et que nous y reviendrons. Volet jeunesse, les sujets tabous ont été abordés. L'embrigadement et la manipulation politique l'inégalité entre les régions, le dysfonctionnement des maisons des jeunes, l'infrastructure, les centres de promotion, etc. La semaine prochaine, le ministre et la secrétaire d'Etat iront à la rencontre et à l'écoute des régions. Certainement avec des journalistes. Et pas uniquement pour la propagande. Sport et jeunesse? Oui mais pas seulement. Promesse a été faite de réunir la prochaine fois le ministre de la Jeunesse et des Sports, celui de l'Education, de l'Enseignement supérieur et de la Culture. Les jeunes Tunisiens ont besoin d'un projet de vie, d'un réaménagement des horaires scolaires et universitaires pour exercer le sport et bénéficier d'un plein accès à la culture. Soit tout ce que l'ancien régime leur a refusé!