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«Je ne suis pas là pour flinguer mais pour prendre des décisions!»
Interview-vérité avec M. Slim Chaker (ministre de la Jeunesse et des Sports)
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 08 - 2011

Son arrivée à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports en a surpris plus d'un. Cet ingénieur statisticien, économiste de formation, pur produit de l'université tunisienne, passé du Lycée Sadiki à l'Ecole nationale supérieure de Tunis, a d'abord commencé par empocher une maîtrise en mathématiques.
«Avec un diplôme pareil, on est en possession des outils pédagogiques et même psychologiques concernant les adolescents. On est également familier avec le terrain et les problèmes réels de la société tunisienne puisque, tous les samedis, nous nous engouffrions dans la Tunisie profonde pour donner des cours».
Diplôme en poche, il passe le concours d'entrée aux grandes écoles parisiennes, y réussit et se retrouve à l'Ecole nationale des statistiques et de l'administration économique, fief des futurs grands fonctionnaires de l'administration française. Et major de la promotion étrangère, s'il vous plaît!
Retour au pays (certains ne le font pas) pour cinq années au ministère du Plan, la Banque tuniso-qatarie, le ministère de l'Industrie, puis celui du Commerce, avec le projet Famex-Banque mondiale qui lui vaudra des envieux et quelques audits qu'il prend comme une insulte et voit comme une injustice.
Puis, sa carrière stagne. Alors, quand on lui fait une offre en Jordanie pour y développer le secteur des services, il n'hésite pas un seul instant.
Il y restera jusqu'à ce qu'il reçoive un coup de fil du pays au lendemain du 14 janvier 2011. Il est nommé secrétaire d'Etat du Tourisme et restera à ce poste du 17 janvier au 14 juillet.
«Je n'étais pas seul maître à bord. J'ai tout de même entamé un boulot en profondeur (Le Kef, Kasserine, etc.) pour sortir un peu des sentiers battus et du tourisme côtier avec les gîtes ruraux en réglant au passage leurs problèmes administratifs et en autorisant une association des gens du métier», rappelle-t-il.
Des maths au tourisme, on peut à la limite comprendre puisque vous êtes également économiste et gestionnaire. Mais de là à vous retrouver à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports, on connaît quelques-uns qui y auraient réfléchi à deux fois pour accepter. Qu'est-ce qui vous a poussé à le faire?
Comment pouvais-je ne pas le faire? Une révolution de la jeunesse dans une année de la jeunesse, c'est tout de même énorme. Puis, reconstruire le sport sur des bases démocratiques parce qu'on est neutre, voilà une belle motivation.
Oui mais, comme les maths, c'est très technique, le sport, c'est tout de même une affaire de spécialistes. Désolé, vous ne l'êtes pas...
Et qui vous dit que je suis étranger à ce monde? Ecoles, minimes et cadets, j'ai été 5 ans durant au Club Africain. J'ai connu les terrains de Jbel Jloud, Jbel Lahmar et Mellassine. Je suis par la suite passé au tennis, en amateur bien sûr. A Paris, j'étais redevenu footballeur dans ma faculté.
Dans quel état avez-vous retrouvé notre sport?
A genoux. A reconstruire de fond en comble. Avec d'énormes capacités inexploitées. Individuellement, ce n'est pas mal du tout, mais dès qu'on est en masse, on devient quelconque, médiocre. Excusez le terme, mais le système était pourri.
De fait, vous vous étiez retrouvé dans une course contre la montre avec l'échéance du 23 octobre...
C'est pourquoi j'ai pris l'initiative d'une table ronde immédiate avec les spécialistes, avec les gens des médias spécialistes du domaine. Il fallait prendre des raccourcis. Je l'ai fait avec peut-être le risque d'être accusé de démagogie. Vous savez, je n'ai rien inventé, et je n'ai fait qu'appliquer certaines techniques de travail :
• Etre à l'écoute et ne pas fermer sa porte. En sa qualité de décideur, le ministre se doit d'aller chercher l'information à la source.
• Faire participer tout le monde et travailler en équipe.
• Aller sur le terrain car on risque de passer à côté en se contentant d'étudier les dossiers.
L'état des lieux a dû être terrible, y compris au ministère...
J'ai trouvé des gens fatigués, démotivés et qui ont vécu six mois durant un véritable enfer à cause de la situation dans le pays. Sit-in, menaces et autres qu'ils n'avaient pas l'habitude de gérer.
Il s'agit également de personnes écrasées, sans pouvoir réel avec des présidents de fédérations qui traitaient directement avec le ministre (il ne parle évidemment pas de son prédécesseur, M. Mohamed Aloulou) et le ministre avec des gens plus haut placés.
J'ai commencé donc par redonner de l'autorité aux directeurs généraux afin qu'ils puissent effectuer leur boulot.
Enfin, j'ai promené tout ce beau monde à Sidi Bouzid, à Gafsa, à Kasserine afin qu'ils quittent leurs bureaux, qu'ils soient plus près des réalités et les motiver, d'autant que plusieurs d'entre eux sont des ex-champions et qu'ils furent eux-mêmes victimes du système.
Et Meriem Mizouni dans tout cela?
Je ne l'avais jamais rencontrée auparavant. Notre premier contact a eu lieu le 4 juillet. Modestement, au bout de 25 ans d'expérience de travail, je sais à qui j'ai affaire et le courant est vite passé. Mon message a été clair : travail d'équipe et rupture avec l'ancien système qui voulait que le secrétaire d'Etat soit contre le ministre. Plus jamais ça! Nous sommes bien au contraire complémentaires.
Et quel discours avez-vous tenu à vos collaborateurs?
Mon chef de cabinet était auditeur auprès du ministère des Finances. Les quatre directeurs généraux sont Senoussi, un ex-grand champion de judo; Ferjaoui, une vie avec les jeunes de surcroît dans des régions «chaudes»; Mohamed Hosni, enseignant à l'ISSEP de Ksar Saïd et Adel Zramdini, un jeune qui venait d'être nommé. Le message? Travail d'équipe. Mission déterminée et rien à f… si je devais partir. On fera notre boulot. Le discours a été accepté. Il est vite passé.
Entrons dans le vif du sujet : on dit que les décisions prises ne sont pas suffisantes ou du moins pas à la hauteur des attentes… révolutionnaires.
Procédons dans l'ordre. Les clubs ont entamé un processus démocratique avec une date-butoir : le 15 septembre. Concernant les fédérations, si elles n'ont pas tenu d'ici le 30 septembre prochain une assemblée générale extraordinaire, elles seront considérées hors la loi le 1er octobre. Je prendrai alors mes responsabilités. Je ne suis pas dupe et je suis conscient et au courant de tout ce qui se trame dans les fédérations ainsi que les petits calculs de certains présidents qui entretiennent l'illusion de faire traîner les choses jusqu'au 23 octobre, pensant que les décisions du ministère seront caduques le 24 octobre. Que ceci soit clair: je n'attendrai pas le 15 décembre et on ne reculera devant rien pour prendre les décisions qui s'imposent. L'opinion publique et sportive n'est pas dupe non plus : elle connaît parfaitement les personnages et n'en veut plus. Elle veut de nouveaux visages. Une autre précision de taille : avec ce ministre ou un autre, avec ce gouvernement ou un autre, ils seront balayés car on les attend au tournant. Nos décisions sont prises. Elles sont irrévocables!
Où en sont les dossiers des malversations?
Nous sommes passés à l'action depuis mars dernier avec l'Inspection générale qui était «au frigo» depuis deux ans. Elle est composée de 8 personnes et pour boucler un rapport, il faut au minimum un mois et demi et trois personnes mobilisées dessus. Nous avons déjà avancé sur quelques dossiers, quelques fédérations comme celle des échecs par exemple. Le rapport va être incessamment transmis au procureur de la République. D'autres suivront. Concernant la fédération de football, la Cour des comptes a établi un rapport préliminaire, l'a envoyé à cette institution pour un droit de réponse. Qui n'a pas daigné y répondre malgré les délais de rigueur. D'où un second courrier avec un rapport définitif. La FTF a enfin envoyé un droit de réponse que la Cour des comptes est en train d'examiner.
Par ailleurs, une mission d'audit est en cours à la fédération de handball sur demande de l'actuel président. Normalement, ce sont 40 fédérations qui auraient dû et devraient être soumises à cette démarche mais nous sommes bloqués par la modestie des ressources humaines à notre disposition. Mais c'est notre objectif, et nous sommes à la recherche de solutions alternatives avec le ministère des Finances qui a promis de nous aider ainsi que le contrôle général des finances. Nous opterons pour les priorités et je peux vous assurer que personne ne passera par les mailles du filet. C'est juste une équation priorité-temps.
Le contrôle financier, c'est bon. Mais qu'en est-il de celui sportif? Beaucoup d'argent a été mis dans le sport avec si peu de résultats à l'arrivée. Ou si, quelques trophées arabes ou autres sans réelle importance que les présidents de fédérations offrent au ministre et le ministre à ses patrons pour que tout le monde se maintienne en place et pour que soit maintenu le système. Allez-vous tenir compte de cela ?
Il y a également des équipes d'audit et de contrôle pour le côté sportif.
Après discussion avec Meriem Mizouni, j'ai présenté au Président de la République une feuille de route comprenant sport, jeunesse et administration. Le constat, c'est le résultat. Je suis neutre. Je ne suis pas là pour «flinguer», mais pour prendre des décisions.
Et le Cnot ?
Le premier chantier, ce sont les clubs. Ensuite, les fédérations qui s'exprimeront sur le Cnot. Ma priorité, c'est en tout cas la base (clubs et fédés), là où se fait le travail.
A l'ombre de manœuvres et des petits calculs de la plupart des présidents de fédérations, à l'ombre de ce vide, il y a les Jeux olympiques qui arrivent à grands pas. Qui s'occupe de nos athlètes ?
C'est Abdelmajid Senoussi et la direction générale des sports qui s'en occupent et qui gèrent ce volet.C'est la priorité. Les fédérations n'ont rien à voir là-dedans. Nous nous occupons également de ceux qui ne sont pas encore qualifiés, nous aidons à résoudre quelques cas, comme celui de Wajdi Bouallègue qui est actuellement à l'étranger et qui s'entraîne à nouveau avec son père. Avec l'élite, il y a désormais de nouvelles règles de jeu : droits et devoirs. Plus de caprices, plus de relations à sens unique.
La nouvelle saison arrive et les clubs croulent sous le poids de dettes colossales et n'ont pratiquement plus aucune source de revenus…
Il est tout d'abord clair que le huis clos n'est plus possible. Les casseurs doivent comprendre que ce sont, en fait, leurs clubs qu'ils cassent.
Par ailleurs, la courte expérience a prouvé que les stadiers, ça ne marche pas du tout. Peut-être, qu'il y aura un système intermédiaire avec une sorte de carte d'identité des adhérents. J'envisage également une série de réunions avec les sponsors potentiels qui souffrent, à leur tour, en ce moment, mais qui ne tarderont pas à relever la tête.
Enfin, l'Etat a, d'ores et déjà, distribué avant terme la tranche du mois de juillet.
Mais, à vrai dire, c'est tout le système qui doit être revu. Jusqu'à quand n'y en aura-t-il que pour les grands aux dépens des petits ? Nous avons demandé aux fédérations des projets de budget précis et nous avons tout un projet pour les clubs avec un budget seniors-juniors pour 3 ans, les jeunes et le sport féminin. On va très prochainement entamer un débat d'experts sur les statuts de ces clubs: sociétés commerciales, patrimoines propres et autres activités.
Il n'y a pas que le sport. Je sais que vous êtes particulièrement sensible au volet jeunesse, et que vous avez eu des visites très chaudes à Kasserine, à Sidi Bouzid et ailleurs…
C'est simple : les jeunes veulent du travail. A la limite, les 200D du système Amal ne les intéressent pas. Ils m'ont clairement dit qu'ils pouvaient patienter à condition qu'on leur dise avec précision quand on va les employer. Entre instituteurs de sport et animateurs de Bir El Bey, nous avons 6.900 demandes d'emploi. Les emplois sont là : collèges, lycées, écoles primaires, fédérations, clubs privés, hôtels. Le problème, c'est le budget. Nous avons sollicité le ministre des Finances et le directeur général de la fonction publique sachant que l'offre et la demande existent. Ils sont ouverts et compréhensifs. On n'a pas le choix : il y a beaucoup d'argent à mettre sur la table. Sinon, nous aurions droit à des désespérés, à des casseurs. Vous savez, le sport est peut-être l'unique activité qui hisse le drapeau d'un pays en direct à la télé avec des centaines de milliers de téléspectateurs. Le sport, c'est construire ou reconstruire l'image d'un pays. Le sport et la jeunesse, c'est la gouvernance du pays, c'est l'histoire et la civilisation, c'est la culture, c'est le tourisme, c'est l'exportation des cadres et c'est des icônes qui sont autant d'exemples pour les jeunes.
Ainsi, pour le budget 2012, nos demandes sont claires et précises au niveau de chaque délégation avec des terrains de sport dotés d'éclairage, des maisons des jeunes avec des terrains omnisports, avec éclairage. Nos jeunes ont besoin d'un projet et de moyens.


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